La mairie de la commune VI du district de Bamako a abrité, ce samedi 25 août 2018, la troisième séance du projet d’information et de sensibilisation de la Fédération nationale des collectifs d’organisations féminines du Mali (FENACOF-Mali), sur les mutilations génitales famines (MGF). Le thème de cette séance, qui rentre dans le cadre de la campagne d’information et de sensibilisation lancée depuis mai 2018, en communes V et IV du district de Bamako, est « la lutte efficace contre les MGF passe par les femmes et les filles, engageons-nous pour l’éliminer ». Un thème largement apprécié par son importance.
Étaient présents : Mme Kadiatou Togola, coordinatrice du projet ; Mme Assetou Touré, panelliste Sini Sanuma, un représentant du RECOTRADE commune VI (djelitonba), un représentant religieux, Imam Hamidou Diallo, la représentante du maire de la commune VI et beaucoup de personnes ressources comme Mme Dembélé Oulématou Sow, entre autres personnalités.
Beaucoup de nos pratiques culturelles sont à préserver grâce au rôle important qu’elles continuent de jouer dans notre société, allant de l’apaisement du climat social à l’entraide et le vivre ensemble, mais en contrepartie, beaucoup d’autres sont à bannir, parmi lesquelles les mutilations génitales féminines (MGF) dont l’évolution de la médecine a permis de savoir les multiples conséquences qui y sont liées.
L’objectif de ce projet de la FENACOF, selon Aïssata Bocoum chargée de la Communication, c’est de faire cesser cette pratique séculaire qui n’est plus d’actualité. 89% des femmes exercent encore cette pratique malgré le combat acharné du programme de lutte contre l’excision (PLE) initié depuis 1999 par le gouvernement de la République du Mali qui considéra la pratique de l’excision comme un problème de santé publique. Beaucoup de celles qui le pratiquent aujourd’hui le font juste pour respecter une tradition, sans véritablement savoir pourquoi, ignorant ainsi les effets néfastes que cela pourrait engendrer dans la vie de femme de la petite fille.
C’est pourquoi, Mme la représentante du maire de la commune VI, lors de sa prise de parole, s’est réjouie de l’initiative de la FENACOF-Mali à prendre ce problème à bras le corps tout en impliquant les femmes et filles, principales victimes d’une pratique qui est la source de beaucoup de malheurs dans la vie de couple.
Quant à la coordinatrice du projet, Mme Kadiatou Togola, non moins présidente par intérim de la FENACOF-Mali, elle dira que le Mali est l’un des rares pays en Afrique et précisément dans la sous-région où les mutilations génitales féminines sont encore d’actualité. C’est une atteinte aux droits humains car, selon elle, c’est une négation du libre choix de la femme de disposer de son corps.
À la croire, il ne s’agit pas de messages simplistes ou de conférences, mais plutôt une communication qui met en exergue les motivations de la pratique et identifier les barrières individuelles et sociales profondes qui entravent l’abandon de l’excision. La coordinatrice du projet finira son allocution par un message à l’assistance : « Nous comptons beaucoup sur l’appui et l’accompagnement de vous tous dans la lutte contre cette pratique qui constitue un véritable problème de santé publique ».
Le représentant de la grande famille des gardiens de notre tradition « Djeliton Ba » dira qu’à cause de sa sensibilité, ce sujet est devenu un tabou dans notre société, mais que c’est nécessaire d’y voir plus clairement, puisque, selon lui, la question est plus scientifique que traditionnelle. Il rappellera que toutes les premières révélations scientifiques ont d’abord posé des problèmes de compréhension avant de s’avérer juste plus tard. À ses dires, si les professionnels de la santé disent que cette pratique met en danger la santé des femmes, on doit les écouter.
Mme Assétou Touré, panelliste de Sini Sanuma, revient sur l’historique de cette pratique dans le monde, ces différentes variations et explique de façon scientifique les véritables problèmes qui y sont liés à court et long terme. Elle édifie l’assistance de façon concrète avec des preuves et témoignages à l’appui, que cette pratique nuit gravement à la santé et l’épanouissement de la vie de femme. Elle appelle les jeunes et femmes à s’investir activement pour booter cette pratique hors de notre société.
« Dieu est l’expression de la simplicité, tout ce qui est louche n’est pas musulman » sont les propos de l’Imam Hamidou Diallo pour dire qu’il y a beaucoup de contradictions autour de cette question qui n’apparait aucune fois dans le Saint Coran. Il dira, lui aussi, de s’en référer aux conseils des médecins qui sont consultés dans l’incapacité de pratiquer le jeûne qui est un pilier de la religion musulmane.
Issa Djiguiba
Source: Le Pays