Des interpellations et des détentions provisoires, on en apprend tous les jours, sans voir aboutir lesdits dossiers. De sorte que les citoyens commencent à douter de l’efficacité de la justice en matière de lutte contre la corruption et la délinquance financière. Mais le temps de la justice n’étant pas celui du citoyen, les magistrats en charge des dossiers ont pris le temps de bien les ficeler avant de les faire passer en phase de jugement, notamment devant la Cour d’assises dont une session spéciale consacrée à la matière est prévue dans le dernier trimestre de l’année en cours.
Beaucoup de gestionnaires, cadres politiques et administratifs interpellés dans le cadre de la lutte contre la corruption et la délinquance financière, seront bientôt fixés sur leur sort. En effet, beaucoup de ceux qui sont inculpés après un passage au Parquet du Pôle économique et financier du tribunal de Grande instance de la commune III de Bamako, qu’ils soient en détention préventive ou en liberté, devront se préparer à se présenter à la barre d’une Cour d’assises spéciale pour y être jugés.
D’ores et déjà, des préparatifs sont en cours au niveau des autorités judiciaires pour la tenue de ces procès tant attendus, à cause de la personnalité des prévenus qui ne sont pas des citoyens anonymes, mais surtout parce que des résultats concrets sont attendus de la part de la justice, en ce qui concerne la suite réservée aux nombreux rapports des corps de contrôle et services spécialisés de vérification.
C’est vrai qu’avec la publicité maintenue autour des rapports de vérification et d’audit, lesquels mettent en cause des gestionnaires en faisant état de sommes faramineuses délestées illégalement à l’Etat, les citoyens ont l’impression de vivre dans une impasse parce que s’il y a beaucoup de bruit en amont, c’est le silence radio en aval, plus précisément quand il s’agit de préciser le sort réservé à ces multiples rapports.
C’est d’autant plus important que la déclaration du président IBK lors d’une rentrée solennelle des cours et tribunaux, notamment qu’il avait transmis plus de deux-cents (200) dossiers à la justice sans suite, raisonne encore dans la tête des Maliens qui observent la justice, attendent, mais s’impatientent.
C’est vrai qu’en son temps le Procureur général d’alors, le magistrat émérite Daniel Tessougué, avait pris le soin de remettre les choses en ordre, précisant que la transmission d’un rapport ne signifiait pas systématiquement l’ouverture d’une procédure de poursuite judiciaire, d’autant que la plupart de ces dossiers étaient des rapports inexploitables en justice parce que dépourvus de substance en termes de preuves et de documents devant permettre d’actionner véritablement l’action judiciaire.
Mais puisque depuis deux à trois ans les choses s’accélèrent, jusqu’à priver des personnalités de leur liberté, en les faisant loger gratuitement, malgré leur gré, dans l’hôtel hors classe de Bamakocoura où ils côtoient les pires délinquants de la République, les juger devant la Cour d’assises serait la chose la mieux souhaitée afin d’écourter leur période de détention préventive déjà longue pour certains.
En un mot comme en mille, une Cour d’assises spéciale avant la fin de l’année en cours est une bonne réponse de la justice aux doutes et préoccupations des citoyens quant à l’efficacité de la lutte contre la corruption et la délinquance financière.
Rendez-vous est donc pris au cours du dernier trimestre de cette année comme nous y invitait le Procureur général lors de l’ouverture officielle de la session de la Cour d’assises en cours à Bamako. Sans détour, il annonçait la tenue de cette cour d’assises spéciale que nous attendons avec impatience pour savoir finalement qui a fait quoi et taire ainsi les supputations sur des dossiers qui ont fait, évidemment, les choux gras dans les causeries des “grins” et les salons feutrés de Bamako où, très souvent, on pense laver plus blanc ou sévir plus que la justice. A tort !
Amadou Bamba NIANG