Après avoir revêtu le treillis libérateur et le boubou diplomatique pour la cause du Mali, le Niger fait une valse aussi spectaculaire que révulsante en cantonnant les indignations sélectives et la colère par procuration contre le même pays, pour le compte de notre « partenaire historique » que la longue relation historique a confortée dans la politique du diviser pour régner. Face aux invectives de notre voisin pourtant embarqué dans la même galère de la lutte contre le terrorisme, le Premier ministre Choguel Kokalla MAIGA révèle les chausse-trappes de sa nouvelle idylle avec son partenaire privilégie et rappelle que nous nous sauverons ensemble ou périront ensemble.
Le Chef du Gouvernement n’était pas à l’ouverture solennelle de la 1re session extraordinaire de la 6e mandature du Conseil économique, social et culturel (C.E.S.C.) que pour sacrifier aux formalités protocolaires.
En introduisant ses propos, CKM a dévoilé qu’il faut 4 conditions pour qu’un message porte : le message lui-même ; celui qui porte le message ; les circonstances dans lesquelles le message est délivré ; et le lieu où le message est délivré. En donné la présence du Président du Conseil économique, social et culturel (C.E.SO.C.) du Niger Maïrou Malam LIGARI, à cette cérémonie inaugurale frappée de toute la solennité requise conditions étaient donc réunies pour véhiculer certaines vérités à Mohamed BAZOUM Président de la République du Niger de la part des autorités maliennes.
Les preuves de trahison
Il y a d’abord un constat d’évidence que fait le chef du Gouvernement. Il y a quelques années, le Mali était considéré comme le ventre mou de la lutte contre le terrorisme ; mais aujourd’hui, la gangrène s’est propagée.
Il y a ensuite des faits qui interpellent, dont la double attaque de Indélimane au Mali et Inatès au Niger.
Le 1er novembre 2019, le camp militaire d’Indelimane, dans le cercle d’Ansongo, est attaqué par les djihadistes. Le poste est défendu par une compagnie de 80 soldats maliens.
Les combats débutent peu avant midi par des tirs de mortier. Un véhicule piégé explose ensuite afin d’ouvrir la voie aux fantassins.
Le soir du combat, Yaya SANGARE, le ministre de la Communication, annonce que les corps de 53 militaires et d’un civil ont été retrouvés par les renforts lors de la reprise du camp.
Le chef du Gouvernement pointe du doigt ceux qui construit le camp en plein désert, en « oubliant » d’y réaliser un forage. Ce, d’autant plus précise-t-il que c’est en ayant pris connaissance des habitudes de ravitaillement en eau hors du camp que les militaires ont été attaqués à la source, que les jihadistes ont pris leurs véhicules qu’ils ont bourrés d’explosifs pour ouvrir la voie du camp aux assaillants.
Le 10 décembre 2019, le camp militaire d’Inates des Forces armées nigériennes, à cinq km de la frontière avec le Mali, est attaqué par les djihadistes. Faisant le parallèle avec Indélimane, le PM a souligné que le cardage qui a été un carnage a été rendu possible par manque de moyen de communication. En effet, le 11 décembre, l’agence Reuters, l’AFP et L’Événement Niger rapportent que des sources sécuritaires font état de bilans d’au moins 60 à 70 morts du côté des forces nigériennes.
Des destins liés
Deux situations qui font dire à Choguel Kokalla MAIGA que pour nous en sortir, nous devons compter sur nous-mêmes.
« L’aide extérieure n’est qu’un appui ; elle ne peut pas remplacer la confiance en nous-mêmes », a-t-il ajouté.
Rebondissant sur les récents drames au Burkina Faso avec les tueries de militaires et de civils, CKM a asséné : « Nos destins sont liés ».
« Le terrorisme qui nous est imposé, nous allons le vaincre ensemble », est convaincu le Premier ministre.
Du point de vue de l’actualité nationale, le Premier ministre confesse que nous sommes dans une situation difficile. Toutes choses qui nous imposent de nous prendre la main pour affronter les vents contraires, traverser les cercles de feu pour atteindre les rivages heureux.
« Il s’agit aujourd’hui pour les Maliens de faire un sursaut national pour atteindre les rivages de la restauration de l’unité nationale, de la souveraineté. Pour cela, nous avons besoin de la colonne vertébrale nationale que sont les FAMa autour desquelles il faut une mobilisation générale. Elles font partie de la restauration de la dignité », a exhorté M. MAIGA.
Parlant du C.E.S.C., CKM a salué le contenu qui lui est donné par le nouveau Président Yacouba KATILE.
« Les institutions ne valent pas grand-chose sans les hommes qui les animent », a-t-il ajouté.
C’est pourquoi Choguel Kokalla MAIGA a invité le Conseil économique, social et culturel à prendre sa place, non celle qu’on lui donne, dans le débat sur les Assises nationales de la refondation.
« Notre objectif est de construire un Etat fort, créer les conditions d’une démocratie irréversible qui annihile l’intervention de l’armée dans la sphère politique », a-t-il en substance donné l’assurance.
Tressant des lauriers au secrétaire général de l’U.N.T.M. dans la crise que traverse le pays, Choguel a affirmé : « votre déclaration fera date ».
Un constat partagé
La préoccupation sécuritaire était également présente dans le discours du Président du CESOC.
« Comme vous le savez, l’espace sahélien que nous partageons traverse en ce moment une phase des plus douloureuses de son existence avec une situation de guerre imposée par des organisations terroristes et criminelles.
Nos Etat, censés s’occuper en priorité de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, de l’hydraulique, bref du développement tout simplement, se trouvent contraints de dépenser toutes leurs énergies dans la sécurité.
Cette guerre dont j’ai parlé tantôt, continue à endeuiller nos familles et nos villages, créant ainsi de la haine et la cohabitation pacifique que nous avons toujours connue à travers des générations, sont mises à rude épreuve par les actions des individus sans foi ni loi. Nos pays en payent le plus lourd tribut depuis une décennie et c’est avec grande amertume que nous subissons cet état de fait ».
ANR, le rendez-vous pour
les Maliens
Le Président du CESC a présenté un bilan impressionnant de 4 mois d’activité.
Au plan institutionnel, dans la perspective du raffermissement des liens de collaboration avec les différentes institutions, le C.E.S.C. a rendu une série de visites au Président de la Transition, au Premier ministre, aux Présidents du C.N.T., de la Cour suprême, de la Cour constitutionnelle, du Haut conseil des collectivités.
« L’objectif était de recueillir des conseils qui ont été donnés et qui constituent des orientations pertinentes sur le climat socio-politique du Mali, de mieux cerner les défis et les enjeux de l’heure.
Les difficultés accumulées des années durant par notre institution ont également été exposées en vue d’une amélioration future », a justifié M. KATILE.
Parlant des reformes administratives et institutionnelles, il déclare qu’après 20 ans d’exercice, nous sommes aujourd’hui arrivés au constat d’une nécessité d’aller vers de profondes réformes afin de rendre l’institution plus inclusive, plus participative à la résolution des problèmes du pays, des populations. D’où la mise en place d’une commission qui y travaille déjà.
En outre, face à l’évolution de la situation sociopolitique, le choix national, du point de vue de M. KATILE, est une approche à grande capacité de formulation des attentes du peuple, non seulement sur la Transition, mais aussi pour susciter le sursaut national autour des enjeux qui nous préoccupent.
« Les Assises nationales pour la refondation de l’Etat doivent être un rendez-vous pour les Maliens de toutes obédiences de se retrouver pour repenser le Mali, le Mali de nos rêves, le Mali où il fait bon vire. Comme le dit l’autre : « Notre souveraineté réside dans notre unité ». Le Conseil économique, social et culturel en ce qui le concerne est disposé à jouer toute sa partition dans le cadre de l’apaisement du climat sociopolitique du Mali », a assuré le Président du C.E.S.C.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : Info-Matin