Une mission d’observation du référendum au Mali a fait état lundi d’une participation de 28% dans les bureaux où elle a été déployée, tandis qu’une querelle émergeait avec les autorités sur la tenue ou non de la consultation dans une région clé du nord.
La mission d’observation des élections au Mali (MODELE) financée par l’Union européenne, qui a déployé 3 075 observateurs nationaux de la société civile, a noté dans un communiqué que “le scrutin référendaire (s’était) déroulé dans des conditions acceptables dans la majeure partie des localités observées”. Mais elle a rapporté plusieurs dysfonctionnements et l’absence de vote dans la région stratégique de Kidal (nord).
“Nous avons dit qu’il n’y a pas eu de vote à Kidal, ni à Tessalith, ni à Aguelhok, ni à Ashiboko, ni à Tenessako, il n’y a eu de vote” a lancé Dr Ibrahima Sangho, président du MODELE.
Un autre organisme d’observation, la Coalition pour l’observation citoyenne des élections au Mali (COCEM), a indiqué de son côté qu’aucun de ses observateurs n’avait constaté l’ouverture de centres et de bureaux de vote dans la région de Kidal. Un document authentifié par l’AFP de l’antenne régionale de l’autorité en charge des élections (AIGE) à Kidal affirme également que le référendum n’a pas pu se tenir sur l’ensemble de la région.
Le président de l’AIGE au niveau national, Moustapha SM Cissé, a contredit ces affirmations, assurant dans un communiqué que le vote avait bien eu lieu dans la région de Kidal. Il a dénoncé “la diffusion de faux documents et de fausses informations”, relayés par des individus “n’ayant aucune qualité pour s’exprimer” au nom de l’organe.
La tenue ou non du vote à Kidal, fief de groupes armés qui ont combattu l’Etat central avant de signer avec lui un fragile accord de paix en 2015, était attentivement scrutée. L’insoumission de Kidal, enjeu majeur de souveraineté, reste un motif d’irritation pour la junte au pouvoir.
Les groupes armés qui contrôlent Kidal ont refusé d’y permettre l’acheminement du matériel électoral pour ce référendum sur un projet de nouvelle constitution où ils disent ne pas retrouver l’accord qu’ils ont signé en 2015.
Parmi les autres incidents observés par la MODELE: le non-fonctionnement pour cause d’insécurité de 85 bureaux de vote dans la région de Mopti, dans le centre du pays visé par de fréquentes attaques djihadistes, et des opérations de vote perturbées dans plusieurs localités, comme l’enlèvement de présidents de certains bureaux de vote par des hommes armés ou l’enlèvement des urnes par de supposés djihadistes, ainsi qu’une “attaque terroriste” à Bodio, toujours dans le centre.
La COCEM a noté que le scrutin s’était “globalement bien déroulé” mais a relevé des incidents, comme des bureaux de vote incendiés dans les communes rurales de Boron et de Toubacoro à quelque 150 km au nord-est de Bamako.
Ce référendum était le premier scrutin depuis que les militaires ont pris le pouvoir par la force en août 2020 dans ce pays en proie à une crise à la fois sécuritaire, politique et économique.
Il est une étape importante sur le chemin qui doit conduire à un retour des civils à la tête de l’Etat en mars 2024, en vertu des engagements pris par les militaires eux-mêmes.
Source : africanews