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Mali : A ne rien y comprendre !

Une boutade a eu le chic d’attirer notre attention toute cette semaine : « Si on t’explique la situation politique du Mali et que tu la comprends, alors on te l’a mal expliquée ». C’est une description symptomatique de la confusion issue de la profusion de positions dans la crise politique actuelle. Qui est pour qui ? Qui fait quoi ? Qui veut quoi ? Qui est contre qui ?

Ce serait un beau leurre que de croire que cette confusion généralisée est l’apanage des seuls politiciens. Dans chaque secteur, les visières brouillent le message de sorte qu’il est quasiment impossible de se faire une cartographie dans le temps. Les positions bougent au gré des vidéos diffusées en direct sur les réseaux sociaux ou des interviews accordées ça et là.

A l’échelle de Richter de la magnitude de la confusion au Mali, la politique fait figure de proue dans la sismologie que nous établissons. D’abord, le M5-RFP avec des leaders aux positions virevoltantes sur le but de la lutte enclenchée le 5 juin dernier. Le départ du Président IBK est resté une constante pour seul le premier responsable de l’EMK, Cheick Oumar Sissoko. De l’Imam Dicko à son filleul et beau-fils Kaou Djim, en passant par la cohorte de politiques qui volent vers la lumière, cette exigence a fluctué en fonction des réalités du moment. Elle a été au cœur de la lutte jusqu’à la marche du 19 juin, avant de connaître une baisse de régime face au régime avant la sortie du 11 juillet. Aujourd’hui, il est difficile d’affirmer avec certitude que cet objectif n’est pas remis par certains leaders du mouvement.

D’un autre côté, la bataille rangée entre les forces en présence de la majorité sonne le ridicule de la situation. Le Premier ministre et le Président de l’Assemblée nationale, le parti majoritaire et le président de la République, les associations et autres fédérations de soutien aux institutions entre elles, sans compter les coup-bas entre les clans familiaux. Le Premier ministre est annoncé démissionnaire pendant qu’il cherche à refourguer un énième plan de gestion partagée et concertée du pouvoir. Le Président de l’Assemblée nationale ne veut, en aucun cas, lâché son mandat tâché du sceau de l’illégitimité malgré l’adhésion de la majorité aux recommandations de la CEDEAO.

A cette panoplie politique, les religieux ajoutent du grain à moudre. La CMAS et son respecté parrain ont été les premiers à changer le cap du M5-RFP, avant de revenir sur leur initial position. Le Cherif de Nioro est plein d’ambiguïté quant à sa posture. Pendant qu’il est considéré comme un possible médiateur, notamment par la CEDEAO, il fait front avec l’Imam Dicko, pour ensuite mobiliser ses proches dans le mini Gouvernement mis en place le 27 juillet dernier.

Le Chef des Ançar, l’imam Haidara, quant à lui, a semblé être un soutien du Président, sous le couvert des Institutions à défendre, avant de redéfinir ses positions. Il n’est pas homme à se mettre dans une case car, encore aujourd’hui, personne ne peut lui mettre une étiquette « pour ou contre ». Un rôle de centriste qui lui vaut des griefs des deux côtés de la barrière de la bagarre politique actuelle. Avec moins de vague, le Cardinal Jean Zerbo tente, aussi, de garder l’équilibre et de se positionner en dernier recours.

Des religieux, il faut, sans doute, adjoindre les chefs coutumiers, au premier rang desquels, les Familles fondatrices de Bamako. Actives au début de la crise, ces familles se résignent à un silence salvateur pour leur prestige. L’on se souviendra que le Président IBK a su compter sur le soutien des Familles fondatrices mais que son fils, Karim KEITA, a été lâché par celles-ci à la veille de l’élection législative de 2018. Dans cette circonstance, il est difficile pour elles de prendre fait et cause pour le Président, encore moins pour le M5-RFP, en raison d’une soudaine envie de neutralité politique.

Cet imbroglio plonge ses racines au niveau social. Les menaces de grèves et les griefs sociaux s’enchaînent. Les artistes ont fait du bruit pour la reprise de leur activité malgré la pandémie ; les magistrats ont reçu un noble cadeau de l’Etat, sur leur « indemnité de judicature » ; les enseignants sortent du terreau avec la non application de l’article 39 ; les agents de santé s’organisent pour une revendication sur les primes covid19 ; les diplomates veulent s’insurger pour des doléances non entendues. La liste est encore longue et participe de la confusion généralisée dans le pays.

Quand vous ajoutez à ce cocktail explosif des accusations graves, gravissimes, sur une possible implication du haut sommet du commandement en charge de notre sécurité dans des « deals » de drogue et des menaces, à peine, voilée du MNLA reconfiguré en CMA, il est évident que personne n’y comprend rien au final.

Y.KEBE

Source: Bamakonews

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