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Mali : imbroglio autour du déploiement d’un contingent danois

Le déploiement d’un contingent danois au Mali, au cœur d’un imbroglio depuis le lundi 24 janvier, est loin de s’éclaircir.  

 

C’est un communiqué qui ne s’embarrasse pas des précautions diplomatiques d’usage : lundi 24 janvier 2022, le gouvernement malien a demandé au Danemark de retirer immédiatement son contingent déployé dans le cadre de la force « Takuba ».

Signé par le porte-parole du gouvernement, colonel Abdoulaye Maïga, le communiqué, que certains ont pris pour un fake au départ, a été diffusé le soir sur la chaine nationale, après avoir circulé sur les réseaux sociaux.

Durcissement 

La raison ? Selon le communiqué, « ce déploiement est intervenu sans son consentement et sans considération du Protocole additionnel applicable aux partenaires d’opération européens devant intervenir au Mali, dans le cadre de la Force « TAKUBA », lequel prévoit la conclusion d’un accord ».

Il y a une semaine, le Danemark a annoncé le déploiement de soldats d’élite et de chirurgiens militaires, dans le cadre de la force Takuba. Ces derniers doivent être basés à Ménaka, dans le nord-est du Mali. Cette force spéciale, Takuba, déployée en vertu d’un Status of Forces Agreement (SOFA) négocié par Barkhane, accompagne les Forces armées maliennes (FAMa) dans la lutte contre le terrorisme.

Alors qu’au Sahel, la présence des forces étrangères est critiquée au sein d’une grande partie des populations. Plus encore, la demande de retrait arrive dans un contexte où les relations entre le pouvoir malien et certains de ses partenaires, la France en tête, sont tendues. Depuis que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a imposé des sanctions économiques et financières au Mali, en raison du non-respect du délai imparti à la transition en cours, la position du pouvoir malien s’est davantage durcie.

Côté danois, la décision du gouvernement malien a été jugée « regrettable et incompréhensible ». « Le déploiement a bel et bien une base juridique », défend une source diplomatique. Elle en veut pour preuve une lettre de la France, pays à l’initiative de la force Takuba, adressée au ministre malien des Affaires étrangères, le 22 octobre 2019. Ce document, selon les explications données par le ministère danois des Affaires étrangères, « mentionne spécifiquement le Danemark comme membre possible de ce groupe de travail ».

« Par procuration » 

En 2019, la demande d’envoyer des troupes participer à la force Takuba est venue du président Ibrahim Boubacar Keita, indique le Danemark. Un protocole additionnel est accepté par le ministère malien, le 3 mars 2020. Par la suite, en septembre 2021, la participation danoise est confirmée auprès du ministère malien des Affaires étrangères, dirigé par Abdoulaye Diop. Jusqu’ici, tout va bien. Jusqu’au 24 janvier 2022 : au cours d’une réunion convoquée par la partie malienne, le ministre Diop demande les preuves de la légalité du déploiement danois. Selon nos informations, l’ambassadeur a promis de « [les lui ] faire parvenir le lendemain ». « A notre grande surprise, nous avons vu circuler sur les réseaux sociaux le communiqué sans que l’ambassade du Danemark ne soit informée. Cette décision est incompréhensible, quelques heures après la réunion avec l’ambassade à l’issue de laquelle il était convenu de faire parvenir les documents », a ajouté une source diplomatique.

Des démarches avaient été entamées, par ailleurs, par la partie danoise, ce mardi 25 janvier, pour rencontrer le ministre de la Défense Sadio Camara et le président de transition, Assimi Goïta. Mardi 25 janvier, au sortir d’une rencontre avec la délégation de l’Union africaine, Choguel Maïga, le premier ministre malien, a renchéri : « Comment comprendre qu’un avion d’un pays étranger puisse entrer sur notre territoire sans notre autorisation ? C’est le sens de notre refus aux Danois. […] Personne ne viendra désormais au Mali par procuration. »

Par procuration ? De fait, il se trouve que le Mali exige aux pays contributeurs de la force Takuba une nouvelle règle : en plus du SOFA initialement établi par la France, un processus de négociations bilatéral. Pourtant, pour les Danois, « dans le cadre bilatéral, il y a eu également un dialogue entre le Mali et le Danemark ».

En attendant, alors qu’on privilégie le dialogue « pour lever les incompréhensions » côté danois, le contingent déployé a une autorisation de survol qui expire le 26 janvier 2022.

Source : Benbere

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