Le Mali veut visiblement effacer toute trace de présence française sur son territoire. En tout cas, c’est le constat patent qui se profile à l’horizon.
Le sentiment anti-français gagne du terrain dans la sous-région ouest africaine, plus précisément au Mali. Depuis le coup d’Etat d’août 2020, les relations bilatérales entre Paris et Bamako sont entrées dans une phase de déconfiture sans précédent.
L’expulsion de la force Barkhane et de l’ambassadeur Joël Meyer n’a pas suffi au gouvernement d’Assimi Goïta pour faire comprendre à la Métropole que la donne a changé et qu’il n’acceptera plus les diktats d’une quelconque puissance. Il a fallu qu’il la traduise devant le tribunal du conseil de sécurité de l’ONU, l’accusant de violer son espace aérien et de livrer des armes aux groupes djihadistes.
Le discours du Colonel Abdoulaye Maiga, Premier ministre malien, à la 77eme session de l’Assemblée générale de l’ONU est révélateur de l’état de dégradation avancée des relations entre les deux pays.
Mais comme si cela ne suffisait pas, le Mali va plus loin et décide de détrôner la langue française jusque-là considérée comme la seule langue officielle du pays. En effet depuis la publication, début octobre, de l’avant-projet de la nouvelle Constitution, l’article 31 qui évoque les langues nationales et officielles suscite un débat dans tout le pays. Il n’écarte pas l’hypothèse de faire du Bamanankan (le Bambara) comme langue officielle.
Pour le professeur Abou Diarra, linguiste, l’utilisation de la langue Bamanankan comme langue officielle à côté du français, ne poserait toutefois aucun problème: « Parce que ça ne permet pas d’avancer dans la promotion de nos langues nationales. Je crois qu’à côté du français, nous devons affirmer clairement que les langues nationales sont des langues officielles et que leur opérationnalisation se fera de façon progressive. S’agissant du bamanakan qui est la grande langue de communication au Mali, elle est parlée par 70 à 80% de la population. Tous ceux qui parlent le bamanakan ne sont pas forcément des bambaras natifs, c’est-à-dire que le bamanakan n’est pas leur langue maternelle. Mais c’est à cause de la dynamique et de la vehicularité du bamanakan que beaucoup de personnes parlent cette langue. Je voudrais ajouter que dans aucun pays au monde, la langue officielle n’est parlée par 100% de la population », a indiqué l’universitaire au micro de nos confrères de Deutsch Welle.
L’expert Denis Amadine Douyon partage également cet avis. Lui estime que le Mali est le pays moins francophone de l’Afrique de l’ouest. Selon lui, « au Mali, les gens sont très orgueilleux et tellement fiers de parler le bambara. Mais c’est aussi considéré comme une honte de faire des fautes, alors ils préfèrent ne pas parler le français ».
Notons que depuis le coup d’Etat de 2020, le Mali a été suspendu de l’Organisation Internationale de la Francophonie. En raison des relations bilatérales très dégradées entre le Mali et la France actuellement, bon nombre de Maliens trouvent anormal de continuer à considérer le français comme leur langue officielle.
En mars 2023, un referendum sera organisé pour valider ou pas l’avant-projet de la nouvelle Constitution.
Source: icilome