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Mali : instaurer des journées de travaux d’intérêt public

L’esprit de civisme s’imprime, s’inculque. Il est difficile d’apprendre les « bonnes manières » quand on ne les voit pas au quotidien. Il est difficile d’éduquer quand on ne donne pas l’exemple.

 

Rendre propre sa cité, travailler et agir ensemble dans l’intérêt de la collectivité, créer ou renforcer l’esprit d’entente et de collaboration entre les citoyens d’un même pays, faire vivre la collectivité à travers un effort financier collectif de ses habitants : voilà entre autres bénéfices qu’on pourrait tirer en imprimant un élan civique dans le pays à travers l’instauration de journées de citoyenneté.

Le Malien lambda, attendant la providence, semble s’être décidé à tout laisser entre les mains de son gouvernement ou de ses autorités locales. Il oublie d’agir lui-même pour son bien-être. Cela dit, c’est aussi parce que ceux qui ont eu la chance de diriger ce pays n’ont pas assumé pleinement leur rôle de leadership. Ils n’ont pas su créer chez le Malien le désir ardent d’agir pour son pays, de défendre sa collectivité, de travailler à améliorer son cadre de vie.

Investissement des autorités

Autrefois, dans nos communes et quartiers, des jeunes, réunis au sein des associations, menaient des actions de salubrité dans les rues et lieux publics en vue de réduire le niveau d’insalubrité. Volontairement soutenus au tout début (soutien physique, moral, matériel ou financier) par des habitants des zones concernées eux-mêmes, la majorité de ces organisations citoyennes ont fini par disparaître. Mamoutou Sangaré, jadis président d’une association de jeunes à Kalaban-coro, dans les années 2005-2006 : « Quand on informait nos parents, les personnes âgées de la cité, ils étaient nombreux à faire des gestes pour nous encourager au début. Mais finalement, et ceux qui nous soutenaient, et la mairie et nous-mêmes jeunes qui menaient des actions de salubrité, avons tous fini par perdre la dynamique et notre association a cessé d’exister du coup. »

De nos jours, des jeunes engagés ont toujours le mérite de se lancer dans des actions de salubrité au sein de leurs quartiers ou ailleurs, particulièrement en période hivernale, où ils procèdent à des actions de curage de caniveaux, de drainage des eaux stagnantes des rues ou de désherbage.

Ce qui a manqué, c’est bien l’investissement des autorités étatiques. Elles n’ont pas su valoriser ces activités citoyennes ou en tirer les leçons en vue d’imprimer une dynamique nationale. Voilà qu’aujourd’hui peu de Maliens participent à la vie de sa communauté ou à l’effort collectif pour améliorer son cadre de vie.

L’exemple rwandais

Le monde entier prend exemple sur le Rwanda de nos jours, avec leur pratique citoyenne originale de l’Umuganda, terme local qui signifie « œuvrer pour le bien public ». Chaque dernier samedi du mois, tous les citoyens rwandais prennent d’assaut les rues pour mener des actions citoyennes (actions de salubrité, construction de maisons pour les pauvres, construction de chantiers publics…).

Des agents de police circulent dans la ville pour inviter les récalcitrants au travail sous peine de subir des sanctions. Tout citoyen qui refuse de participer à ces activités doit se justifier sous peine de payer une amende forfaitaire. Dans chaque localité, les autorités se mettent devant des populations pour exercer cette activité. Le président de la République, les membres du gouvernement, tous y participent. A la fin de la journée, c’est également l’occasion pour les élus locaux et les populations de discuter et remédier aux problèmes de la cité et également identifier les prochaines activités du mois à venir.

Pourquoi le Mali ne s’inspirerait pas de l’exemple rwandais ? Cela favoriserait, dans un pays qui en a réellement besoin, l’esprit de cohésion, d’entente sociale et le sentiment d’appartenance en une communauté de destin. Et surtout l’esprit de civisme.

A l’exemple du Rwanda, on pourrait inscrire cette journée dans notre Constitution. Des fonds spéciaux peuvent être débloqués par nos autorités, à tous les niveaux, et aussi par des entreprises de la place pour faire face aux dépenses.

Source : Benbere

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