Après la communauté algérienne, les Maliens sont les étrangers les plus nombreux en France. Entre 2017 et 2019, ils ont envoyé annuellement un peu plus de 250 milliards de francs CFA au Mali, selon les chiffres de la BCEAO. La crise diplomatique qui secoue les deux pays ne les laisse pas indifférents. 

Selon France Diplomatie, la diaspora malienne de France titulaire de titres de séjour était de 90 000 personnes environ en 2019. Le nombre de Maliens en situation irrégulière est énorme, selon les derniers chiffres du Conseil supérieur de la diaspora du Mali (CSDM) : 193 000.

Et la tension diplomatique entre la France et le Mali, intervenue à quelques mois de la présidentielle française, où la question migratoire est un enjeu électoral important, les inquiète. « Nous sommes très préoccupés par la tournure que prennent les relations entre le Mali et la France depuis un certain moment. Nous considérons que c’est une relation entre deux États et que les peuples maliens et français ne sont pas concernés. Nous comprenons qu’aujourd’hui Eric Zemmour, Marine Le Pen, ou Valérie Pecresse utilisent la présence des immigrés, notamment des Maliens, pour battre campagne afin d’attirer certaines personnes qui partagent leur idéologie », déclare Chérif Mohamed Haïdara, Président du CSDM.

Mais la tentation du repli identitaire ne devrait pas gagner tous les candidats, notamment l’actuel chef de l’État, Emmanuel Macron, qui, selon certains observateurs, veut se démarquer des positions extrêmes. Même si les questions de politique étrangère ne sont pas déterminantes dans l’élection du président français, l’immigration et les migrants sont des sujets qui intéressent et qui fâchent. Les Maliens craignent de voir leurs tracasseries du quotidien décupler.  « L’expulsion de l’ambassadeur de France de Bamako va générer des problèmes dans le quotidien des Maliens de France. Entre les procédures de régulation, les regroupements familiaux, les demandes de visas, les transferts de fonds, l’inquiétude est palpable au sein de la diaspora », renchérit Fousseyni Faye, homme politique et Malien de la diaspora de France. Toutefois, certains sont satisfaits de la tournure des évènements, même s’ils l’expriment sous couvert d’anonymat. Voir leur pays tenir tête à la « Grande France », l’ancien colon, leur procure un sentiment de fierté, à eux qui, depuis leur terre d’accueil hexagonale participent grandement à l’effort de développement.

Selon une source au Ministère des Maliens de l’extérieur, dans la région de Kayes, « 80% des infrastructures de santé, d’éducation, d’adduction d’eau et de pistes rurales sont réalisées par des associations de migrants établies exclusivement en France. La tension diplomatique entre les deux pays est aussi une question d’équilibre et de cadre de vie pour de nombreuses familles ».

Boubacar Diallo

 Source : Journal du Mali