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Mali : IBK, l’homme qui coûtait 10 milliards

Le scandale qui entoure l’acquisition de nouveaux avions de combat par l’actuel président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, met encore une fois en lumière les frasques coûteuses de celui qui est candidat à sa propre succession.


Des avions de chasse… inutilisables. Les quatre Super-Tucano vendus — à un prix d’or, dont le montant a été bien opportunément classé « secret défense » — par le Brésil au Mali, et présentés en grande pompe par le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, le 11 juillet dernier, seraient en réalité dépourvus d’appareils de visée. Une information révélée par le chef d’état-major de l’armée de l’air, qui décrédibilise davantage encore la candidature de celui que les Maliens surnomment « IBK » à sa propre succession à la tête de l’État.
Le train de vie luxueux d’IBK
A quelques jours de l’élection présidentielle, cet énième scandale met, une nouvelle fois, en lumière les frasques et l’incurie du président malien. C’est que notre homme aime les avions — il s’est offert, pour plusieurs dizaines de milliards de francs CFA, un nouvel avion présidentiel, alors que le Mali en possédait déjà un — et les voyages au long cours. Depuis son entrée en fonction en 2013, IBK a effectué pas moins de 151 voyages de par le monde, des trajets qui auront coûté la bagatelle de 20 milliards de francs CFA – plus de 30 millions d’euros – aux contribuables maliens.
Et, quand il réside à l’étranger, Ibrahim Boubacar Keïta ne lésine pas sur les moyens, ni sur son confort personnel. Jetant systématiquement son dévolu sur les suites les plus luxueuses des palaces les plus courus des grandes capitales mondiales, le président malien aurait dépensé près de 100 millions de francs CFA (150 000 euros) lors de chacun de ses voyages. Autant de déplacements aussi « diplomatiques » que somptuaires, dont les Maliens sont en droit de demander ce qu’ils leur rapportent.
Ce goût immodéré du luxe, IBK lui laisse également libre cours de retour au Mali, où il a confié, en 2015, au groupe français Eiffage la rénovation du palais présidentiel de Koulouba — un chantier évalué à près de 6 milliards de francs CFA. Et ce alors que ce même palais avait été réhabilité peu de temps avant par une entreprise chinoise. Idem pour la réhabilitation de la résidence des hôtes présidentiels, évaluée quant à elle à près de 5,5 milliards de francs CFA (8 400 000 euros).
Depuis son accession au pouvoir, IBK s’est illustré par une gestion toute personnelle des affaires maliennes. Au premier rang de ses priorités, le président favorise les membres de sa famille, ses amis et ses soutiens. En d’autres termes, il a mis en place une gestion clanique, voire mafieuse, de l’État, au seul service de ses affidés. Et avec force deniers publics : le budget de la présidence est ainsi passé de 9,3 milliards de francs CFA en 2014 à 19,3 milliards en 2016, soit une différence de 10 milliards de francs CFA (plus de 15 millions d’euros). Rien ne semble trop beau pour distraire la cour de ce monarque présidentiel.
Pendant que le roi s’amuse, sa population souffre
Si IBK dépense sans compter pour servir ses propres intérêts, son luxueux train de vie est d’autant plus scandaleux que 44,9 % de la population malienne vit sous le seuil de pauvreté, estimé à 178 343 francs CFA (270 euros). Autrement dit, pendant que leur président mène grand train sur le dos de son pays, près d’un Malien sur deux éprouve les plus grandes difficultés à joindre les deux bouts. Parallèlement, le pays est en proie à de nombreux problèmes, dont les dignitaires du régime, manifestement trop occupés à parader dans les palaces du monde entier, semblent n’avoir que faire.
Au premier rang de ces problèmes figure, sans aucun doute, l’insécurité. Contrairement aux promesses du candidat IBK, l’État s’est révélé incapable de remettre la main sur d’immenses parties de son territoire, toujours contrôlées par des groupes armés et violents, commettant attentats, attaques et enlèvements. Conséquence, les deux tiers du Mali sont le théâtre d’affrontements violents, et la population vit dans l’insécurité quotidienne. Enfin, le chômage galopant et des systèmes de santé et d’éducation défaillants achèvent de plonger les Maliens dans le désespoir. Jusqu’au 29 juillet, date de l’élection présidentielle qui redonnera, peut-être, de l’espoir à une nation exténuée par cinq ans d’abus en tout genre.
Mediapart

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