Le pouvoir malien avait intimé au Danemark de rapatrier des troupes tout juste arrivées pour participer à la force Takuba, lancée en 2020 à l’initiative de la France.
Les tensions entre les militaires au pouvoir au Mali et la France sont montées d’un cran supplémentaire, jeudi 27 janvier. “Cette junte est illégitime et prend des mesures irresponsables”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, lors d’une conférence de presse. Il réagissait à l’annonce du rapatriement, à la demande de Bamako, d’une centaine de soldats danois qui devaient participer à la force Takuba.
Créé en 2020 à l’initiative de la France, Takuba est un regroupement de près 800 soldats d’élite français et européens (essentiellement tchèques et estoniens), déployés sous l’égide de l’opération antiterroriste Barkhane et basé au Mali, près des frontières avec le Niger et le Burkina Faso. Cette force a été créée dans le cadre du désengagement progressif de l’armée française au Mali.
Un retrait demandé “avec insistance” par le Mali
L’arrivée d’une centaine de soldats danois, venus remplacer un contingent suédois, avait été annoncée le 18 janvier et était prévue depuis le printemps 2021. Mais lundi, le Mali avait demandé une première fois leur retrait, affirmant que leur déploiement était “intervenu sans son consentement”. Le Danemark avait répondu avoir reçu une “invitation claire” du régime malien, mais la junte a réitéré sa demande “avec insistance” dans la nuit de mercredi à jeudi.
“Nous invitons [le Danemark] à faire attention à certains partenaires qui ont du mal malheureusement à se départir des réflexes coloniaux”, avait commenté un porte-parole du gouvernement malien, le colonel Abdoulaye Maïga, dans un tacle à peine voilé à la France.
“Les généraux au pouvoir ont envoyé un message clair où ils ont réaffirmé que le Danemark n’était pas le bienvenu au Mali. Nous ne l’acceptons pas et pour cette raison, nous avons décidé de rapatrier nos soldats”, a annoncé le ministre des Affaires étrangères danois, Jeppe Kofod, jeudi. Ce retrait prendra plusieurs semaines, a prévenu l’armée danoise.
Les généraux putschistes – dans un jeu politique sale – ont retiré cette invitation (…) parce qu’ils ne veulent pas d’un plan rapide de retour à la démocratie.
Jeppe Kofod, ministre des Affaires étrangères du Danemark
après une réunion au Parlement danois
Un porte-parole malien invite une ministre française “au silence”
Les militaires ont pris le pouvoir au Mali à la faveur d’un putsch en août 2020, et l’ont consolidé après un second coup d’Etat en mai 2021. Ils sont revenus sur leur engagement initial d’organiser en février 2022 des élections pour rendre le pouvoir aux civils.
Depuis, les relations entre Bamako et Paris se sont nettement dégradées, notamment au sujet du déploiement de mercenaires du groupe russe Wagner, que le Mali continue de démentir.
La ministre des Armées Florence Parly avait déjà accusé les militaires de multiplier “les provocations”. En guise de réponse, le porte-parole du gouvernement malien lui avait demandé, dans une formule imagée, de se taire : “Nous l’invitons également, c’est un conseil, à faire sienne cette phrase d’Alfred de Vigny sur la grandeur du silence”.
Source: francetvinfo