En décembre 2014, cinq pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) signaient une convention qui donnait naissance à un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité, le G5 Sahel. Sept ans après, quelles avancées ? Le Burkinabé Mahamadou Sawadogo, expert sécurité et spécialiste de l’extrémisme violent dans le Sahel, nous répond.
Après sept ans d’existence, quelle bilan pour le G5 Sahel ?
Le G5 Sahel suscite encore plus d’interrogations et d’inquiétudes qu’il ne propose de solution. Tant à cause de son opérationnalisation, qui se fait attendre, que du manque d’investissements. Il a même été obligé d’amener son siège hors de sa zone d’intervention.
Aujourd’hui, le G5 Sahel est toujours en construction. Il n’a pas atteint sa vitesse de croisière. Et il n’est pas encore sur la voie de la réussite. Il doit être refondé. Dans sa formule actuelle, il n’est pas du tout adapté à ses objectifs. D’ailleurs, dès sa création, il a été dépassé par la menace terroriste, très mobile et sans cesse changeante.
Qu’est-ce qui freine sa réussite ?
C’est dès sa conception qu’il a failli. Le G5 Sahel, une organisation sous-régionale, s’est voulu une organisation fermée, propre seulement à cinq pays sahéliens. Ces pays ont manqué de vision, parce qu’ils n’ont pas ouvert leur statut de telle sorte que d’autres, qui allaient être touchés par les mêmes menaces qu’eux, puissent l’intégrer. Il faudra revoir son statut et les pays qui le composent pour attirer beaucoup plus de bailleurs.
Un autre handicap du G5 Sahel réside dans le fait que chaque président à son propre agenda. Cela fait qu’on a des intérêts particuliers en fonction des pays et qu’il n’y a pas d’action coordonnée et de coopération franche
Selon vous, comment le G5 doit-il évoluer pour le retour de la paix au Sahel ?
Pour évoluer, le G5 doit s’ouvrir à tous les autres pays qui sont en train d’être touchés par la menace terroriste. Je parle notamment des pays du Golfe de Guinée, qui en plus d’être assez solides sur le plan financier attirent aussi les bailleurs. Cela permettra au G5 Sahel de résoudre les questions de financement, de traiter de façon holistique la menace terroriste et de ne pas la limiter au Sahel, puisqu’elle s’est désormais étendue aux pays du littoral. Ensuite, il faudra faire en sorte que chaque pays dispose d’une vraie armée G5 Sahel ou qu’on mette sur pied une armée conventionnelle forte, qui va répondre au nom de l’ensemble des pays.
Propos recueillis par Aly Asmane Ascofaré
Source : Journal du Mali