Les Nations unies célèbrent, ce dimanche 26 juin, la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues. Une journée de sensibilisation destinée à inciter notamment les Etats à coordonner leurs politiques. C’est à Dakar, au Sénégal, que l’ONU a installé son bureau dédié à cette lutte, or l’Afrique est en train de devenir un pôle de consommation de drogue.
avec notre correspondant à Dakar, Guillaume Thibault
C’est à Dakar que sont installés les bureaux de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), organe chargé d’appuyer et d’aider les pays de la sous-région. Le développement du continent et l’émergence d’une classe moyenne font de l’Afrique un pôle de consommation.
2 500 francs CFA (moins de 4 euros), c’est le prix d’un gramme de cocaïne à Dakar et dans les grandes capitales sous-régionales. A Paris ou à Londres, le prix est en moyenne de 80 euros.
En Afrique de l’Ouest, la consommation de drogues dures augmente car, comme l’explique Pierre Lapaque, directeur du Bureau des Nations unies pour la drogue, les passeurs locaux se financent en revendant, localement, ces produits.
« Auparavant, les complices locaux étaient payés en argent ; maintenant on les paie en drogue. Pourquoi ? C’est dans une démarche commerciale [pour] créer ainsi un marché émergent. Les criminels, de manière ‘très intelligente’, vont casser les prix pour attirer de nouveaux clients », explique l’expert.
Pierre Lapaque pointe également du doigt le manque de moyens médicaux pour traiter les drogués qui sont, le plus souvent, placés en détention.
« Un jeune primo-délinquant drogué n’a rien à faire en prison. Quand on mélange des jeunes et qu’on les met au contact de gens qui sont des terroristes, on peut aussi créer de futurs terroristes », qui à leur sortie de détention pourraient être tentés de « suivre certaines idées que nous combattons tous », poursuit Pierre Lapaque
Vingt-deux tonnes de cocaïne destinées au continent ont été saisies, ces quinze derniers mois dont une partie en Afrique de l’Ouest et une autre directement en Amérique Latine, dans des containers. Ce trafic est en perpétuelle augmentation, difficile à contrôler, voire impossible, pour des pays qui manquent de moyens.
Source : RFI