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Malabo : un double sommet décevant

Le 59ème anniversaire de la création, le 25 mai 1963, de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) devenue l’Union Africaine (UA) en 2002, devait être marqué par des actes forts dans le sens d’assurer le bien-être des populations et de promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité du continent. C’est dans cet esprit qu’a été initié le double sommet extraordinaire qui vient de se tenir à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale. L’un, consacré aux crises humanitaires, spécifiquement l’insécurité alimentaire qui affecte globalement 395 millions de personnes, l’autre au terrorisme et aux changements inconstitutionnels de gouvernement, les nouveaux fléaux qui gangrènent l’Afrique et obèrent son développement.

 

Hélas, les fruits n’ont pas porté la promesse des fleurs, serions-nous tentés d’écrire puisque, sur un besoin de 14 milliards de dollars US nécessaires pour faire face aux urgences alimentaires et à la malnutrition, seuls 140 millions ont fait l’objet d’ annonces de la part des chefs d’Etat africains et des délégués de pays et organismes extérieurs. On est bien loin du compte et, à l’évidence, les plus hauts dirigeants africains ne sont pas prêts à assumer pleinement leur responsabilité, comptant davantage sur les traditionnels donateurs que sur les capacités propres à l’Afrique de se prendre en charge.

Concernant le terrorisme et les changements inconstitutionnels, la déclaration très attendue au regard de l’acuité de ces deux préoccupations n’est pas venue. L’ambassadeur équato-guinéen auprès de l’UA, Crisantos Obama Ondo a confié à un organe de presse que cette déclaration a bien été  » adoptée à huis clos » et qu’elle renferme  » une décision importante ». Le sort fait à ce document-s’il existe-et la façon dont le sommet sur ces deux thématiques s’est terminé-en queue de poisson-pourraient s’expliquer par l’absence de consensus entre les chefs d’Etat participants.

Le terrorisme divise non pas dans sa perception-elle est honnie par l’Afrique sous toutes ses latitudes-mais dans la célérité que requiert son traitement. Depuis 2004 l’UA s’est dotée d’une Force africaine en attente (FAA) en charge de faire face aux défis sécuritaires majeurs mais elle peine à être pleinement opérationnelle à ce jour. A cet égard le président de sa Commission, Moussa Faki Mahamat, a interpellé les chefs d’Etat en ces termes:  » La volonté politique fait défaut alors que nous avons les moyens et les hommes; les forces africaines comptent 2, 7 millions d’hommes, en mobiliser 1 à 2% et les doter de moyens nécessaires permettraient de réduire notre dépendance étrangère. » Voilà, en effet, la voie appropriée pour mettre un terme à la compétition entre l’Occident et la Russie dans la lutte contre l’hydre terroriste sur le sol africain.

S’agissant des changements inconstitutionnels de pouvoir, ils sont un autre sujet de division des participants. Le diplomate tchadien de rappeler que « les modifications de Constitutions aux fins de confiscation du pouvoir  » qualifiées de « coups d’Etat rampants « , « débouchant sur des coups d’Etat militaires et des révoltes, souvent avec un soutien manifestement populaire ».

De nombreux chefs d’Etat dans la salle, qui se sont offert un troisième mandat voire plus en révisant la loi fondamentale de leur pays ou s’apprêtent à le faire ne pouvaient signer la déclaration de Malabo attendue. Et donc ont préféré se retirer sur la pointe des pieds sans attendre une cérémonie de clôture devenue sans objet.

Saouti HAIDARA

Source: L’Indépendant

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