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Lynchage du sergent de police Konaté : Qu’est-ce qui s’est réellement passé ?

C’est la grosse interrogation qu’on se pose sur l’altercation qui a failli tourner au drame à l’ACI 2000, le jeudi 10 août 2017, entre le Sergent de police Aboubacar Konaté, le jeune Demba Dembélé et sa tante Déa Dao.  

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Selon des témoignages recueillis sur place, le Sergent de police Aboubacar Konaté a demandé à Déa Dao de lui donner son numéro de téléphone. Ce que la dame a refusé. Le policier à moto qui ne désarme pas, vient se garer devant elle. Des échanges chauds ont eu lieu au cours desquels le Sergent gifle la jeune dame avant de continuer son chemin. Furieuse, la dame et son neveu à moto également sont venus percuter le sergent de police devant l’établissement scolaire Technolab. En ce moment, le policier en question attendait un cadre de cette école à qui, il avait auparavant demandé une somme de 4 500 FCFA pour compléter les frais d’ordonnance d’un parent malade. Selon un vigile, la dame a commencé à crier sur le porteur d’uniforme en le montrant comme un voleur. Le vigile tente de dissuader que ce n’est pas un voleur. Mais, la jeune dame a continué à vociférer sur le policier, et le neveu de la dame arrache le sac accroché à la moto du policier. Devant la foule qui s’agglutinait, le policier a voulu se frayer un chemin en tirant deux coups de feu en l’air. Dans sa fuite, il est tombé à terre.

Toujours selon les témoignes du vigile, c’est en ce moment que la dame a jeté un caillou sur la tête du porteur d’uniforme. Face à la détermination du neveu de la dame, le jeune Dembélé, de ne pas le laisser partir, le policier lui loge une balle dans l’omoplate. Le jeune Dembélé laisse le sergent de police mais garde son sac. Blessé, il court pour se réfugier dans la cour de l’école avant de sortir pour prendre un taxi en direction de l’hôpital, toujours en possession du sac.

Le policier est poursuivi par la clameur publique. Il arrive devant une maison à l’ACI 2000 gardée par Abdoulaye Sanogo et lui crie : « Je suis un policier. Les gens me poursuivent, me prenant pour un voleur. Je ne suis pas un voleur », a-t-il lancé à l’endroit du gardien. Face au refus du gardien, le sergent le cogne à la tête avec la crosse de son arme et pénètre dans la maison. Ensuite, il escalade les murs pour se réfugier dans une autre maison. Il est retiré de sa cachette par la foule qui commence à le lyncher. Informé, le commissaire du 14èmearrondissement dépêche une équipe sur place. Pour contenir la foule, une autre équipe est rapidement envoyée sur les lieux. Les flics arrivent à extraire leur collègue des mains de la foule. Gravement blessé, il est conduit à l’hôpital Gabriel Touré.

Aux dernières nouvelles, le sergent Konaté est sorti du coma dans la journée du vendredi dernier. Selon le commissaire du 14ème arrondissement qui lui a rendu visite deux fois dans la journée du vendredi, l’état du blessé s’est amélioré en dépit de quelques complications.

Dans l’après-midi du même vendredi, la dame était dans les locaux du commissariat en compagnie de son mari pour être entendue. Il ressort des informations recueillies çà et là et auprès des autorités policières, que le sergent de police Konaté n’est ni un voleur, ni un brigand contrairement aux informations véhiculées sur les réseaux sociaux. Les informations selon lesquelles le policier aurait pris le porte-monnaie de la dame n’ont pas été confirmées de source officielle.

L’amélioration de l’état du policier, permettra à l’enquête ouverte d’aller plus vite de faire éclater toute la vérité au grand bonheur des populations.

Affaire à suivre 

C. Doumbia

 

Justice populaire dans les rues de Bamako     

Attention au règlement de comptes ou à l’amalgame

La justice populaire est de retour dans les rues de la capitale malienne. Les voleurs sont rattrapés et brûlés vifs par des masses déchaînées. Le nom de code de cette pratique qui remonte aux années 1991, au temps fort de la révolution malienne, est “l’Article 320” qui signifie 300 FCFA pour le litre d’essence et 20 FCFA pour la boîte d’allumette pour mettre le feu au présumé voleur. La pratique est le résultat d’une justice corrompue et mal distribuée.

Les présumés voleurs sont soumis à la vindicte populaire. Le phénomène prend de l’ampleur dans le district de Bamako où il ne se passe pas une semaine sans voir des photos d’êtres humains en flamme sur les réseaux sociaux ou dans les journaux.

Les statistiques et rapports policiers sur le nombre de voleurs lynchés et brûlés vifs sont effarants. Selon Siaka Bouran Sidibé, une trentaine de coupables ont été brûlés vifs depuis le début de l’année 2016. « À une situation barbare, il faut une solution barbare. Les gens n’ont plus confiance en la justice donc vivement la justice populaire. Quand la société crée des intouchables à cause de leur portefeuille, la justice brulera le portefeuille ».Certains pensent que les Maliens doivent tout faire pour que leurs gouvernants reviennent sur l’application de la peine de mort pour dissuader les grands criminels et les grands délinquants financiers qui détournent les maigres ressources du pays.

Par ailleurs, si certains frustrés contre l’impunité et l’injustice s’adonnent à cette pratique pour se rendre justice, d’autres par contre l’utilisent pour régler leurs comptes. Précisément, les bandits ou les voleurs s’organisent pour crier au voleur à certaines personnes qui ont été les bourreaux de leurs camarades. Leur stratégie est de provoquer la personne pour ensuite crier au voleur.

La personne innocente sera lynchée et brulée sans que les gens ne se rendent compte qu’elle est victime d’un règlement de comptes. La preuve, le vendredi dernier, le journal hebdomadaire « Le Malien » a fait cas d’un journaliste poursuivi par trois personnes se déclarant de la Sécurité d’Etat. Arrivés au quartier de Dravéla, ces individus mal intentionnés ont crié au voleur. Comme il fallait s’y attendre, les coups ont commencé à pleuvoir sur Baladji Traoré, un journaliste de surcroît. Heureusement pour l’homme de media, un jeune garçon l’a reconnu et s’est mis à crier à l’endroit de la foule que ce n’est pas un voleur mais plutôt un fils du quartier. C’est comme cela que les coups se sont arrêtés et que le journaliste a eu la vie sauve. Au cas où Baladji Traoré n’avait pas eu la chance d’être reconnu par quelqu’un, il aurait été brulé vif, car ces trois individus supposés membres de la sécurité d’Etat voulaient régler leurs comptes avec lui.

Au mois de juin dernier, un autre jeune homme a été lynché et brulé à Magnambougou, car il avait été confondu avec un voleur. Pendant qu’il était en  train d’être brulé, un de ses amis arrivé sur place a crié en direction de la foule, que le voleur vient de s’enfuir avec la moto de l’innocent en feu. C’était l’émoi total, car le jeune a rendu l’âme et sa moto a été emportée.

En résumé, l’Etat doit prendre des mesures urgentes contre cette justice populaire mais aussi, rassurer la population en rendant la justice de façon équitable et correcte. Sans cela, beaucoup d’innocents risquent d’être lynchés et brulés vifs car les bandits ne manquent pas de stratégie pour se protéger contre l’article 320.

Modibo L. Fofana

Le challenger

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