Des mercenaires de la sulfureuse société paramilitaire russe Wagner se déploient au Mali. Le Grand-Duché fait part de son inquiétude.
Les mercenaires russes de la sulfureuse société paramilitaire Wagner ont entamé leur déploiement au Mali, avec l’aide de Moscou, ont dénoncé jeudi une quinzaine de puissances occidentales impliquées dans la lutte antijihadiste et la formation des soldats dans ce pays. Pour autant, les signataires ne menacent pas directement Bamako d’un départ des forces étrangères, alors que la France notamment prévenait jusqu’ici que l’arrivée sur le territoire malien des paramilitaires de Wagner serait «incompatible» avec le maintien des soldats français déployés au Mali.
«Nous (…) condamnons fermement le déploiement de mercenaires sur le territoire malien», soulignent dans un communiqué commun ces pays dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Canada, en dénonçant «l’implication du gouvernement de la Fédération de Russie dans la fourniture d’un soutien matériel au déploiement du groupe Wagner au Mali». Vendredi matin, le Luxembourg par voie de communiqué, fait savoir qu’il «partage les préoccupations exprimées et s’y associe pleinement».
«Un chiffre significatif de mercenaires»
Selon une source gouvernementale française, «on constate aujourd’hui sur place des rotations aériennes répétées avec des avions de transport militaires appartenant à l’armée russe, des installations sur l’aéroport de Bamako permettant l’accueil d’un chiffre significatif de mercenaires, des visites fréquentes de cadres de Wagner à Bamako et des activités de géologues russes connus pour leur proximité avec Wagner». Mercredi, le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait déjà mis en garde le Mali contre des conséquences financières et une déstabilisation du pays, déjà en proie aux violences, si le gouvernement recrutait Wagner, un groupe réputé proche du Kremlin.
«Nous regrettons profondément la décision des autorités de transition maliennes d’utiliser des fonds publics déjà limités pour rétribuer des mercenaires étrangers au lieu de soutenir les forces armées maliennes et les services publics au bénéfice du peuple malien», et «appelons la Russie à se comporter de manière responsable et constructive dans la région», insiste le communiqué également signé par une dizaine de pays européens engagés aux côtés de Paris dans le nouveau groupement de forces spéciales Takuba, qui doit aider l’armée malienne à monter en puissance.
«Actions de déstabilisation»
«Ce déploiement ne peut qu’accentuer la dégradation de la situation sécuritaire en Afrique occidentale, mener à une aggravation de la situation des droits de l’homme au Mali», déplorent-ils, dans une référence à peine voilée à la présence de Wagner en Centrafrique, où la société est accusée d’exactions et de pillage de ressources minières. L’Union européenne a sanctionné lundi le groupe Wagner ainsi que huit personnes et trois sociétés qui lui sont liées pour les «actions de déstabilisation» menées dans plusieurs pays d’Afrique, dont le Mali, et en Ukraine.
Les pays occidentaux demandent également à la junte malienne d’organiser «des élections dans les meilleurs délais» pour rendre le pouvoir aux civils, mais qui traîne des pieds pour présenter un calendrier de transition, au grand dam des membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Source : L’essentiel