Une réunion extraordinaire des chefs d’Etat de la Cédéao se tiendra à Accra au Ghana le 4 juin 2022, sur la situation politique au Mali, en Guinée et au Burkina Faso ont indiqué des sources diplomatiques. Beaucoup d’observateurs évoquent une éventuelle sortie de crise entre notre pays et l’organisation sous-régionale, avec la levée de l’embargo. Cependant, il faut compter également avec les ingérences de la France, qui à travers ses affidés tapis au sein de la CEDEAO, tente toujours des manœuvres contre le Mali. C’est dans ce cadre que certains chefs d’Etat de la CEDEAO veulent imposer au Président Goïta un gouvernement dit de « missions ». C’est là une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de notre pays. Inacceptable pour les Maliens !
Cette réunion est annoncée alors que de forts échos politiques, diplomatiques et médiatiques évoquent un compromis entre les autorités de la Transition et celles de la Cédéao sur le chronogramme des élections de fin de transition.
En effet, des rencontres informelles se sont multipliées ces derniers jours à Bamako et dans la sous-région. Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères, en visite au Togo, avait annoncé le 4 mai dernier avoir demandé au Président togolais, Faure Gnassingbé, sur instruction de son Président, le Colonel Assimi Goïta, « d’user de son expérience et de sa sagesse pour aider à faciliter le dialogue ».
Et Faure Gnassingbé n’a pa ménagé ses efforts pour convaincre « les acteurs régionaux, et plus largement, l’ensemble de la communauté internationale » pour un compromis qui « sortira le Mali de sa situation actuelle et renforcer la stabilité de la région ».
Un compromis qui permettra de lever les sanctions économiques et financières imposées par la Cedeao.
Ainsi, selon plusieurs sources un compromis serait en vue entre les différentes parties sur une prolongation de la transition (18 à 20 mois) et cet accord comprendrait aussi la mise en place d’ ‘un nouveau gouvernement dit de « missions ».
Mais la question qui se pose : Est-ce le rôle de la Cedeao de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays en imposant un gouvernement ? D’autant plus que cette solution de « gouvernement de missions » n’a jamais été imposée ailleurs. Pourquoi le sera-t-il au Mali ? On se rappelle que lors de la crise socio-politique de 2020, cette même Cedeao avait recommandé la formation d’un gouvernement d’union nationale, a l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita avec des membres issus de tous les regroupements politiques (pouvoir, opposition, société civile) avec le succès que l’on sait.
Une Cedeao déconnectée
Alors au lieu de s’ingérer dans le choix souverain des pays, l’organisation sous régionale est plutôt appelée à accomplir ses propres missions. En outre, les populations attendent qu’elle soit très réactive en amont et à l’écoute des peuples afin de tirer la sonnette d’alarme dès l’amorce d’une situation confligène au sein d’un Etat membre qui porte en elle la promesse du chaos. Ensuite le sentiment qu’elle agit au nom et pour le compte d’intérêts étrangers au détriment de ceux des populations concernées. Qu’elle agit uniquement pour préserver les intérêts français et non ceux des populations.
Et, au nom de quels principes de relations internationales et diplomatiques pourrait-on nier au Mali le pouvoir de définir ou de redéfinir ses alliances militaires tactiques ou stratégiques ?
Enfin, pourquoi vouloir que le Mali, dont la grande partie du territoire est sous occupation extérieure, organise coûte que coûte des élections à une date qui a été fixée, à l’occasion d’une réunion de chefs d’Etat, de la CEDEAO nonobstant toute considération de la réalité sur le terrain ?
La durée des Transitions (des régimes) est une question de souveraineté. La souveraineté des peuples est-elle à l’encan de la conférence des Chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO ?
La conférence des dirigeants de la CEDEAO ne doit pas empiéter sur la souveraineté des peuples des pays membres.
Surtout quand on sait que cette conférence des chefs d’État en déficit de légitimité et de crédibilité a, plusieurs fois, fait voir des signaux qui montrent que ses décisions sont dictées à ailleurs. Toute chose qui rend, la CEDEAO et ses mesures impopulaires auprès des Peuples.
Peut-on sérieusement imaginer que le seul fait d’organiser des élections sans tenir réellement compte de la disponibilité d’un corps électoral éparpillé dans un immense territoire dont une grande partie est stérilisée par la présence de forces étrangères pourrait suffire à régler spontanément les problèmes structurels et systémiques de ce pays ?
La Cédeao est loin des préoccupations qui ont motivé sa création, elle réduit son rôle d’intégration des peuples dans le musèlement des aspirations des peuples dans l’illégalité la plus stotale..
Mémé Sanogo
Source: L’Aube