Le Président de l’Office central de Lutte contre l’Enrichissement illicite (OCLEI), Dr. Moumouni GUINDO, a remis au président de la transition, le colonel Assimi Goïta, le 14 Octobre dernier à Koulouba, les rapports annuels 2019 et 2020 de l’OCLEI ainsi que la conclusion de ses études faites sur la déontologie dans l’administration publique. Les deux rapports présentent 9 grands dossiers d’enrichissement illicite autour d’un montant de 6 milliards 995 millions de FCFA.
Menées du 1er janvier 2019 au 31 décembre 2020, les dernières études de l’Office central de Lutte contre l’Enrichissement illicite (OCLEI), font ressortir les irrégularités requises dans la gestion de 9 responsables de l’administration publique. Parmi eux figurent un comptable, deux inspecteurs des Finances, un inspecteur du Trésor, un contrôleur financier, deux maires, un ministre et un préfet. Ils sont accusés par l’Oclei de détenir illégalement, près de 384 biens immobiliers d’une valeur totale de 6 milliards 995 millions de FCFA. Ces biens sont, entre autres, de 34 maisons d’habitation, 72 bâtiments commerciaux ou professionnels, 139 parcelles ainsi que 78 concessions rurales faisant en tout 181 hectares. L’Oclei souligne que le montant total des entrées sur leurs comptes bancaires s’élève à 3 milliards 671 millions de FCFA de 2014 à 2020 alors que leurs revenus légitimes s’élèvent à seulement 444 millions de FCFA durant la même période.
Au cours de cette étude, l’Office central de Lutte contre l’Enrichissement illicite (OCLEI) a aussi tiré l’attention des plus hautes autorités de l’Etat sur certaines charges « illicites » de personnel de l’Institut national de Prévoyance sociale (INPS). Il note à ce niveau (rapport 2019) « qu’en dehors de toute légalité, deux responsables de l’INPS ont perçu 2 milliards 53 millions de FCFA comme indemnités de départ à la retraite ». Selon lui, l’un de ces deux responsables perçoit une pension de plus de 6 millions de francs CFA, par mois, et l’autre, plus de 8 millions de francs CFA. Une irrégularité qu’il développe dans les pages 48-49, paragraphes 68 à 71, rapport 2019. En effet, l’OCLEI a exhorté les plus hautes autorités de procéder « au recouvrement des sommes indûment perçues au titre des indemnités et pensions de retraite et de veiller sur le fonctionnement du Conseil d’administration de l’INPS ».
Aussi, l’Office central de Lutte contre l’Enrichissement illicite (OCLEI), s’est intéressé aux déclarations de biens recommandées aux responsables de l’administration publique afin d’instaurer une meilleure transparence dans la gestion du denier public. A ce niveau, l’Office a souligné que le Premier ministre et plusieurs ministres sont entrés en fonction sans avoir fait leur déclaration en 2019. Mieux, il précise que certains d’entre eux sont restés en fonction plus d’une année, d’autres plus de trois ans sans effectuer cette déclaration de biens.
Quand-même, l’Oclei a tenu à faire état de 400 déclarations à cette date et de signaler que « l’analyse des déclarations fait ressortir 164 cas de variation positive par rapport à une déclaration antérieure » indique-t-il en ajoutant que « la variation positive indique que le patrimoine de la personne a augmenté. En valeur nominale, l’augmentation va de 260.000 francs CFA à 1.490.303.230 CFA ». Aussi précise l’Oclei que « la valeur totale des biens déclarés s’élève à 15.307.428.201 francs CFA pour 127 déclarations transmises par 107 personnes. La valeur la plus élevée par personnalité est de 1.390.786.204 francs CFA et la plus faible est de 25.000 FCFA ».
Sur un total de 253 déclarations enregistrées également en 2020, l‘OCLEI dit avoir traité 229 à travers par 220 personnes. Par ailleurs, souligne-t-il que l’analyse des déclarations fait ressortir 204 cas de variation positive par rapport à 2019. «En valeur nominale, l’augmentation va de 5278 FCFA à 2.402.563.630 FCFA. La valeur cumulée des biens figurant dans les 229 déclarations est de 31.773.152.247 FCFA. La valeur la plus élevée par personne est de 2.402.563.630 FCFA et la plus faible par personne est 5.277 FCFA » a-t-il indiqué.
A noter que l’OCLEI a pour sa part contribué à la répression de la délinquance financière en transmettant 9 dossiers d’enrichissement illicite présumé. Il revient maintenant à la justice de jouer pleinement son rôle afin de parfaire cet engagement des plus hautes autorités à venir à bout de cette lutte contre la corruption et l’ d’enrichissement illicite au Mali.
Issa Djiguiba
Source: LE PAYS