L’expulsion de l’ambassadeur de France au Mali, décidée lundi abruptement par la junte au pouvoir à Bamako, est “injustifiée”, a estimé le ministère allemand des Affaires étrangères mardi.
“L’expulsion injustifiée de l’ambassadeur français mène à une impasse”, écrit le ministère dans un tweet. Il y a un “besoin de dialogue, pas d’escalade pour atteindre l’objectif commun de sécurité et de lutte contre le terrorisme au Mali”, où des troupes allemandes sont déployées dans le cadre de la mission de formation de l’Union européenne (UE) ou de la mission de l’ONU (Minusma), poursuit-il.
Les autorités maliennes, dominées par les militaires qui se sont emparés du pouvoir en août 2020, ont décidé lundi d’expulser l’ambassadeur de France, dans une nouvelle escalade abrupte de la brouille entre Bamako et Paris. Les autorités françaises se sont contentées de prendre “note” de cette mesure tandis que le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, l’a qualifiée de “demande injustifiée” qui “isolera le Mali”.
Les autorités maliennes ont justifié cette décision par les récents propos “hostiles” et “outrageux” de responsables français à leur encontre. Le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a annoncé mardi que les pays membres du groupement européen de forces spéciales Takuba allaient travailler “d’ici la mi-février” à l’adaptation de leur dispositif au Mali au regard de l'”isolement progressif” de ce pays. Paris a déjà prévu – avant la crise actuelle – de réduire la présence au Mali des effectifs de sa force antijihadiste Barkhane.
Le renvoi de l’ambassadeur français “est une étape supplémentaire dans l’isolement dont fait preuve cette junte”, a également souligné le porte-parole, jugeant que les discussions avec le pouvoir malien sont “rendues très difficiles”. Takuba est un groupement de forces spéciales européennes créé en 2020 à l’initiative de la France, en vue de partager le fardeau de la lutte antijihadiste au Sahel. La France a déployé plus de 5.000 soldats au Sahel et au Mali avant de décider en 2021 de réduire la voilure.
Avec les récentes évolutions, elle s’interroge sur les modalités voire l’avenir de sa présence. La ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, avait pour sa part exclu, le 22 janvier, un retrait des soldats de la Bundeswehr déployés au Mali, assurant qu’il ne fallait pas laisser la place aux mercenaires de la sulfureuse société paramilitaire russe Wagner. “Moscou ne parviendra pas, par l’envoi de mercenaires, à inciter les Occidentaux à se retirer quasi-automatiquement partout où la Russie ne veut pas nous voir”, avait-elle justifié dans le journal “Welt am Sonntag”. Ces mercenaires sont accusés par Paris d’être au Mali pour “soutenir” la junte.
Source : AFP