La problématique est posée par celui-là même, qui, un moment, a eu une alliance avec le parti du chef de file de l’opposition pour un objectif précis, empêcher le président de la république sortant de se faire réélire pour un second mandat. Mais le combat a été infructueux et après moult élucubrations, Soumaïla Cissé redescend sur terre pour réoccuper son statut de chef de file de l’opposition.
À ce sujet, Ibrahima Kébé Tamaguidé, selon ses propres propos, aurait aimé que la résistance farouche que Soumaïla Cissé a organisée et toute l’énergie qui a été déployée pour l’installer dans le fauteuil présidentiel, aient été convoquées aussi fermement pour réclamer la libération de Kidal, dénoncer le jeu trouble de la France et de ses alliés internationaux au Mali. Mais hélas, pour des raisons alimentaires ou de préservation des intérêts d’un cadre du parti nommé à un poste d’ambassadeur, Soumi en a décidé autrement. Qu’en est-il de son statut de chef de file de l’opposition, un autre poste taillé sur mesure au nom du partage du gâteau Mali. Ce statut légalisé de chef de file de l’opposition est convaincu M. Kébé, est ‘’anti démocratique et empêche le bon fonctionnement d’une vraie opposition’’.
En réponse aux différentes réactions qui ont suivi la publication du post dans lequel je m’interrogeais sur l’éventualité d’un double jeu de l’URD et de Soumaila Cissé, je tiens à apporter quelques précisions, particulièrement à mon neveu Macké Diallo, secrétaire adjoint à la communication du bureau exécutif national de l’URD.
Macké Diallo fait référence au soutien que j’ai apporté au candidat Soumaïla Cissé, lors des dernières élections présidentielles. Lui, comme Soumaïla Cissé, Tièbilé Dramé et les Maliens savent pertinemment que ce soutien ne constituait pas une adhésion au programme politique de l’URD, encore moins à son idéologie. Il s’agissait, en réalité, d’un compromis sur la base d’une alliance temporaire autour d’un programme minimum commun, destiné à empêcher la réélection d’IBK.
À ce sujet, j’aurais aimé que la résistance farouche que Soumaïla Cissé a organisée et toute l’énergie qui a été déployée pour l’installer dans le fauteuil présidentiel, aient été convoquées aussi fermement pour réclamer la libération de Kidal, dénoncer le jeu trouble de la France et de ses alliés internationaux au Mali. Mais comment condamner le rôle des organisations internationales dans l’augmentation galopante de l’insécurité et l’escalade de la violence, ou leur incapacité notoire à y mettre fin, en ayant un cadre de son parti nommé ambassadeur auprès de ces mêmes organisations internationales ? Il s’agit là, dans le contexte actuel du Mali, d’un poste éminemment politique et non technique. Alors, dans ce cas précis, parle-t-on de complicité active avec le gouvernement IBK ou d’opposition ?
Être opposant n’est pas un métier, ni une fonction, et encore moins une fonction qui mérite salaire (opposant salarié). Vous brandissez comme parole d’Évangile une institution importée, qui n’a d’autre avantage, au nom d’un statut fonctionnarisé, que de faire profiter un seul homme ou son clan de fonds soustraits aux populations en détresse. Chef de file de l’opposition ? À quel titre ? Celui d’avoir le plus grand nombre de députés obtenu à la suite d’élections, tout ce qu’il y a de plus démocratique ? Cela lui donne-t-il la légitimité de parler au nom de Dr Soumana Sacko par exemple ? À mon avis, non. Un véritable chef de l’opposition aurait accepté de se faire élire par ses pairs, il aurait demandé à chaque député opposant de renoncer à une partie de ses indemnités pour faire fonctionner cette nouvelle « institution », en toute indépendance. Ce statut légalisé de chef de file de l’opposition est anti démocratique et empêche le bon fonctionnement d’une vraie opposition. Cela a toujours été ma position.
La loi peut ne pas prendre en compte la réalité ou l’aspiration profonde du peuple, surtout, si elle est importée ou imposée. Cela n’empêche pas les citoyens de la dénoncer, d’autant plus si elle ne défend pas leurs intérêts légitimes et permet de dilapider leurs maigres ressources pour le confort de quelques-uns.
Je vous cite : «Mr Kébé, en homme éclairé, vous n’êtes pas sans savoir que ce sont des lois qui organisent le processus électoral, de l’organisation des scrutins à la proclamation des résultats jusqu’à la prestation de serment du vainqueur». Et pourtant, malgré le fait que la Cour constitutionnelle ait rejeté tous les recours introduits par Soumaïla Cissé pour contester la victoire d’IBK, le même Soumaïla Cissé a catégoriquement refusé de reconnaître la décision de ladite Cour qui déclarait IBK vainqueur, et a organisé la résistance. Cela pour vous rappeler que la loi n’est pas forcement juste et qu’elle peut être contestée.
De mon point de vue, la remise en cause récente du rôle ambiguë de la France dans la lutte contre le terrorisme et le statut actuel de Kidal, par Moussa Diarra et Mohamed Tounkara, députés élus en 2013, constitue un acte d’opposition patriotique, indépendamment de l’appartenance politique, qui n’a pas besoin de salaire pour exister.
La présence de M. Ousmane Oumarou Sidibé, ancien ministre, secrétaire politique du bureau exécutif national de l’URD, nommé à la tête de la Commission-vérité, justice et réconciliation (dont le mandat a été prolongé par le Conseil des ministres du 25 septembre 2019), vaut-elle approbation par l’URD de la Loi d’Entente Nationale ? Cette loi injuste qui ignore les victimes et récompense par l’impunité les bandits armés qui ont martyrisé, tué et fait fuir nos populations.
L’URD et Soumaïla Cissé refusent officiellement, et pour de bonnes raisons, le fameux dialogue national inclusif proposé par le régime dramatique d’IBk. Mais, combien de cadres et d’élus URD ont participé pleinement à ce dialogue ? Pourquoi Soumaïla Cissé en tant que chef de file de l’opposition n’a-t-il pas organisé des contre-assises nationales dont il aurait défendu les conclusions avec détermination ?
Pour les Maliens, il y a une grande différence entre une opposition « institutionnalisée » et « fonctionnarisée » et un véritable opposant.
Le bilan de tous ceux qui se sont véritablement opposés à la désastreuse gestion du Mali par le régime IBK est connu des Maliens.
Pour finir, j’ai toujours dénoncé les privilèges et autres avantages exorbitants accordés aux responsables ou aux institutions de la République, aux frais du pauvre contribuable. Je pense toujours, et profondément que notre démocratie est à refonder. Et elle le sera pour le bien-être du Mali et de l’Afrique.
Bamako, le 28 octobre 2019
Signé : Ibrahima Kébé Tamaguidé