Les salamalecs d’usage terminés, le Premier ministre doit à présent monter au front. Les défis sont nombreux, les conjonctures diverses. Le Mali et les Maliens attendent que les choses bougent.
Les présidents nouvellement élus ont toujours une période de grâce. L’opinion leur accorde traditionnellement cent jours pour s’imprégner, prendre le pouls du pays, comprendre les dossiers chauds, se familiariser avec l’orthodoxie républicaine et lancer la machine. Ce n’est pas le cas d’un Premier ministre. La déclaration de politique générale passée, il doit être sur tous les fronts et jeter les bases de la concrétisation des grands projets présidentiels ainsi que les chantiers chers à son équipe. Moussa Mara est tenu de réussir.
Il doit taire les grognements de ses compatriotes. Il doit rassurer tous ces maliens incrédules face à l’achat mal expliqué d’un camion de commandement pourtant utile, incrédules face à la manière dont les strapontins ont été partagés à l’Assemblée nationale, incrédules face à l’absence d’actes forts depuis septembre dernier, incrédules face à un « bonheur » qui s’éloigne et à une « fierté » que les groupes armés terroristes veulent écorner.
Moussa Mara n’aura ni l’excuse du débutant ni celle d’un opposant devant faire face aux caciques du Rpm. Il doit d’emblée porter ses galons de Premier ministre et non se contenter des privilèges de Premier des ministres. Un Premier ministre est un paravent, un parapluie pour le Président. Il doit le mur des lamentations, le réceptacle des humeurs du peuple, la cible des détracteurs du président, le preneur de coups mais surtout le jardinier des rêves du Président. Elu pour cinq ans, Ibk souhaiterait être réélu et dans cette optique, le gouvernement de Moussa Mara doit briller par des réalisations concrètes à l’opposé de la situation actuelle plus favorable à une opposition satisfaite des tâtonnements du pouvoir. Un bon Premier ministre protège le Président. Ibk l’a fait pour Alpha Omar Konaré, Mara pourra t-il le faire pour lui ? C’est en tous cas ce que le Président attend de ce « digne fils ».
Le peuple est pressé. Le peuple veut voir sortir de terre des chantiers. Il veut « manger » la croissance. Il a porté au pouvoir un homme qui a pris « des engagements » qu’il réalisera même s’il avait pris le soin d’ajouter « in cha Allah ». Moussa Mara, au vu de sa déclaration de politique générale, connait bien le Mali d’en bas. Il revient de servir ce peuple qui assiste stupéfait à la valse du Mali qui danse. A l’instar du Premier ministre, l’on dira que « les maliens n’ont pas voulu sous traiter leur bonheur d’où l’élection d’un Président foncièrement ancré dans la préservation de la fierté de son peuple ».
Autre presse