La recrudescence de la violence communautaire au Mali, au cours de laquelle au moins 160 personnes ont été tuées dans la région de Mopti doit être suivie d’une nouvelle action internationale pour mettre fin à l’effusion de sang. Une série d’attaques perpétrées le 23 mars dans la région centrale de Mopti a été suivie de nouvelles violences le 26 mars.
«Je suis attristé par cette violence et souhaite exprimer mes condoléances aux victimes et à leurs familles pour ces attaques qui ont eu lieu dans un contexte de tensions communautaires persistantes», a déclaré l’expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme dans le pays, Alioune Tine.
«Il doit y avoir une enquête approfondie, rapide et impartiale et les responsables doivent être traduits en justice. La protection de la vie et le bien-être des civils sont en jeu. J’appelle toutes les forces de sécurité sur le terrain, ainsi que les forces armées maliennes et la force des Nations Unies MINUSMA, à redoubler d’efforts pour protéger les civils».
«Il est essentiel que ces tensions intercommunautaires soient résolues de toute urgence si l’on veut éviter le risque de crimes contre l’humanité. J’appelle l’Union africaine et la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à organiser un sommet pour tenter de trouver des solutions. »
Les violences qui se sont produites dans le village d’Ogossagou et Welingara dans la région centrale de Mopti le 23 mars 2019 ont également fait plus de 70 blessés. Lors de cette attaque, plus de 150 éleveurs peuls ont été tués, apparemment par certains membres des chasseurs traditionnels, les Dozos. L’expert indépendant a également été informé que des membres d’un groupe armé peul auraient attaqué le village Dogon de Ouadou le 26 mars, tuant quatre Dogons et incendiant plusieurs maisons, provoquant la fuite de la population locale vers les villages voisins. Une autre attaque perpétrée dans la même journée dans le hameau Dogon de KereKere a entraîné la mort d’au moins deux femmes et l’enlèvement de 20 autres.
L’expert s’est dit préoccupé par la création de groupes armés d’autodéfense dans les communautés dans la région.
«L’augmentation du nombre de ces groupes au cours des quatre dernières années, dont certains violents et extrémistes, ainsi que la destruction des systèmes traditionnels de résolution des conflits et la présence limitée de l’État malien ont entraîné la détérioration de la situation sécuritaire, qui a nui à la jouissance des droits fondamentaux par les habitants de la région», a déclaré Tine.
L’expert a noté que depuis janvier 2019, au moins 22 incidents de violation des droits de l’homme perpétrés par ces groupes avaient été signalés, entraînant la mort d’au moins 230 personnes.
Pathé TOURE
Lejecom