Le Président de la transition, Colonel Assimi GOÏTA, chef de l’Etat, a pris un décret, le 6 juin 2022, qui fixe la durée de la transition à 24 mois, pour compter du 26 mars 2022. « La durée de la transition est fixée à 24 mois, pour compter du 26 mars 2022 conformément à l’article 22 de la Loi N°2022-001 du 25 février 2022 portant révision de la charte de la transition. Le Présent décret sera enregistré et publié au journal officiel », révèle le décret N°2022-0335/PT-RM du 06 juin 2022 fixant la durée de la transition. Ce décret est pris au moment où le Mali est frappé par les sanctions de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) depuis le 9 janvier 2022 pour n’avoir pas organisé les élections à temps. De 5 ans, le Mali est revenu à 24 mois pour la tenue des élections, tandis que la CEDEAO reste campée sur 16 mois.
A travers ce décret présidentiel qui fixe la durée de la transition à 24 mois, plus de discussion autour du délai. C’est acté. Cependant, les jours à venir édifieront davantage l’opinion publique. Il faut reconnaître que le Mali est dans une période de transition depuis le 18 août 2020 date à laquelle le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), paix à son âme, a rendu « de force » sa démission tout dissolvant l’Assemblée nationale. Une charte de la transition est adoptée par des Maliens en septembre 2020. Cette charte fixait la durée de la transition à 18 mois. Ainsi, une première transition sera dirigée par le Président Bah N’DAW du 25 septembre 2020 au 24 mai 2021. Une seconde transition qualifiée de « rectification » a démarré le 7 juin 2021. Ladite transition en cours est dirigée par le Colonel Assimi GOÏTA. Les autorités n’ont pas pu organiser les élections en février 2022. Car, les Assises nationales de la refondation (ANR) tenues en décembre 2021 sollicitaient une prolongation de la durée de la transition. « Sur un total de 20 régions administratives du Mali, 13 régions (soit 65%) se sont prononcées spontanément pour la prolongation de la transition, avec des durées variables d’une région à l’autre et une moyenne des durées prononcées de 32 mois. L’argumentation des requérants et le bien fondé des justifications sous-tendant ces propositions de durée sont entre autres, de : prolonger le mandat de la transition et tenir ses autorités redevables de la réalisation des résolutions indispensables à la refondation de l’Etat ; prendre des dispositions sécuritaires, suffisantes sur toutes l’étendue du territoire malien et prolonger la durée de la transition jusqu’à l’atteinte d’une stabilité effective du pays ; conduire les reformes du système électoral et la mise en place d’un organe unique de gestion des élections ; conduire les élections et d’en assurer les conditions nécessaires de transparence, de crédibilité et d’acceptation des résultats pour tous ; prolonger la durée de la transition jusqu’en fin 2023 ou de prendre le temps qu’il faut pour assurer la sécurité avant d’aller aux élections », révèle la résolution des ANR. La même résolution demande au gouvernement de prendre le temps qu’il faut pour assurer la sécurité sur l’ensemble du territoire national avant d’aller aux élections. «La durée de la transition sera de 5 ans au plus pour compter du 1er janvier 2022, afin de réunir les meilleures conditions d’élections libres, transparentes, crédibles et acceptés par tous », précise la résolution des ANR. C’est cette résolution qui a été adressée par les autorités maliennes à la CEDEAO qui l’a trouvée « irréaliste ». A cet effet, elle a sanctionné le Mali le 9 janvier 2022 tout en lui demandant de proposer un chronogramme « réaliste » pour la tenue des élections. De 5 ans, le Mali est revenu à 24 mois pour la tenue des élections, tandis que la CEDEAO reste campée sur 16 mois. Lors de son sommet extraordinaire du 4 juin dernier, la CEDEAO a informé l’opinion publique qu’elle prendrait une décision sur le Mali le 3 juillet 2022. Entre temps, le Mali semblé acter les 24 mois pour la durée de la transition.
A signaler que depuis le 9 janvier 2022, le Mali est frappé par les sanctions de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest africaine) et de la CEDEAO. Ces sanctions économiques et financières sont entre autres : fermeture des frontières entre les pays de la CEDEAO et le Mali ; suspension de toutes les transactions commerciales entre les pays de la CEDEAO et le Mali ; gel des avoirs de la République du Mali dans les Banques Centrales et Commerciales de la CEDEAO etc.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain