Loin de blâmer le travail des services pénitentiaires voire judiciaires, mais les lynchages collectifs récurrents dans nos sociétés semblent être une réponse à la défaillance de notre chaîne de justice, maillon essentiel de stabilité sociale. Des actes de lynchages produits la semaine dernière au grand marché de Bamako occasionnant la mort de 3 présumés voleurs par une foule déchaînée suscitent de vives réactions et interpellent toutes les sensibilités du pays à la responsabilité.
Ces derniers moments, les sentiments de frustrations sont perceptibles dans les comportements de beaucoup d’habitants vivants dans la capitale par le fait de la récurrence des braquages en main nue et en pleine journée dont ils sont victimes à longueur de journée. Mais qu’à cela ne tienne, il devrait y avoir d’autres procédures pacifiques à mener afin d’éviter au pays d’être négativement pointé du doigt. En effet, le regard de toute une nation se repose sur sa justice.
Et sa bonne marche pourrait dissuader le citoyen lambda à ne pas se sentir ignoré par la justice de son pays encore moins d’avoir la prétention de la rendre pour soi-même qui se termine très souvent par des scènes horribles. Au-delà, des paisibles innocents pourraient malgré eux, y être victimes par erreur collective.
Par ailleurs, ce qui semble rendre l’atmosphère invivable c’est de voir des bandits de grand chemin enfermés pour avoir dépossédé des personnes de leurs biens puis aussitôt relâchés sans avoir purgé des peines qui leur sont infligées et ce, pour des motifs flous voire inconnus. ” Tu les remets à la police, le lendemain tu les retrouveras sur ton chemin en train de commettre d’autres crimes plus odieux “, rétorquent certains pour justifier leurs positions sur la question.
Certainement, ces manquements constatés dans les dysfonctionnements de l’appareil judiciaire motiveraient de lynchages collectifs contre des présumés voleurs qui sont abattus à sang sans aucune forme de procès et d’autres sont aussi brûlés vifs sous des regards défaillants des policiers sensés les emmener en prison.
Pour rappel, le mercredi dernier au grand marché de Bamako, trois présumés voleurs auraient été battus à mort par une foule en colère qui les accuse d’avoir tenté de déposséder un citoyen de ses biens. En terme clair, cette posture peu enviable visant à se faire de la justice ne saurait être la solution à moins que ces présumés voleurs abattus auraient des complices qu’il fallait faire sortir de leurs derniers retranchements.
De quoi interpeller les autorités à mettre un terme à l’impunité afin d’assurer la protection des personnes et de leurs biens. Toute chose qui permettrait à la fois, d’instaurer un climat de confiance entre la population et les tenants de la justice. Sinon à cette allure, le Mali n’est pas encore loin de s’embourber dans une anarchie totale, un pays mal vu en matière de préservation des droits de l’homme à l’international.
Yacouba COULIBALY
Source : L’Alternance