– Devant le Conseil de sécurité, El-Ghassim Wane, a déploré les capacités limitées de la mission des Nations Unies au Mali, tandis que les situations sécuritaire et humanitaire dans ce pays ne cessent de se dégrader.
Le Représentant spécial du secrétaire général de l’Onu pour le Mali, El-Ghassim Wane, a révélé mercredi, 12 avril, que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) est confrontée à des difficultés pour mener à bien son mandat.
Venu présenter le dernier rapport en date du secrétaire général de l’Onu sur la situation au Mali, El-Ghassim Wane, également chef de la Minusma, a déploré devant le Conseil de sécurité « la poursuite des violences perpétrées par des groupes terroristes dans certaines régions du Mali ». Ces violences ont « des conséquences dévastatrices pour les civils », a-t-il insisté.
Selon El-Ghassim Wane, les tensions dans les régions de Gao et Ménaka (nord), entre le gouvernement et les groupes armés signataires de l’accord d’Alger, sont des problèmes à régler en priorité au Mali.
Le responsable onusien a souligné que les capacités de la Minusma sont « limitées », ajoutant que les Casques bleus assurent leur mission en fonction des moyens mis à leur disposition, tandis que la situation est « catastrophique », notamment pour les personnes déplacées, qui sont au nombre de 30 000 à Ménaka depuis le début 2022.
« Dans cet environnement de plus en plus complexe, la Minusma (…) continue de faire tout son possible pour protéger les civils, à travers une combinaison de patrouilles de jour et de nuit en coordination avec les forces de défense et de sécurité maliennes jusqu’à 15 kilomètres au-delà de la ville de Ménaka », a soutenu El-Ghassim Wane, qui ajoute que « La Mission poursuit ses activités de promotion de la réconciliation et de la cohésion sociale afin de désamorcer les tensions intercommunautaires ».
Des combats continuent régulièrement de faire rage à Gao et à Ménaka, où s’affrontent notamment le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) et Daech dans le Grand Sahara (ISGS). Ces violences provoquent des déplacements de populations.
El-Ghassim Wane a indiqué, en outre que l’efficacité de la Minusma dépend aussi du « niveau de coopération des autorités maliennes ». Il a en ce sens, exhorté le gouvernement de Bamako à « faciliter le travail des Nations Unies en matière d’accès, et d’enquêtes sur les droits de l’homme » notamment.
« Il est important que les autorités maliennes mettent tout en œuvre pour que les opérations militaires contre les groupes extrémistes soient menées dans le plein respect du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, que les violations et les abus fassent l’objet d’enquêtes transparentes et rapides, et que leurs auteurs soient traduits en justice », a affirmé le chef de la Minusma.
Le Mali a, de son côté, imputé les violations aux groupes armés terroristes. Opposée comme Pékin à toute « instrumentalisation » des droits humains « à des fins politiques ou de déstabilisation », la délégation malienne a rejeté les accusations de la France dans le massacre de Moura, perpétré l’an dernier. Elle a rétorqué que la Commission d’enquête internationale pour le Mali avait imputé aux forces armées françaises des exactions, notamment à Bounty, où un mariage se serait transformé « en tragédie nationale », ce qu’a contesté la France.
La Fédération de Russie a précisé, pour sa part, que l’aide militaire bilatérale qu’elle fournit à Bamako répond à une demande des autorités maliennes, qui veulent renforcer leurs capacités en matière de lutte antiterroriste.
D’après la Minusma, le nombre de personnes tuées a doublé entre 2021 et 2022 : il est passé de 584 à 1 277. L’année dernière, plus de 2 000 personnes ont été victimes d’actes de violence, dont 370 ont été enlevées ou portées disparues.
AA / Tunis / Majdi Ismail