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Lutte contre l’insécurité alimentaire : DES INITIATIVES LOCALES A L’APPROCHE SOUS-REGIONALE

L’ampleur et la fréquence des crises alimentaires au Sahel font que la sécurité alimentaire d’un pays ne peut pas être assurée uniquement dans les limites de ses frontières

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Bamako abrite depuis hier un atelier sous-régional de sélection d’initiatives d’exploitations familiales pour une capitalisation active. La rencontre de deux jours est initiée par le groupement GRDR/AMASSA, en partenariat avec la Coordination nationale des organisations paysannes (CNOP). Elle rentre dans le cadre de la mise en œuvre du projet pour l’émergence d’un dialogue politique concerté sur la sécurité alimentaire dans les territoires transfrontaliers du Mali, de la Mauritanie, du Sénégal, du Niger et du Burkina Faso (DIAPOCO).
Le projet entend valoriser les dynamiques locales de production, transformation et commercialisation des ressources agro-pastorales afin de contribuer à l’émergence d’une gouvernance inclusive des politiques publiques de prévention de l’insécurité alimentaire dans ces 4 zones transfrontalières sahéliennes. DIAPOCO se focalise sur des zones frontalières entre le Sénégal, la Mauritanie, le Mali d’une part et le Niger et le Burkina Faso d’autre part qui ont été en état d’insécurité alimentaire sévère en 2012. Il s’agit de régions rurales à plus de 80%, dominées par une agriculture familiale, combinant céréaliculture pluviale, élevage, maraîchage et activités extra-agricoles.
L’ampleur et la fréquence des crises alimentaires au Sahel font que la sécurité alimentaire d’un pays ne peut pas être assurée uniquement dans les limites de ses frontières. Les échanges transfrontaliers et sous régionaux sont aujourd’hui nécessaires pour faciliter la disponibilité en alimentation en fonction des zones de production et ainsi assurer la sécurité alimentaire des populations.
C’est cette dimension que le projet se propose de développer grâce à la multiplication d’échanges et expérimentations entre organisations paysannes (OP) et élus locaux grâce à l’amélioration de la production des exploitations familiales agro-pastorales, la diversification de la consommation alimentaire des ménages vulnérables et la création d’alliances au sein de ces zones en construisant un argumentaire basé sur les réalités afin de mener le plaidoyer nécessaire à la prise en compte de solutions adaptées à ces zones transfrontalières.
Le projet est mis en œuvre par un consortium : CCFD-Terre solidaire, Grdr, ACSSA-Afrique Verte Niger, Aprossa-Afrique Verte Burkina et AMASSA Afrique Verte Mali.
Il prévoit de capitaliser les expériences menées par les organisations paysannes en matière de gouvernance territoriale, de production, de transformation et de commercialisation de produits agro-pastoraux. Pour ce faire, il a été réalisé de concert avec les bénéficiaires un recensement des initiatives menées par ces derniers. Une première appréciation de ces initiatives a été effectuée lors d’ateliers nationaux dans les cinq pays pour un choix définitif des initiatives répliquables. D’où cette rencontre sous-régionale regroupant les acteurs des 5 pays d’intervention du projet. La cérémonie d’ouverture était présidée par le commissaire à la Sécurité alimentaire, le Dr. Nango Dembélé. Elle s’est déroulée en présence du coordinateur du projet, Demba Sow, et des délégués des 5 pays concernés par le projet.
La rencontre de Bamako est conçue comme un espace d’échanges et de valorisation d’expériences des exploitations familiales en matière de sécurité alimentaire, a expliqué Demba Sow. Ce premier atelier transnational constitue également une opportunité pour les acteurs des deux zones transfrontalières (Burkina-Faso et Niger) de mieux se connaître et de développer des liens étroits entre OP, faîtières et réseaux sous-régionaux. La rencontre permettra d’identifier les facteurs favorisant ou défavorisant la viabilité des agricultures familiales.

ENJEUX LOCAUX CRUCIAUX. Ces initiatives sont d’autant plus pertinentes qu’elles répondent à des enjeux locaux cruciaux de 5 pays du CILSS, a souligné le commissaire à la sécurité alimentaire. L’atelier s’inscrit dans le cadre stratégique de sécurité alimentaire durable du CLISS, dira Nango Dembélé.
Ce projet cherche à résoudre une équation d’apparence simple : comment définir les politiques publiques agropastorales à travers la mise en valeur de ce que l’on sait faire dans nos villes et villages ? D’approche facile à priori, sa complexité se mesure à la réalité des politiques en cours en Afrique, estime Nango Dembélé. L’implication des mouvements paysans dans le processus de définition des politiques est récente et reste perfectible notamment dans sa dimension de participation et de mobilisation locale des forces vives dans les campagnes.
L’innovation majeure du présent projet, explique Nango Dembélé, est qu’il favorise, d’une part, le dialogue fécond à un niveau décentralisé entre élus locaux et organisations paysannes pour la prise en charge de l’insécurité alimentaire. D’autre part, il incarne l’exercice d’articulation des enjeux locaux aux politiques publiques. Cette approche de la sécurité alimentaire, reste un levier important pour aborder l’insécurité alimentaire en s’attaquant aussi bien à ses déterminants conjoncturels qu’à ses déterminants structurels, estime t-il.
Les plus graves crises de la dernière décade sont celles liées à la hausse des prix de 2008 et aux crises de 2010, 2012 et 2014 liées au déficit pluviométrique. Face à ces chocs, souligne Nango Dembélé, les Etats ont toujours été aux cotés des populations. Cependant, il importe de son point de vue, de reconnaître les capacités et formes de résilience qui ont été développées par les populations elles-mêmes notamment en milieu rural. Ce terreau d’initiatives locales qui est une conjugaison multifactorielle d’actions réelles initiées par les populations constitue un substrat approprié pour les politiques au niveau de nos différents pays.
La définition et la mise en œuvre des politiques, notamment dans le secteur de la sécurité alimentaire, nécessitent un préalable qui est en soi un chantier à entretenir en permanence. Nango Dembélé citera à cet effet la paix. L’originalité du présent projet réside dans le fait qu’il couvre les zones transfrontalières de plusieurs pays. La prise en compte, dit-il, de cette dimension a un double mérite. D’une part, elle met en évidence des échanges transfrontaliers dans les stratégies locales de sécurisation alimentaire. D’autre part, la tenue d’évènements de ce genre à l’échelle des pays et des organisations de la société civile locale est un facteur concret de connaissances mutuelles, d’intégration sous régionale de cohésion sociale et de consolidation de la paix. « L’amélioration des conditions de vie des populations au Sahel fait partie des priorités. Il est donc impératif d’y parvenir, car les récents naufrages d’embarcations de fortune avec leur lot de pertes de vie de notre jeunesse est une interpellation à la conscience collective », a lancé le ministre.
Il a invité les participants à apprécier le génie des acteurs locaux et à sélectionner avec soin les initiatives les plus pertinentes pour servir de modèle dans l’élaboration des politiques et programmes.

M. A. TRAORE

SOURCE : L Essor
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