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Macron à Ouaga : la Françafrique dans tous ses états : «Du coup, il s’en va… Reste là ! Du coup, il est parti réparer la climatisation…»

Voilà comment le Président français s’adresse à son homologue. Il le tutoie publiquement et lui dicte de rester. Devant son peuple et sur sa terre natale. Dans quel autre pays du monde Macron oserait parler de la sorte? Ni au Viêt-Nam, ni en Algérie, en tout cas. Mais comme ce sont ses sous-préfets, il se le permet. Tant que les nôtres acceptent de se faire couronner à Paris pour le fauteuil présidentiel, ce sera ainsi. Ils avaleront toutes les humiliations qui démontrent qu’ils ne sont absolument rien.

C’est devenu une mode chez les Présidents français. De Sarkozy avec son fameux discours à Dakar, passant par Hollande qui a promis la mort de la Françafrique, et maintenant le «néo Napoléon» de Macron. Leurs coups de gueule ne se font plus en France. Ils viennent en Afrique vomir sur nos têtes le reste de ce qu’ils ont mis dans leurs ventres grâce à nos ressources et à nos soi-disant dirigeants. Quand c’est permis à tous, pourquoi ne pas se le permettre aussi ? Macron devrait éprouver un malin plaisir à voir des gens qui ont l’âge de son père ramper sous ses pieds !

En héros et en terrain conquis, ils viennent s’adresser à la jeunesse africaine, alors qu’ils ont la leur qu’ils évitent et qui prend d’assaut les grandes villes du pays suite à des réformes impopulaires. Ils sont si prolixes et habiles lorsqu’il s’agit d’accuser nos dirigeants de la partie noire du continent de tous les maux et tares, sans oublier de mettre en branle leurs ONG et mass-médias qui ne sont que les pieds de la même table. De grandes machines de manipulations et de mensonge odieux. Oui, nos dirigeants ne sont pas des saints, ils sont eux-mêmes la cause de beaucoup de malheurs qui arrivent à nos pays par leur comportement de béni-oui-oui.

Cependant. A-t-on jamais vu un Président français parler ou remettre en cause la politique que mènent en Afrique noire les multinationales françaises comme Aréva, Total, Bolloré ou Bouygues ? Dans leurs discours africains, ils les oublient jusqu’à leur existence, on dirait qu’ils ont des trous de mémoire à propos. La majorité de la classe politique française préfère ne jamais parler des méthodes par lesquelles le continent est sucé et qui regroupent l’ensemble de ces multinationales et nos pseudo-dirigeants.

Il faudrait que les Africains comprennent une chose simple : quand il s’agit des problèmes de nos pays, les Européens parlent volontiers des conséquences, mais jamais des causes. Allons terre à terre :

Un pays francophone, puisqu’il s’agit précisément de cette zone, vend une matière première dont le prix d’achat est fixé de la façon la plus dérisoire. Si ça coûte 10 francs sur le marché mondial, pour l’Afrique noire, c’est 3 francs. Une fois vendue, plutôt bradée, la France tend ses mains pour récupérer 50% dans le cadre des accords du CFA. La Banque mondiale et le FMI viennent à leur tour frapper aux portes de la caisse pour le remboursement des dettes. Le réseau françafricain, qui comprend toute la pègre politique française, s’active à son tour autour de la cagnotte pour avoir sa part du gâteau.

Au niveau de nos Etats, il reste donc des miettes que les nôtres volent pour se bâtir des châteaux et fortunes en France. En ce moment, Paris les laisse faire, fermant les yeux, malgré qu’elle se pose en grand combattant de la lutte contre la corruption. Car après, les juges français entrent aussi en action, en les accusant de cette même corruption, pour confisquer tout ou presque tout ce qu’ils ont investi ou logé dans les banques occidentales. Finalement, la matière première est partie à vil prix, puis rien n’est là. Le tour est ainsi joué sur la tête des Africains naïfs !

C’est justement pour maintenir ce système que Paris a toujours sa bouche dans nos affaires, qu’elle parle de démocratie, des droits de l’Homme, d’alternance tout en accordant son soutien indéfectible à ses «bons élèves» par tous les moyens, même si ceux-là font des décennies au pouvoir ou tentent de modifier la Constitution pour un troisième mandat. Qu’elle allume à grand feu toute la machine médiatique d’intoxication, qu’elle fait des promesses jamais tenues pour caresser les Africains tels des bêtes de somme dans le sens du poil, en veillant sur le choix à la tête de nos pays des hommes de main, entendez donc des sous-préfets au sens propre du mot, qui défendent avec bave à la bouche ce système. Les intrus, ainsi que tous ceux qui sont susceptibles de l’ébranler tant soit peu ne sont pas acceptés dans cet enclos. Voici toute la Françafrique.

Tant que les choses sont ainsi, l’Afrique noire restera comme telle. On prononce aux oreilles du malade l’appellation du médicament, au lieu de le lui donner. C’est bénéfique, surtout avec une Afrique qui avale le vent à la place des comprimés !

L’attitude des étudiants burkinabè est étrange à plus d’un égard. Sous leurs applaudissements difficiles à comprendre, c’est tout un peuple, tout un continent qui ont été humiliés lors des moments qualifiés de «forts» du discours de Macron. Cette honte n’inquiète point nos dirigeants qui ont déjà fait leur choix, celui de servir la métropole quoi qu’il advienne, coûte que coûte et vaille que vaille. L’opprobre revient donc à la masse qui acclame sans le savoir.

Il faut dire aussi que la France est devenue une nation qui semble en déroute politique, ou que, fatiguée de ses guignols, elle ne sait plus où donner de la tête. Autant qu’il le pouvait, Sarkozy a mis ses deux pieds dans la soupe de dîner des Français. L’électorat s’est vite débarrassé de lui. Hollande dont on a dit qu’il était «normal» a su dénormaliser par la suite les attentes qu’il a préféré ne pas briguer un second mandat pour éviter la honte. Maintenant c’est Macron qu’on a trouvé jeune et dynamique. «Napoléon» le jour, gérontophile la nuit qui conseille aux autres de faire moins d’enfants. En quelques mois, il a commis plus de gaffes et de sorties scandaleuses. En somme, il n’est pas encore prêt à s’arrêter. Il veut prouver à tous tout son sérieux comique !

Ce ne sont pas sur des aides ou sur des discours creux d’hommes politiques français que l’Afrique francophone accédera à une meilleure vie. Son salut viendra de sa propre détermination à être une Nation libre et prospère. Et cette détermination, à son tour, ne viendra jamais de la classe politique actuelle qui est le fruit du statu quo, mais de la jeunesse consciente dont l’avenir est hypothéqué.

Même s’il pleut abondamment sur les feuilles de l’arbre, qui ne veut pas puiser cette eau de ses racines pour en faire la sève vitale à son existence, la fraîcheur qui lui est apportée n’aura qu’un effet éphémère. Quand les racines ne sont pas actives, les branches se dessèchent, la pluie n’y peut rien.

Autrement dit, si la jeunesse et la classe intellectuelle restent inactives, l’Afrique noire sera toujours le bois dans la cheminée des autres pour chauffer leurs maisons.

Sekou Kyassou DIALLO

Alma Ata, KAZKHSTAN

Le Reporter

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