Le rapport 2020 du Groupe d’expert des Nations unies sur le Mali a souligné que le « flux de stupéfiants le plus régulier à travers le Mali » concerne celui du haschich marocain. Un produit dopant qui transite régulièrement par la Mauritanie et le Mali pour prendre la route de la Libye en traversant le Niger. A cause de la crise sécuritaire, les groupes armés radicaux ont profité de l’absence du contrôle de l’Etat sur une grande partie de son territoire pour installer un véritable business de narcotrafic au nord du Mali. Une étude de DW avait d’ailleurs souligné que ces points de passage constituaient pour la plupart, la cause d’affrontements entre bandes armées qui souhaitent en avoir le contrôle. A cette époque, il a mis l’accent sur Lerneb. « C’est le cas de Lerneb, proche de la frontière avec la Mauritanie, ou d’Aguelhok, non loin de la frontière algérienne, contrôlé par Ahmoudou Ag Asriw. Ce trafiquant de drogues placé sur la liste des sanctions des Nations Unies, organise des convois avec la CMA et le MAA-Plateforme, deux alliances militaires rebelles actives dans le nord du Mali ». Mais actuellement, du nord du Mali, le phénomène s’est progressivement migré vers le sud où d’importantes quantités de produits stupéfiants sont quotidiennement saisies notamment à la capitale malienne et ses villes périphériques par les services de lutte contre le trafic et la consommation de drogue. La plus spectaculaire de ces saisies fut celle du 5 novembre dernier où la Cellule Aéroportuaire Anti-Trafic/Antenne de l’Office Central des Stupéfiants (CAAT/A.OCS) a intercepté près de 33,90 kg de cocaïne pure d’une valeur marchande de plus d’un milliard de franc CFA, soit environ 1.758.000 dollars, à l’aéroport international Modibo Keita de Bamako Sénou, sur un passager de double nationalité, (malienne et guinéenne), en partance pour la France. Une saisie couplée d’une autre de 400 Kg de résine de cannabis, appelée haschisch estimée, elle, d’une valeur de 160 millions de francs CFA, soit 281.000 dollars, au cours d’une patrouille de l’OCS à Yirimadio, un quartier de la capitale malienne. Ces succès marquaient le baptême de feu du tout nouveau directeur général de l’Office Central des Stupéfiants, le Colonel Fousseyni Kéita, nommé à peine 2 mois avant l’opération (le 25 août 2021). Succédant au magistrat colonel Adama Tounkara, au poste de directeur général de l’OCS, non moins élogieux en termes de bilan, le Colonel Fousseyni Kéita a présidé au cours du même mois, précisément le 30 novembre 2021, l’incinération de près de 17 tonnes de produits stupéfiants à Dio Gare, une localité de Kati, près de la capitale. Cette activité entrait dans le cadre de la politique de destruction annuelle de toutes les saisies de l’OCS et ses partenaires des forces de l’ordre et de sécurité. Notamment, les saisies du mois de novembre 2020 à novembre 2021. Ce stock annuel était composé entre autres de produits dopants, des psychotropes et des produits pharmaceutiques contrefaits d’une valeur marchande totale de cinq milliards de franc CFA. La particularité de cette dernière opération d’incinération par rapport aux précédentes était la quantité importante de drogue dure (Cocaïne), 38,659KG. Une quantité jamais saisie par l’OCS, selon son directeur, le Colonel Fousseyni Kéita. En plus de la cocaïne, le stock composait également 1,54Kg de métamphétamine, 32 doses de off et crack, 5513 briques et 277,83kg de cannabis, 195kg de OG KUSH, 75 briques de skentch, 9370 briques et 400 kg de Haschisch, 20160 comprimés de tramadol et près de 297 cartons de produits pharmaceutiques équivalant à des centaines de kilogrammes des produits pharmaceutiques contrefaits etc.
Résultat de multiples opérations des différents services forces de l’ordre contre le trafic des stupéfiants parmi lesquelles l’opération Tourbillon du commissariat du 3e arrondissement en début de l’année 2021. Cette opération a permis de mettre la main sur plusieurs réseaux de trafiquants et d’importantes quantités de produits stupéfiants.
Office Central des Stupéfiants, coordinateur de toutes les opérations antidrogue au Mali
Créé dans le cadre de la ratification de l’article 35 de la convention unique sur les stupéfiants de 1961 qui impose aux Etats membres d’assurer eux-mêmes la coordination de l’action préventive et répressive contre le trafic illicite des drogues sur le plan national, l’ Office Central des Stupéfiants (OCS) peine toujours à recouvrir l’unanimité au sein de ses collègues acteurs de la lutte contre la drogue au Mali. Selon les textes, il est chargé d’assurer la coordination opérationnelle des actions de lutte contre le trafic illicite des drogues menées par les autres services de répression (la loi n°01-078/AN-RM du 18 juillet 2001), portant sur le contrôle des drogues et des précurseurs, modifiée par l’Ordonnance n°2013-012/P.RM du 02 Septembre 2013 qui crée l’Office Central des Stupéfiants (OCS). En plus de la coordination, les autres structures (Police, Gendarmerie et Douanes) sont tenues de transmettre à l’OCS toutes les informations relatives à leurs saisies des drogues. Mais cette mesure ne semble pas être respectée à la lettre. Lors de la dernière incinération de l’OCS à Dio gare, le 30 novembre 2021, le directeur général de l’Office Central des Stupéfiants le Colonel Fousseyni Kéita n’a pas manqué de signaler l’absence du stock des services de la Douane. Il a même profité de l’occasion pour lancer un appel à la Direction générale des douanes afin de rejoindre désormais l’OCS pour rendre désormais plus efficace la lutte contre les stupéfiants au Mali.
Selon le ministère de la sécurité et de la protection civile, département de tutelle de l’OCS, le rapport d’exécution de ces opérations qui doit lui être transmis sans délai lui permettra d’élaborer un rapport annuel et une statistique sur l’usage et le trafic illicite des drogues au Mali. Un document qui sera transmis au Gouvernement et à l’Organe International de Contrôle des Stupéfiants (OICS), (art. 27 du décret n°2015-0400 du 04 juin 2015). En effet, l’OCS a essentiellement pour missions d’opérer sur toute l’étendue du territoire national, aux différents points potentiels de passage des stupéfiants, notamment les aéroports, les postes frontières, les gares et les ports fluviaux ; de contrôler et rechercher les passagers suspects et leurs bagages en provenance ou à destination des pays-cibles des trafiquants de stupéfiants au niveau des aéroports, dans les gares, dans les terminaux à conteneurs et les ports fluviaux ; de procéder à des contrôles sur toutes les plateformes aéroportuaires, tant en ce qui concerne les personnes que les bagages, les frets, les aéronefs (parking, aviation générale) et les courriers postaux en transit, à l’arrivée ou au départ des aéroports ; d’établir un rapport annuel et une statistique sur les saisies et les tendances de l’abus et du trafic illicite des stupéfiants.
Il est composé essentiellement d’agents de tous les services impliqués dans la lutte contre le trafic illicite de drogues (la Police, la Gendarmerie, la Douane, la Justice, la Santé ou tout autre service d’apport nécessaire).
Issa Djiguiba