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L’Union africaine publie, avec un an de retard, son rapport sur les exactions au Soudan du Sud

Des accusations de crimes contre l’humanité, des témoignages évoquant des actes de cannibalisme forcé… Dans un rapport publié mardi 27 octobre et d’une rare sévérité pour un document émanant de l’Union africaine (UA), l’organisation continentale accuse les belligérants qui s’affrontent au Soudan du Sud depuis la fin de 2013 d’« extrême cruauté ». Des récits accablants pour les forces gouvernementales du président, Salva Kiir, et les rebelles menés par Riek Machar.

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Les deux camps sont accusés d’avoir ciblé les populations civiles. Le document évoque ainsi « des gens brûlés dans des lieux de cultes et des hôpitaux », des « charniers », « des femmes de tous âges violées, vielles et jeunes ». Tout aussi glaçant, il décrit des combattants « ponctionnant le sang de personnes qui ont tout juste été tuées et forçant ceux d’une autre communauté ethnique à boire le sang et àmanger de la chair humaine brûlée ».

Les auteurs présumés de certaines de ces exactions auraient été identifiés, mais le document ne livre aucun nom. Une « liste hautement confidentielle » sera soumise au Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA. Par ailleurs, le rapport conteste la supposée tentative de coup d’Etat à l’origine du conflit et évoque à la place une échauffourée au sein de la garde présidentielle qui aurait dégénéré en chasse à l’homme des Nuer par les Dinka, deux importants groupes ethniques représentés respectivement par l’ancien vice-président Riek Macher et le chef de l’Etat Salva Kiir.

Situation humanitaire dégradée

Alors que le Soudan du Sud est à genoux et que l’accord de paix signé en août n’a toujours pas été appliqué, le rapport de l’UA liste une série de recommandations… de réformes de l’Etat. Anachronisme ? Nommés en mars 2014 pour former l’African Union Commission of Inquiry on South Sudan (Auciss – la « commission d’enquête sur le Soudan du Sud de l’Union africaine »), une première pour l’UA, les quatre auteurs du rapport ont rendu leurs conclusions en octobre 2014. Pendant près d’un an, le document a été gardé au chaud, et sa publication, sans cesse reportée. L’Union africaine craignait qu’elle n’affecte les négociations de paix entre le gouvernement sud-soudanais et les rebelles. Une fois l’accord de paix paraphé, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a demandé, à la fin de septembre, que le document de 315 pages soit rendu public.

La contribution de l’un des membres de la commission d’enquête, aux termes moins policés, a aussi été publiée. Dans ce texte, l’universitaire ougandais Mahmood Mamdani réclame que « tous les membres du gouvernement (président, vice-président, ministres) » soient « empêchés de participer à l’exécutif de transition ». Une proposition qui ne figure pas dans le rapport final de la commission.

Depuis un an, la situation humanitaire s’est considérablement dégradée au Soudan du Sud. A quoi peut bien servir aujourd’hui ce document ? A priori, à pas grand-chose. Dans son communiqué de presse, l’Union africaine précise que la publication survient uniquement à titre d’« information publique ». « Ce rapport offre un compte rendu indépendant et complet des exactions et peut être utilisé pour d’éventuelles actions » légales, plaide néanmoins Solomon Dersso, expert en paix et sécurité et bon connaisseur de l’UA. Jusqu’à présent, les leaders des deux camps ont plutôt largement ignoré les pressions exercées par la communauté internationale.

 

Source: lemonde

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