27 soldats tués, 47 terroristes “neutralisés“. Le Mali a connu vendredi 4 mars au matin l’attaque la plus meurtrière rapportée contre les forces maliennes depuis plusieurs mois.
Deuil national de trois jours
L’attaque s’est déroulée vers 05h30 GMT, au camp de Mondoro dans le centre du pays. 33 soldats ont aussi été blessés, dont 21 graves, et sept “portés disparus“, selon la même source.
D’après l’armée, 47 assaillants ont été “neutralisés” dans la matinée et 23 autres l’ont été à la suite d’un “ratissage sur les sanctuaires terroristes“.
Un deuil national de trois jours à compter de samedi a été décrété par le gouvernement malien.
Condamnation de la Minusma
La mission des Nations unies (Minusma) au Mali s’est exprimée samedi 5 mars sur cette attaque. El-Ghassim Wane, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le Mali (RSSG), chef de la Minusma l’a condamnée “fermement” et présenté ses “condoléances les plus attristées aux autorités de la Transition, au peuple malien ainsi qu’aux familles et proches des soldats maliens tombés“.
Le chef de la mission onusienne “réitére l’engagement indéfectible de la Minusma aux côtés des Maliens dans leur quête légitime de paix et de stabilité“.
Reconfiguration militaire
Cette attaque survient en pleine reconfiguration militaire. La France et ses alliés européens au sein du regroupement de forces spéciales Takuba viennent d’annoncer leur retrait militaire du Mali.
En parallèle, au cours des derniers mois sont arrivés de nombreux renforts, présentés par les autorités maliennes comme des instructeurs russes et par les Occidentaux comme des mercenaires.
L’armée malienne revendique la mort de dizaines de djihadistes ces derniers mois. Un communiqué publié cette semaine assurait que “la peur (avait) changé de camp, l’ennemi est en fuite vers les frontières ou en dissimulation dans la population“. Le tout sur fond de vives tensions diplomatiques entre la junte au pouvoir depuis 2020 et certains des partenaires du Mali, au premier rang desquels la France.
D’après l’AFP, ces informations sont difficilement vérifiables faute d’accès au terrain ou de sources pouvant s’exprimer. Une source militaire française, sous couvert de l’anonymat, avait indiqué à l’AFP que le bilan de cette attaque menée par plusieurs centaines de djihadistes avait fait entre 40 et 50 morts.
Plus de 30 soldats avaient été tués en mars 2021 à Tessit près de la frontère avec le Niger et le Burkina Faso dans une telle opération, revendiquée par l’organisation État islamique. Toutefois, au cours des derniers mois, les pertes humaines effectivement rapportées dans les rangs de l’armée avaient diminué.
Cible régulière des djihadistes
Le camp de Mondoro, proche de la frontière avec le Burkina Faso, avait déjà été à plusieurs reprises la cible d’attaques de groupes djihadistes. Ils opèrent dans la zone depuis plusieurs années.
Une opération contre le camp et celui de Boulkessi avait fait une cinquantaine de morts parmi les soldats en septembre 2019.
Les habitants dénoncent une situation de blocus imposé par ces djihadistes, malgré la présence de l’armée. Depuis 2019, le village de Mondoro est isolé et les télécommunications sont des plus aléatoires.
Le camp se trouve dans l’un des principaux foyers de la violence. Partie du nord du Mali avec des insurrections indépendantiste et djihadiste en 2012, elle s’est étendue au centre, ainsi qu’au Burkina Faso et au Niger voisins.
D’après l’AFP, deux tiers du territoire malien échappent au contrôle de l’État. La propagation djihadiste, sous affiliation d’Al-Qaïda ou de l’organisation État islamique, commence à s’étendre plus au sud, la Côte d’Ivoire ou le Bénin, menaçant de gagner le Golfe de Guinée.