La conduite d’une politique avisée a permis d’éviter le pire à l’hôtel de ville confronté à une évasion des recettes, asphyxiant les capacités d’investissement et annihilant l’amélioration des conditions de vie des travailleurs.
Avec son visage austère, le maire du District de Bamako, Adama Sangaré sait être, à l’occasion, direct et tranchant. Son franc-parler peut faire grincer quelques dents syndicalistes. Mais son rejet de la langue de bois et des fioritures stylistiques, dont les hommes politiques sont généralement friands, est très apprécié, surtout par les élus municipaux qui y voient une marque de probité intellectuelle. L’édile sait écouter et observer, mais n’hésite pas, à l’occasion, à dire tout haut ce que d’autres pensent tout bas. Aux syndicats maison qui se sont faits les haut-parleurs d’une amélioration significative des conditions de vie des travailleurs, il les a retourné la balle, en leur signifiant d’inviter plutôt leurs mandants à enfiler la tunique de la lutte contre l’évasion des recettes.
Surmonter l’épreuve de la trésorerie exsangue autorise des investissements nécessaires au développement. La mairie ne peut s’abandonner dans le matelas peu confortable de la coopération décentralisée. Pragmatisme et réalisme : voilà deux principes cardinaux qui guident l’action du maire. Nulle doctrine préétablie. Diriger, c’est choisir en fonction de quelques grands principes qu’on s’est fixés ; le reste est affaire de circonstances et de nécessités.
L’originalité du maire du District de Bamako ne se borne pas à vouloir traiter les problèmes l’un après l’autre, avec ordre et avec méthode (à chaque question, une réponse vraie ; à chaque problème, une solution réelle). Pour agir utilement et efficacement, il s’attache à éclairer et à convaincre. Informer les élus, les agents sous la bannière des syndicats et les citoyens, les renseigner, ne pas ruser, ne pas dissimuler la vérité ou les difficultés ; ne pas éluder les problèmes, car dans ce cas ils s’aggravent ; les prendre en face et les exposer loyalement pour que tous comprennent l’action. En somme, un style de communication érigée simultanément en vertu morale et en vertu politique, comme l’atteste le succès de la cérémonie de présentation des vœux du nouvel an au maire.
Mutations et maturations
2015 a été une année de souffrance et de résistance. Après la terreur née de l’attaque du Radisson, la stupeur. Les terroristes ont frappé au cœur et à la tête de Bamako. Leurs complices sont-ils dans la nature ? S’il est vrai que les fous de Dieu ne mourront pas de leur belle mort dans les maquis, le temps qui leur reste à vivre pourrait être fatal à des dizaines, voire des centaines de Maliens et d’étrangers vivant parmi nous. La mairie du District de Bamako a pleinement assumé son devoir de mémoire en observant une minute de silence.
Certes Adama Sangaré est convaincu que l’histoire doit avoir un sens, du moins à long terme, qu’elle chemine en direction du progrès. C’est aux hommes de peser sur elle, d’en accélérer les mutations et les maturations, d’œuvrer pour éviter les déséquilibres sources de misères et de malheurs et pour triompher le bien commun, « faire de Bamako la ville de nos rêves », pour piquer ce mot à un responsable syndical. A travers nombreux projets de développement ficelés sous son mandat, notamment la réhabilitation de la gare routière de Sogoniko, la reconstruction du Marché Dossolo Traoré, le port sec, le projet de tramway, la convention avec Ozone Mali, le projet d’appui à la formation professionnelle. De l’aveu de tous, les dossiers soigneusement préparés et minutieusement informés, il les dévore avec autant de facilité que de délectation.
Si nous avons capturé quelques projets majeurs du maire, il convient de rappeler dans quel inconfort et au milieu de quels procès d’intention s’est déroulée sa gestion des affaires de la cité. Presque jusqu’au bout Adama Sangaré fera figure d’intrus dans le cercle de famille Adéma. On ne cessera de lui sentir qu’il n’est pas du clan. De surcroit, il était fortement suspecté de rouler pour l’ancien Premier ministre Mandé Sidibé, à qui il vouait un profond respect, puis de son jeune frère Modibo Sidibé, du reste ancien Premier ministre et candidat à la dernière élection présidentielle. Ce qui lui a valu les foudres de Dioncounda Traoré, alors président intérimaire du Mali, qui l’a embastillé à Koulikoro. C’est donc au prix d’une lutte sans relâche que Sangaré a dû s’imposer, à force de détermination et d’opiniâtreté.
A présent, il cherche à maximiser tant la vigilance que les moyens d’action de la mairie visant à booster les recettes afin d’échapper aux filets d’une tutelle étouffante. En effet, bien de projets sont en souffrance, du fait du non accompagnement du gouvernement. On peut citer, entre autres, le tramway.
Georges François Traoré
source : L’ Informateur