Au moins 13 civils ont été tués depuis mardi par de présumés jihadistes du groupe Etat islamique dans le nord du Mali, ont affirmé mercredi à l’AFP deux élus locaux s’exprimant sous couvert de l’anonymat.
“Le bilan provisoire est désormais de 13 morts, une dizaine de blessés et des centaines de (personnes) abandonnant plusieurs villages de la commune de Gabéro”, dans la région de Gao, a dit un élu local qui a précisé que l’armée malienne n’était pas présente sur les lieux et attribué “ce massacre” au groupe Etat islamique au Grand Sahara (EIGS). “Ils ont tué beaucoup de gens, plus de 17 personnes”, a assuré une autre autorité locale.
“Tous les jeunes ont quitté. D’habitude ils emmènent les animaux. C’est la première fois qu’ils (les jihadistes) tuent comme ça”, a-t-il ajouté. Des enfants sont parmi les victimes ont indiqué l’un des élus et un responsable d’association. “On arrive plus à compter le nombre de morts. Les femmes et les enfants sont en train de chercher des pirogues pour aller vers la rive gauche du fleuve direction Gao. C’est plus qu’un film, c’est la catastrophe”, a dit dans un message audio un habitant de la commune, qui appelle à l’aide les autorités. “Les corps ont été enterrés ce matin à la hâte. Il y a des portés disparus”, a déclaré un autre habitant à l’AFP. Les régions de Gao et Ménaka, plus à l’est, sont le théâtre depuis début 2022 d’une vaste offensive de l’EIGS. Les violences ont fait des centaines de morts civils. Les populations se déplacent en masse vers les villes ou vers les camps, y compris de l’autre côté de la frontière avec le Niger. Différents observateurs et experts expliquent que les jihadistes se sont engouffrés dans le vide laissé par le départ en 2022 de la force antijihadiste française Barkhane, poussé vers la sortie par la junte au pouvoir depuis août 2020 qui s’est tournée politiquement et militairement vers la Russie. Le 16 juin, prenant tout le monde de court, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a aussi exigé le “retrait sans délai” de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), dénonçant son “échec”. Une base de l’organisation se situe à Gao, à une cinquantaine de kilomètres au nord de la petite ville touchée par l’attaque. Son retrait fait craindre une aggravation de la situation sécuritaire dans la région, déjà très difficile. Le vote du Conseil de sécurité, qui devrait acter la fin réclamée par Bamako de la Minusma est prévu vendredi
AFP