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Lutte contre la corruption : L’amer constat du Premier ministre Keïta

Si le thème de la semaine de la lutte contre la corruption est «la corruption, un frein au développement», le Premier ministre, Modibo Keïta, exprime sa peine et sa gêne d’avoir formulé en 2008 plus de 80 recommandations dont la mise en œuvre fait aujourd’hui défaut.

modibo keita premier ministre chèf gouvernementInvité à prononcer le discours d’ouverture de la semaine nationale de lutte contre la corruption, le Premier ministre Modibo Keïta a fait un plaidoyer accablant et sans complexe sur la question de la corruption en mettant en exergue les maux qui caractérisent ce fléau au Mali. Soulignant un certain laxisme au niveau de toutes les couches de la société,  le chef du gouvernement tire la sonnette d’alarme et pense qu’il est temps que la parole soit suivie d’effets.

Du 9 au 14 décembre 2015, les acteurs de la justice malienne tiennent, au Cicb, les travaux de la semaine consacrée à la lutte contre la corruption autour du thème : «La corruption, un frein au développement». Lors de la cérémonie de lancement, le premier constat du chef du gouvernement était la désaffection de la salle de 1000 places du Cicb. En effet, sur près de 500 participants attendus pour ce grand rendez-vous, il n’y avait qu’une cinquantaine de personnes. Ce triste constat, selon le Premier ministre, s’explique tout simplement par le fait que des actions concrètes tardent à se manifester. «Pourquoi se réunir chaque année pour parler de la lutte contre la corruption et la délinquance financière si les paroles ne sont pas suivies d’effets ? C’est décrédibiliser notre démarche. Le jour où on aura des exemples de ce genre, la salle sera remplie», rassure le PM.  Mais qu’à cela ne tienne, Modibo Keïta invite tous les acteurs à lever le tabou et à poser le vrai diagnostic afin que les causes réelles soient identifiées et que les solutions soient appliquées. Selon lui, quand on mesure l’importance du phénomène et la réalité qui est dominée par des pratiques qui se transmettent de façon formelle et informelle qui ont tendance à devenir comme un critère de réussite sociale, nous devons nous convaincre qu’il faut aller toujours de l’avant.  Modibo Keïta est toutefois convaincu que la lutte contre la corruption et la délinquance financière est complexe. A cet effet, il propose de mettre l’accent sur deux démarches. La démarche de la répression et celle de la prévention en provoquant un effet de dissuasion. Autrement dit, il ne faut pas que l’une des démarches exclut l’autre. «Il faut que s’éloigne de nous l’impunité. Mais il faut surtout que nous ayons les voies et moyens de prévenir. Autrement dit, boucher le trou par lequel le phénomène passe», a souligné Modibo Keïta.

Le PM met en exergue les propos du chef de l’Etat

Pour le chef du gouvernement, nous vivons dans une situation où la considération est mesurée à l’ampleur de la puissance matérielle et monétaire et même au sein de nos familles. Mieux, il dira qu’au Mali les hommes ou les femmes les plus intègres sont considérés comme des personnes qui perdent leur temps. Une pratique que, dit-il, nous avons même encouragée. «Qui n’a pas vu ici des billets de banque qu’on jette sur la tribune ? Aujourd’hui, dans les administrations, il y a trop d’intermédiaires, trop de courtiers et trop de ‘’coxers’’. Dans notre administration, nous avons des fonctionnaires humanistes extrêmement muets sur leurs droits mais extrêmement bavards et pointilleux sur leurs devoirs. Ceux-ci sont considérés comme des fous qui perdent leur temps, et à côté on joue à autre chose», regrette le Premier ministre.

S’adressant au ministre en charge de la Justice, il dira que pour espérer poser les bases d’une lutte convenable, il faut que la parole soit suivie des effets. Le triste constat, selon lui, se résume aussi en la non-application des recommandations issues des assises ou autres travaux relatifs à la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Le justificatif pour le Premier ministre est  d’avoir été en 2008 le président du Comité préparatoire des états généraux sur la corruption et la délinquance financière, pour avoir édicté plus de 80 recommandations. Il se pose la question de savoir si réellement ces recommandations ont été appliquées. «Mais qu’est-ce que je peux dire si ce n’est recommander qu’on intensifie la lutte contre la corruption. Mais cela a des limites», déplore t-il. En outre, il met en exergue les propos du Président de la République, IBK qui, selon lui, a rappelé, il y a quelques jours, qu’il avait personnellement transmis plus de 200 dossiers à la justice et qu’il attendait que l’on puisse se manifester. Pour terminer, le chef du gouvernement rappelle que certes nous sommes dans une société où les relations sont nombreuses, subjectives qui prennent le pas sur l’objectivité. Mais il faut, dit-il, que nous ayons conscience que si on ne fait pas attention, nous allons compromettre l’avenir des jeunes générations.

Ibrahim M.GUEYE

source : Le Prétoire

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