La rencontre rassemblera autour d’une table la société civile et une classe politique divisée pour chercher une réponse à la guerre imposée au pays et à ses dirigeants par les groupes armés rebelles.
Prévu du 14 au 22 décembre, le « dialogue national inclusif » doit permettre à la classe politique malienne de resserrer ses liens afin de dégager une démarche commune allant de pair avec la réponse militaire pour contrer la crise qui sévit dans le pays sur les plans sécuritaire, humanitaire, étatique, économique, voire climatique.
Selon certains analystes, ce dialogue va s’ouvrir dans un climat de pessimisme en raison de l’évolution de la situation au Mali et au Sahel. A cela s’ajoute le fait que les principaux opposants du président malien ont déjà annoncé qu’ils n’y participeront pas. C’est le cas de Soumaïlé Cissé, arrivé deuxième à la présidentielle de 2018, qui a décliné l’invitation, ainsi que les anciens Premiers ministres Modibo Sidibe et Cheick Modibo Diarra, anciens candidats à la présidentielle.
Pour Soumaïlé Cissé, le dialogue annoncé n’est autre qu’« une manoeuvre d’IBK (le surnom d’Ibrahim Boubacar Keïta) pour garder les rênes du pays alors qu’il n’y arrive plus ». Cependant, dans une adresse à la nation, le président de la République a déclaré: « Ce grand moment (…) n’appartient pas à Ibrahim Boubacar Keïta, lequel passera, mais au peuple du Mali et à son avenir », promettant que le rendez-vous sera fécond et refondateur. « Toutes les préoccupations peuvent et doivent y être exprimées sans tabou, toutes les forces, toutes nos forces, sont convoquées et invitées », a-t-il ajouté.
Du côté des groupes armés signataires de l’accord de paix d’Alger en 2015, leurs responsables laissent planer le doute quant à la participation au dialogue. Dans un communiqué conjoint début décembre, les deux principaux rassemblements de groupes armés, la Plate-forme et la Coordination des mouvements de l’Azawad, indiquaient déjà « ne pas émettre d’objections » à participer à la rencontre, à condition que l’accord ne soit pas rediscuté.
A travers le territoire malien, le discours du président sur la réussite certaine du dialogue semble n’avoir pas convaincu. « Même si toute la classe politique avait participé, il y a cette idée que ce dialogue inclusif est une conférence nationale d’entente bis », pense Brema Ely Dicko, professeur de sociologie à Bamako.
Organisée en 2017, en amont des élections de 2018, cette conférence nationale d’entente avait rassemblé l’opposition et la majorité présidentielle. A l’issue des travaux, il avait été recommandé de dialoguer avec les chefs djihadistes Amadou Koufa et Iyad Ag Ghali, mais cette option a été rejetée par Bamako et son allié français.
APA