Si la grève des syndicats est un droit constitutionnel, celle en cours de l’UNTM est purement et simplement politique. Ni le temps ni le contexte (insécurité, Covid-19 et ses impacts économiques et financiers néfastes, régime de transition) ne plaide en faveur de la tenue des mouvements de grève.
Les revendications :
L’harmonisation des indices de salaire dans la fonction publique, des primes et des indemnités ou encore le sort des travailleurs compressés (des salariés d’entreprises d’État), l’emploi massif des jeunes…
On est en droit de se poser des questions :
Avant la transition, les salaires, les primes et les indemnités étaient- ils harmonisés ? Pourquoi les réclamer à une transition qui est là pour 18 mois ?
Le problème des travailleurs compressés qui date de dizaines d’années et a survécu aux différents régimes démocratiques, tombe subitement sur la table de la transition.
Ces travailleurs ne réclamaient t-ils pas leurs droits avant la transition ?
Sur RFI à la question du journaliste sur une vaste conférence sociale annoncée par les autorités de la transition pour le premier trimestre 2021 voici la réponse du secrétaire général de l’UNTM, Yacouba Katilé : « la discussion du travail c’est au niveau de 3 piliers : Les employeurs, l’État et les syndicats concernés. Donc on n’a pas besoin d’attendre une conférence sociale, d’ailleurs ça fait combien d’années on en parle, on en parle c’est pour encore des mois et peut-être des années encore donc nous ne pouvons pas attendre une conférence sociale».
Je ne comprends pas, depuis des années ce problème existe, l’UNTM n’a jamais daigné soulever ça sauf pendant une transition de 18 mois
Où était l’UNTM pendant la grève des médecins faisaient avec des morts dans nos hôpitaux?
Bec cloué.
Quand les magistrats, les préfets, les DFM… étaient en grève, où était encore l’UNTM ?
Ceux-ci ne sont-ils pas des travailleurs ?
Quand on a voulu changer la constitution pour l’adapter à l’accord issu du processus d’Alger, où était l’UNTM ?
Ce n’est pas cette même UNTM avec à sa tête ce Katilé qui a fait prolonger l’âge de la retraite sous IBK, chose contestée à l’époque par le CNJ ?
Aujourd’hui la même centrale syndicale avec le même responsable à sa tête nous parle de « recrutement massif » des jeunes en instrumentalisant la question juvénile.
Où se trouve la logique dans une telle démarche ?
Cette centrale syndicale n’a jamais été là quand les travailleurs et le peuple avaient besoin d’elle et c’est maintenant qu’elle veut sanctionner tout un peuple qui ne cherche que son pain quotidien.
On a vu l’UNTM accepter le moratoire sur les revendications sociales sous IBK, chose qui signifie que si IBK était resté Katilé allait continuer à manger sans penser à nous.
À sa place pour me montrer honnête et digne, au lieu de faire souffrir le Malien aujourd’hui, je vais déclarer mes biens à l’Oclei.
L’enrichissement illicite au Mali est visible comme le nez sur la figure, comme le soleil à midi au mois d’avril. C’est un mal d’yeux et non un mal de ventre. Ceux qui le pratique sont nombreux et ne s’en cachent pas.
Ils sont célébrés dans tous les milieux sociaux. Les griots chantent leurs louanges et assimilent leur réussite à de la bénédiction. Les imams les bénissent car ils sont leurs plus grands contributeurs.
Le pouvoir actuel, est donc obligé de donner des gages de sérieux au peuple malien et à la communauté internationale. Ces gages de sérieux consistent à mettre rapidement en œuvre la loi portant répression de l’enrichissement illicite et d’autres mesures pour commencer à arrêter l’hémorragie des ressources de l’État. C’est là que l’UNTM entre dans la danse.
Les motifs déclarés de la grève ne sont pas ses motifs réels. L’UNTM ne veut pas que le « tou » de la lutte contre la corruption soit posé sur sa tête. Autrement dit elle ne veut pas que les fonctionnaires civils soient les seuls à porter le chapeau. L’UNTM refuse donc que les fonctionnaires voleurs soient jetés en pâture sur l’autel de la répression de l’enrichissent illicite pour apaiser le peuple.
Les travailleurs syndiqués ne représentent pas 5% de l’emploi au Mali. Les autorités de la Transition ne doivent pas accepter que 5% des maliens prennent en otage le reste du pays.
Mamadou Touré
Source: EchosMedias