Dans le cadre du financement additionnel du Projet de reconstruction et de relance économique (PRRE), le Mali peut compter sur la Banque mondiale. C’est ce qu’a laissé entendre sa représentante Soukeyna Kane.
Selon elle, le PRRE vise à appuyer le Gouvernement du Mali dans ses efforts de sortie de la profonde crise politique et sécuritaire que le pays a connue en 2012. Je voudrais rappeler que le projet initial, d’un montant de cent millions de dollars américains, a pour objectif de réhabiliter des infrastructures de base et restaurer des activités productives des communautés touchées par la crise.
A date, souligne-t-elle, la mise en œuvre du PRRE aura permis la reprise de la fourniture de services sociaux de base de même que d’activités productives dans toutes ses zones cibles. Cela a contribué au retour de nombreuses populations dans leurs zones d’origine qu’elles avaient dû abandonner du fait de la crise.
“Malgré les défis rencontrés dans sa mise en œuvre, notamment un retard de près de 12 mois dans son démarrage et depuis, une situation sécuritaire particulièrement difficile dans plusieurs zones d’intervention, il demeure que le projet a pratiquement atteint, à date, sa cible de 1.4 million de bénéficiaires affectés par la crise dans les régions du Centre, du Nord et les déplacés internes dans le Sud”, indique-t-elle.
C’est ainsi, par exemple, que les infrastructures locales ciblées par le projet ont été réhabilitées et équipées à concurrence de 98% pour les salles de classe, et 73% pour les systèmes d’approvisionnement en eau. Par ailleurs, 93% des micro-projets productifs prévus ont été financés dont 38% au profit d’organisations féminines. Une aide d’urgence a été apportée à environ 50.000 personnes vulnérables contre un objectif initial de 52.000.
En matière de participation communautaire et de gouvernance locale, poursuit-elle, le projet a permis d’initier et maintenir une bonne dynamique de mobilisation sociale autour: de la détermination des priorités d’intervention du projet au niveau communautaire et du suivi participatif des activités tant de réalisation des investissements que d’exploitation des actifs mis en place. C’est ainsi que 290.000 personnes au moins ont pu participer à diverses consultations locales contre un objectif initial de 322.000 ce qui a permis de renforcer tant l’appropriation du projet par les bénéficiaires que la cohésion sociale au niveau de plusieurs communautés pour une sortie de crise rapide.
“Pour obtenir ces résultats certes satisfaisants, mais en deca des besoins et dans un contexte de mise en œuvre difficile, nos équipes respectives ont dû conjointement initier et mettre au point des stratégies alternatives ayant permis d’améliorer progressivement l’efficacité de mise en œuvre et de supervision des activités sur le terrain”, informe-t-elle.
Pour Soukeyna Jane, lorsque les interventions sécuritaires sont justifiées, il est tout aussi crucial que des services sociaux et un appui économique soient fournis, afin que les forces de sécurité ne soient pas la seule interface entre l’Etat et la population. En effet, les approches de sécurité et de développement doivent être compatibles et se soutenir mutuellement.
“C’est dans ce contexte que la Banque mondiale a consenti, le 30 octobre 2018, un financement additionnel de 30 millions de dollars américains au projet. D’abord, pour consolider les résultats concrets déjà obtenus dans sa mise en œuvre. Ensuite, pour augmenter le potentiel de l’approche d’intervention du projet à produire des résultats rapides et tangibles, particulièrement dans des zones sujettes à une insécurité récurrente”, note la représentante de la Banque mondiale.
En effet, cela devrait permettre de maintenir le PRRE, pendant 24 mois supplémentaires, en appui à la mise en œuvre du Cadre pour la relance économique et le développement durable (CREDD) et de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, et s’inscrit dans le cadre de l’Alliance Sahel qui est une initiative visant à accélérer la mise œuvre des opérations de développement dans les zones fragiles du Sahel pour des impacts rapides sur les populations.
La première zone économique ciblée dans ce contexte est celle de Konna, au centre du Mali, avec la réhabilitation du port de pêche de la localité comme point d’ancrage de cette approche multisectorielle et multi-bailleur. Depuis, l’approche du PRRE ne cesse d’enregistrer l’adhésion d’autres partenaires au développement du Mali. C’est ainsi que la réhabilitation de la zone économique de Konna se révèle être aujourd’hui un des projets phares de l’Alliance Sahel, enregistrant l’intérêt et l’engagement d’autres partenaires comme la France, l’Allemagne, la BAD, et la MINUSMA dans une synergie d’actions touchant l’électrification, l’alimentation en eau potable, le désenclavement et la création d’opportunités économiques de la zone.
“Je voudrais saisir l’occasion pour saluer la mise en place récente, par le gouvernement, du dispositif de protection de la zone économique de Konna dans le cadre de la mise en œuvre du Plan de sécurisation intégrée des régions du centre (PSIRC). Nous encourageons le gouvernement à poursuivre cet effort par la sécurisation d’autres zones du projet pour une meilleure efficacité d’intervention”, dit-elle.
Soukeyna Kane a par ailleurs salué le courage et l’engagement des différentes agences intervenant sur le terrain, notamment la Cellule de Coordination du Projet et les différents maîtres d’ouvrage délégués de même que tous les prestataires directement engagés par ces derniers dans la mise en œuvre du projet.
“Enfin, la Banque mondiale est reconnaissante des efforts des différentes autorités administratives et locales de même que des notabilités et autres leaders d’opinion au niveau régional, cercle et communal pour leur engagement et leur appui constant aux équipes de mise en œuvre du projet. C’est à ce prix qu’ensemble nous contribuerons à l’atteinte des objectifs de sortie de crise pour la paix et la réconciliation nationale”, conclut-elle.
Lejecom