Vivant loin de sa mère patrie, le Burkina Faso, l’ancien ministre des affaires étrangères, Djibrill Bassolé, multiplie les activités diplomatiques. Il a, de ce fait, sillonné en toute discrétion l’Afrique de l’Ouest, Abidjan, Lomé et Abuja, rapporte notre confrère Africa intelligence.
Condamné pour atteinte à « la sécurité de l’État, trahison et intelligence avec une puissance étrangère » dans l’affaire du putsch manqué mené par le RSP, l’ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré, Djibril Bassolé, veut à nouveau peser dans le jeu régional, et au-delà mettre à profit son expérience de médiateur et de diplomate. Selon Africa intelligence, depuis son évacuation sanitaire en janvier 2021 à Paris, l’ancien ministre du Burkina Faso orchestre une activité diplomatique parallèle aussi intense que discrète.
Il aurait échangé à plusieurs reprises au téléphone avec le lieutenant-colonel Paul Damiba, depuis le coup d’Etat de janvier 2022. « (…) Bassolé partage ses vues et distille ses conseils au nouvel homme fort du pays dans le cadre de ses discussions avec la CEDEAO ; une organisation qu’il connaît particulièrement bien de l’époque où il était le chef de la diplomatie de son pays », affirme Africa intelligence qui indique que dans l’ombre, ces dernières semaines, il a également joué le « go-between » entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.
Ceci, dans l’optique de relancer le traité d’amitié et de coopération signé en juillet 2008 par l’ancien président Ivoirien Laurent Gbagbo et son homologue du Burkina Faso, Blaise Compaoré. Et pour un rapprochement sécuritaire « en bonne et due forme », l’ancien ministre préconise l’organisation d’un sommet conjoint à Korhogo, un carrefour stratégique entre la Cote d’ivoire, le Mali et le Burkina Faso, a déclaré Africa intelligence.
Après la Côte d’Ivoire, Bassolé s’est rendu à Doha, le 24 mai, où il a prêté main-forte à la diplomatie du Qatar engagée dans une médiation entre le gouvernement tchadien et une cinquantaine de groupes rebelles, puis a N’Djamena, en juin 2021, où il avait été reçu par le président de la transition Mahamat Idriss Deby.
Durant leur tête-à-tête, révèle notre confrère, le Burkinabè avait évoqué l’expertise de Doha en matière de médiation internationale. Alors que le Qatar rêve à terme et depuis plusieurs années de jouer les médiateurs au Sahel et en particulier au Mali, Bassolé constitue, selon Africa intelligence, un atout diplomatique non négligeable en Afrique de l’Ouest. Mais pour l’instant, le sujet de son retour agite les cercles de pouvoir de Ouagadougou.
Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net