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Lutte contre l’enrichissement illicite : Le faux-bord de l’Oclei au Syntade

Moumouni Guindo, président de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite au Mali (Oclei), est-il en train de faire de la communication ? Tout porte à le croire vu le grand tapage médiatique qu’il a orchestré lors de la présentation du premier rapport de sa structure. Un résultat maigre au regard de l’ampleur du phénomène dans le pays.

 

Pourquoi alors jeter en pâture trois hauts fonctionnaires sachant bien que d’autres dossiers (une trentaine selon nos informations) sont en cours de traitement ?

Toujours est-il que la publication de ce premier rapport a aussitôt provoqué la colère des partenaires sociaux de l’Etat, particulièrement le Syntade (Syndicat national des travailleurs des administrations d’Etat).

Harcèlement de certains fonctionnaires par l’Oclei

C’est la qualification toute trouvée par le Secrétaire général du Syntade et non moins Secrétaire général de l’Untm, Yacouba Katilé, pour qualifier les agissements des agents de l’Oclei sur le terrain.

En effet, dans une correspondance datée du 13 décembre 2019 dont nous avons pu nous procurer une copie, Yacouba Katilé informe le ministre du Dialogue social, du Travail, de la Fonction publique que « relativement à la suspension des activités de terrain de l’Oclei que les agents de cet office passent de service en service, munis de fiches de déclaration de biens qu’ils distribuent à des fonctionnaires ». Il fera en outre savoir que «la menace de poursuite judiciaire qu’il va initier à tout moment et à tout vent, nous parait comme une licence à la violation de nos accords. Cela est intolérable, surtout que nous nous apprêtons (la commission de relecture) à reprendre de façon pérenne les travaux programmés à cet effet »

Il invitera enfin le ministre « d’instruire, en sa qualité de garant des accords, l’arrêt immédiat des manœuvres de l’Oclei qui donne l’impression de non protection aux fonctionnaires ».

Au regard de l’évolution de la situation marquée par la publication du premier rapport de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite au Mali (Oclei), on peut affirmer que l’excellent magistrat, Moumouni Guindo, fait fi des règles convenues.

Violation flagrante des accords du 3 novembre 2017

Cette date, il faut le rappeler, est la date de signature du procès-verbal de conciliation entre le Syntade et le gouvernement, sous le contrôle d’une commission de conciliation présidée par Mamadou Lamine Diarra. Dans ledit rapport, il ressort que  la gouvernement s’est engagé à mettre en place une commission de travail composée des représentants de la partie gouvernementale (sans l’Oclei), de la partie syndicale, de la commission de conciliation et des experts internationales, éventuellement pour identifier les difficultés et insuffisances issues ou constatées à l’occasion de la mise en œuvre de la loi 2014-015 du 27 mai 2014 afin d’arrêter les mesures correctives.

Le gouvernement s’est, en outre, engagé à suspendre les activités publiques de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite jusqu’à la promulgation de la nouvelle loi et des décrets y afférents éventuellement.

La fuite en avant du président de l’Oclei

Comment se fait-il alors qu’avant la promulgation de la nouvelle loi et des décrets y afférents, Moumouni Guindo s’est précipité pour publier le premier rapport de sa structure qui ne porte que sur trois dossiers. Une précipitation qui a eu pour corollaire d’ignorer superbement certains principes fondamentaux en droit à savoir le principe du contradictoire et celui de la présomption d’innocence.

Parlant du principe du contradictoire, il n’en a fait cas nulle part lors de son show médiatique. En effet, la version des trois personnes contrôlées ne ressort nullement. Est-ce à dire que ses agents travaillent sur la base des dénonciations ? C’est là toute la question.

Quant à la présomption d’innocence, elle a été allègrement violée. En effet, l’honneur de ces trois cadres mis en cause a été jeté en pâture. Il revient donc à l’Oclei de ne plus travailler dans la précipitation et d’attendre que le gouvernement lui donne le feu vert pour reprendre ses activités.

Birama FALL

 Le Prétoire

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