Contrairement à 2012, l’aide publique au développement a été maintenue. Les bailleurs invoquent l’ampleur de la crise humanitaire et l’engagement militaire au Sahel.
Lors du précédent coup d’Etat au Mali, en 2012, les principales chancelleries présentes à Bamako, France en tête, n’avaient pas attendu plus de vingt-quatre heures pour annoncer le gel de leur coopération au développement. Cette fois, alors que le président Ibrahim Boubacar Keïta (« IBK ») a été déposé il y a plus de deux semaines, le 18 août, la prudence est de mise.
Les Etats-Unis et l’Union européenne − les deux plus importants bailleurs bilatéraux − ont seulement indiqué qu’ils suspendaient les formations militaires dispensées dans le cadre des programmes de maintien de la paix et de lutte contre le terrorisme. Pour les autres volets de l’assistance, « nous continuons à évaluer la situation et ses impacts potentiels sur certaines de nos interventions », se contente de commenter un représentant du département d’Etat américain. Côté européen aussi, aucune décision n’est prise mais on espère que les pressions exercées par les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour que la transition soit confiée à des civils portent leurs fruits.
Des besoins d’assistance humanitaire
« Dans le contexte d’extrême fragilité du Mali, la suspension de l’aide ne nous semble pas appropriée. La population serait la première à en souffrir », admet un diplomate en poste à Bamako. Les ONG internationales ont interpellé la Cédéao pour lui demander de « soustraire du champ des sanctions les financements des projets et initiatives humanitaires afin d’assurer la continuité des services sociaux de base attendus par les populations ».
Elles demandent que l’acheminement de l’aide ne soit pas affecté par les restrictions imposées depuis le 22 août sur la circulation des biens, des hommes et des capitaux. Près de sept millions de Maliens, soit un sur trois, ont besoin d’assistance humanitaire, selon le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). Ce chiffre a été multiplié par deux depuis 2012, avec la progression de la violence terroriste, les déplacements de population et la répétition d’épisodes climatiques extrêmes.
Par Laurence Caramel
Monde Afrique