Encore un mois de supplice pour le peuple résilient du Mali qui survit à l’embargo décrété depuis 9 janvier 2022 par les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO. Contre l’attente optimiste d’une bonne partie des Maliens, y compris des autorités de la Transition, l’organisation sous régionale a décidé hélas de maintenir ses sanctions qu’elle ne promet de lever progressivement que lorsque que les étapes du chronogramme de transition sont réalisées.
Si la CEDEAO laisse la porte ouverte afin de poursuivre le dialogue pour parvenir à un accord, côté officiel, on n’explique pas assez le faux bond de la CEDEAO d’autant que beaucoup de chefs d’État comme Macky SALL étaient partis à Accra pour voir les sanctions contre le Mali levées. Qu’est-ce qui s’est passé au juste ?
La version officielle diverge quant aux raisons du maintien de l’embargo. Pour le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, sans entrer dans trop de détails devant les militants du M5-RFP qui commémoraient le deuxième anniversaire du Mouvement, «on était à deux doigt de conclure un accord. Un grain de sable est venu perturbé la machine ».
Alors que pour le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye Diop, dépêché à Accra avec son homologue de l’Économie et des finances pour le sommet, dans une interview accordée à la télévision nationale (ORTM), deux raisons retardent principalement la levée des sanctions.
Selon lui, la Cédéao exige un chronogramme détaillé des actions à exécuter durant les deux ans et la mise en place d’un mécanisme de suivi. Le diable étant dans les détails, lisons les deux versions avant de nous faire une religion.
Dr Choguel Kokalla Maiga, lors du meeting du M5-RFP organisé le dimanche 5 juin 2022 au CICB
« On avait prévu de faire tomber le gouvernement en 10 jours. Grâce à la capacité de négociation et de discussion du président de la Transition nous sommes presque arrivés à terme. On était à deux doigst de conclure un accord. Un grain de sable est venu perturbé la machine.
Certains ont pensé, en réalité, après avoir cherché à punir notre peuple, certains veulent l’humilier. Mais en fait ils ne connaissent pas le peuple Malien.
Chaque fois qu’on a porté atteinte à son honneur et à sa dignité, il a trouvé les ressources internes pour se relever.
Je pense que les Maliens doivent faire preuve de patience et de faire confiance aux capacités de négociation du président de la transition, au respect qu’il a aujourd’hui à travers le monde malgré un certain narratif.
Nous devons le soutenir pour que ce qu’il arrive à conclure avec ses homologues que le peuple malien l’endosse et suit sa destinée sans hésitation pour restaurer l’honneur, la dignité, l’indépendance, la souveraineté, l’unité de notre peuple à la fin de la Transition ».
Abdoulaye Diop, Ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, interviewé par l’ORTM dans le JT du dimanche 5 juin 2022
« Je peux vous dire le chronogramme n’est pas un secret. Il est axé autour d’un certain nombre d’élément.
Nous avons toujours indiquer qu’il était important de procéder à la réforme du système électorale. Un projet de loi électorale est déjà déposé sur la table du Conseil national de Transition. Ce projet de loi intègre aussi la question de l’organe unique de gestion des élections. Ça c’est un élément important. L’autre élément c’est l’écriture d’une nouvelle Constitution. Le reste des paramètres c’est l’organisation des différents scrutions au niveau local, communal, régional. Mais aussi l’organisation d’élections législatives qui doivent être couronnées vers la fin du processus de Transition par l’élection présidentielle. Voilà les grandes reformes contenus dans ce chronogramme.
Il se trouve qu’il y a des éléments complémentaires dont les chefs d’État ont besoin qui ont train essentiellement aux détails du chronogramme qui est disponible au niveau des autorités maliennes déjà mais aussi au mécanisme que le gouvernement lui-même avait demandé qu’on puisse mettre en place un mécanisme conjoint qui est piloté par le gouvernement du Mali, mais ouvert à la CEDEAO, à l’Union africaine, aux Nations-unies pour nous permettre de procéder à un suivi régulier de la mise en œuvre de ce chronogramme.
Nous comprenons que des informations détaillées sont attendues par rapport à ça pour pouvoir lever les sanctions ».
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin