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Mali : la France, ses alliés européens et le Canada annoncent un « retrait coordonné »

L’Élysée a officialisé ce jeudi matin la nouvelle que tout le monde pressentait en confirmant un retrait militaire de la France et de ses partenaires du Mali

Poussés dehors par les «obstructions» de la junte au pouvoir à Bamako, la France et ses partenaires européens ont officialisé jeudi leur retrait militaire du Mali au terme de neuf ans de lutte antijihadiste menée par Paris.

«En raison des multiples obstructions des autorités de transition maliennes, le Canada et les états Européens opérant aux côtés de l’opération (française) Barkhane et au sein de la Task Force Takuba estiment que les conditions ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel dans la lutte contre le terrorisme au Mali et ont donc décidé d’entamer le retrait coordonné du territoire malien de leurs moyens militaires respectifs dédiés à ces opérations», soulignent-ils dans une déclaration conjointe.

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Même si la France a confirmé un “retrait coordonné” au Mali, elle entend surtout poursuivre la lutte contre les djihadistes. Un nouveau cadre est à l’étude avec des dispositifs plus discrets

Depuis 2013

Paris et ses partenaires souhaitent toutefois «rester engagés dans la région» sahélienne et «étendre leur soutien aux pays voisins du Golfe de Guinée et d’Afrique de l’Ouest» pour contenir la menace jihadiste. Les «paramètres» de cette réorganisation seront arrêtés «d’ici juin 2022». Emmanuel Macron doit tenir à l’Elysée une conférence de presse, notamment aux côtés du président du conseil européen Charles Michel, pour annoncer les décisions actées mercredi soir lors d’un sommet réunissant plusieurs dirigeants européens et africains.

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La France est militairement présente depuis 2013 au Mali, proie des groupes jihadistes qui sévissent aussi dans d’autres Etats sahéliens. Paris est intervenu pour enrayer la progression des groupes islamistes radicaux menaçant Bamako et a ensuite mis sur pied une vaste opération régionale, Barkhane, déployant des milliers de soldats pour lutter contre les franchises locales d’Al-Qaïda et du groupe Etat islamique. Mais malgré des victoires tactiques, le terrain n’a jamais été véritablement repris par l’Etat malien et ses forces armées.

Facteur aggravant, le gouvernement malien a été renversé lors d’un double coup d’Etat en 2020 et en 2021, aboutissant à l’arrivée au pouvoir d’une junte qui refuse d’organiser des élections avant plusieurs années et qui surfe sur un sentiment antifrançais croissant dans la région. Mises au ban par les Etats ouest-africains, les autorités maliennes fustigent la présence militaire occidentale sur leur sol et font désormais appel, selon les Européens, aux mercenaires russes de la société Wagner.

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«Vide» sécuritaire

Quelque 25.000 hommes sont actuellement déployés au Sahel, dont environ 4.300 Français (2.400 au Mali dans le cadre de Barkhane), selon l’Elysée. Le pays accueille aussi 15.000 soldats de l’ONU au sein de la Minusma, dont l’avenir est désormais en suspens puisqu’elle comptait sur un large soutien de Barkhane. Le Mali était au coeur du dispositif antiterroriste français et européen au Sahel. Emmanuel Macron avait déjà décidé d’amorcer à l’été 2021 une réduction des effectifs français au profit d’un dispositif régional moins visible, mais ce départ contraint du pays va forcer Paris à accélérer cette réorganisation dans d’autres pays de la région menacés par la contagion jihadiste, notamment dans le golfe de Guinée.

«Nous considérons que la lutte contre le terrorisme est quelque chose d’essentiel pour le Mali, pour le Burkina, pour le Niger et pour les pays côtiers», a assuré le président ivoirien Alassane Ouattara mercredi sur RFI et France 24. «Le départ de Barkhane et de Takuba (groupement de forces spéciales européennes, NDLR) crée un vide. Nous serons obligés d’acheter des armes, d’avoir une plus grande professionnalisation mais c’est notre devoir aussi. Les armées nationales doivent régler les problèmes sur nos territoires nationaux et c’est cela notre philosophie», a-t-il estimé. Selon une source proche de l’Elysée, la France a promis de coordonner son retrait avec la mission de l’ONU au Mali et la Mission de formation de l’Union européenne au Mali (EUTM), qui continueront de bénéficier d’un soutien aérien et médical français sur place, avant le transfert ultérieur de ces moyens.

Hors du Mali, Paris compte poursuivre la lutte antijihadiste dans la région, où les mouvements affiliés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique ont conservé un fort pouvoir de nuisance malgré l’élimination de nombreux chefs. Outre un possible renforcement de sa présence au Niger voisin, qui héberge déjà une base aérienne française et 800 militaires, Paris ambitionne de proposer ses services à d’autres pays d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Sénégal, Bénin…) pour les aider à contrer la propagation du jihadisme vers le golfe de Guinée. Depuis 2013, 53 soldats français ont été tués au Sahel, dont 48 au Mali.

Source: sudouest

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