Avec deux semaines de retard sur le calendrier prévu, les Etats membres de l’Union européenne (UE) doivent établir, lundi 17 octobre, lors d’un conseil des ministres des affaires étrangères de l’Union, à Luxembourg, une mission d’assistance à la formation des militaires ukrainiens, dite « EUMAM Ukraine ». Le 30 août, à Prague, les 27 ministres s’étaient engagés à lancer cette initiative. Cette fois, ils pourront l’annoncer officiellement au chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, invité à participer au conseil.
L’objectif est ambitieux. L’Europe a l’intention de former dans un premier temps sur son territoire environ 15 000 membres des forces de défense ukrainiennes. « Douze mille Ukrainiens pourront recevoir une formation militaire de base et 2 800 une formation plus spécialisée », assure un officiel européen. « Il s’agit d’un objectif initial, qui pourra progresser par la suite », précise une autre source diplomatique dans la capitale européenne. Avec cette proposition, l’UE va pouvoir mieux compléter la formation et l’entraînement qu’offre déjà depuis juin le Royaume-Uni, avec l’aide de nombre d’armées d’Europe, dont la Suède, les Pays-Bas ou encore le Danemark.
« Mutualiser les coûts »
« Aujourd’hui, de nombreux Etats membres proposent des formations, mais de manière un peu disparate. La mission va permettre de mieux coordonner les efforts de tous, en centralisant les demandes de l’Ukraine et l’offre des pays européens. De même, nous allons mutualiser les coûts et faciliter la logistique », assure une diplomate européenne. Concrètement, tous les pays volontaires, qu’ils offrent déjà ou envisagent d’offrir des formations chez eux, pourront le faire sous une seule et même bannière. Et « si techniquement, la mission ne sera lancée qu’en novembre, ajoute une source bruxelloise, les formations militaires sont déjà en cours ».
Ce nouvel outil est attendu de longue date par Josep Borrell, le haut représentant de l’UE, dont les services évoquaient déjà l’idée d’une mission quelques semaines avant le déclenchement de l’invasion russe de l’Ukraine. Lundi 10 octobre, devant l’ensemble des ambassadeurs de l’UE, le diplomate européen en chef se lamentait d’ailleurs : « Oui, nous aurions dû la lancer » dès le début de l’année. « Et maintenant, nous le réalisons rapidement – rapidement selon les standards européens. Cela veut dire deux mois. Malheureusement, la guerre est encore en cours, notre mission de formation sera donc utile. »
La mission sera dirigée de Bruxelles par la capacité militaire de planification et de conduite, un organe de l’état-major de l’UE qui gère déjà les entraînements de certaines armées africaines au Mozambique ou en Somalie. Deux principaux quartiers généraux opérationnels seront installés en Pologne et en Allemagne. Porte d’entrée vers l’Ukraine, la Pologne est déjà l’un des points de passage obligés des armements transférés au gouvernement de Volodymyr Zelensky.