Au Mali, il y a un an, jour pour jour, 14 personnes périssaient suite à l’intervention des forces de l’ordre lors des manifestations contre le régime du président déchu Ibrahim Boubacar Keïta, selon des chiffres des Nations unies et de l’ONG Humain Rights Watch. Une cérémonie est organisée, ce dimanche 11 juillet, en leur hommage dans la mosquée de l’imam Dicko, située à Badalabougou. Le quartier était alors l’épicentre de la contestation à l’ancien régime.
Avec notre correspondant à Bamako, Kaourou Magassa
La cérémonie est avant tout religieuse. Une lecture du Coran a lieu, dès 9h00 du matin, amplifiée par plusieurs enceintes de sonorisations. Sur la route et sous des bâches blanches, une centaine de chaises sont disposées. L’ambiance est au recueillement et aux prières. Comme le veut la tradition pour commémorer des décès, des bénédictions sont faites pour le repos des défunts.
Ce rassemblement a aussi une portée revendicatrice. Sur un mur de la mosquée, une banderole avec, en fond, une photo de l’imam Dicko et plusieurs fidèles priant sur un corps, affiche la phrase « Le peuple malien demande justice ».
Lors des manifestations des 10, 11 et 12 juillet, quatorze personnes sont décédées. Des enquêtes indépendantes de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et de l’Organisation Human Rights Watch ont conclu à un usage disproportionné de la force par les forces de l’ordre. La plupart des morts l’ont été par balles.
Bien que certains témoins aient été auditionnés par la justice malienne, l’enquête semble piétiner.
Nous avons rencontré, en fin de matinée, Mohamed Doumbia, le père d’une des victimes. Âgé de 16 ans, son fils a été tué à quelques mètres de chez lui dans ce même quartier de Badalabougou, alors qu’il ne participait pas aux manifestations. L’émotion est toujours vive chez lui et surtout, il affirme n’avoir reçu aucun soutien ni information du gouvernement. Il réclame, lui aussi, justice pour définitivement faire son deuil.
Lors de la cérémonie religieuse, devant sa mosquée de Badalabougou l’imam Dicko a rendu hommage aux victimes des manifestations contre le régime du président déchu Ibrahim Boubacar Keïta.
IL y a beaucoup d’innocents qui sont tombés ici l’an passé à pareil moment. Notre pensée va vers eux, vraiment nous prions Allah pour que la terre leur soit légère. J’ai profité aussi pour faire comprendre aux gens que nous ne sommes pas un peuple qui demande la vengeance, nous demandons seulement la justice. On ne demande pas la vengeance, nous sommes un peuple tolérant, nous sommes un peuple qui pardonne, donc ce n’est pas en réalité une vengeance que nous demandons, mais la justice. Et ensuite, aujourd’hui, notre pays est à la croisée des chemins. Il faut nécessairement que le peuple se mette ensemble aujourd’hui pour relever le défi pour lequel ces martyrs-là sont tombés. C’est ça le sens de l’appel que j’ai eu à lancer. J’espère bien que cela va être entendu. Inch’Allah.
L’imam Dicko a rendu hommage aux victimes des manifestations contre le régime de IBK
Selon un décompte de la Minusma et de l’ONG Human Rights Watch 14 personnes ont péri du fait « d’un usage excessif de la force » par les forces de maintien de l’ordre. La cérémonie s’est déroulée en présence de trois membres du gouvernement toutes issus du M5-RFP, le mouvement de contestation à l’ancien régime.
RFI