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Lors du meeting de ses sympathisants, samedi, à la Maison de la presse : Ras Bath a rompu le silence : «il était question de m’assassiner»

Arrêté le 18 août dernier et remis en liberté 72 heures avec un pénible contrôle judiciaire sur le dos, le célèbre chroniqueur est toujours privé de micro. Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath, il s’agit de lui, est doté d’une qualité ou peut être un défaut : il n’insinue pas, il va droit au but. Il cite des noms, des faits, et touche à tout : de la corruption à la spoliation des terres et la spéculation foncière en passant par l’insécurité galopante et le mal-vivre des populations. Ces cibles les hommes d’affaires,  le gouvernement, les chefs religieux. Et  même son père ministre reçoit par moment des tapes amicales de sa part. Il n’est pas évident qu’il tienne toujours le langage de la vérité, mais un certain auditoire en raffole surtout dans les rangs de la jeunesse et des nombreux citoyens en situation difficile. Ce sont eux qui, depuis quatre mois, crient haut et fort leur colère et battent de temps en temps le pavé pour réclamer que leur idole jouisse d’une liberté totale. Privé d’une autorisation de marche à cause d’une surenchère du motif évoqué dans la demande introduite auprès de la Maire de la CII, ils ont choisi de s’exprimer dans le cadre d’un meeting à la Maison de la Presse.

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La paternité de la mobilisation revient au Collectif pour la défense de la république (CDR) et  ses mouvements affilés comme l’Union des journalistes pour la défense des droits des hommes de médias et de la société civile. Faute d’autorisation de marcher, les sympathisants du chroniqueur ont dû se contenter d’un meeting, avant-hier samedi, à la Maison de la Presse où ils ont réclamé la levée totale du contrôle judicaire qui frappe Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath. Sous la houlette  des confrères Tidiani Tangara du journal “Le Dénonciateur’’, Boubacar Yalcoué de ‘’Le Pays‘’ et Abdoul Niang de la radio ‘’Dambé’’, le mouvement  a également demandé la démission de ministre de la Justice, Mamadou Ismaël Konaté. On pouvait lire, entre autres, slogans sur les pancartes: « Libérez Ras Bath,  ‘Libérez la voix du peuple’,  ‘Libérez le symbole de la vérité’, ‘Démission du ministre de la justice’.

Tout aussi fortement représentée, la société civile a également manifesté sa sympathie à travers des témoignages et à coups de dénonciations : «Ils veulent nous arracher notre idole, le seul à travers lequel on se retrouve, nous ne l’accepterons pas».

Tidiani Tangara du journal “Dénonciateur”, président du collectif, a relevé qu’il ne s’agit pas d’une question de ‘Ras Bath’ mais celle de la liberté d’expression. «Aujourd’hui c’est lui, mais demain ça peut un autre journaliste», a- t-il prévenu souligné en dénonçant par la même occasion un acharnement du ministre de la Justice et du procureur à vouloir nier à Ras Bath le statut de journaliste alors qu’il détient la carte de presse nationale. Et d’en déduire que l’objectif est de le poursuivre vaille que vaille sur la base du droit commun au détriment du régime de la presse.  «Inacceptable !», a -t-martelé en soutenant que les chefs d’inculpation ‘d’injure à caractère sexuel, d’outrage à la pudeur, de propos démobilisateurs des troupes’ ne sont que de la poudre aux yeux car aucune plainte n’émane de quelconques personnes se sentant visés par les propos et dénonciations du ‘’chroniqueur’’. Il n’existe par conséquent aucun élément constitutif de délits pouvant conduire Ras Bath devant le juge d’instruction, a expliqué M. Tangara, estimant dans la foulée qu’«un journaliste ne comparait pas devant un juge d’instruction et ne doit pas répondre non plus à une convocation de la gendarmerie ni de la police». Seul un procureur peut engager une poursuite à l’encontre d’un homme de média en le faisant condamner par un tribunal à la prison ou au paiement d’une amende, a- t-il laissé entendre. Et de s’étonner que le chroniqueur, es qualité de journaliste, ne puisse bénéficier de la protection que lui confère la loi malienne sur la presse.

  1. Tangara estime, du reste, que même le droit commun a été violé d’autant qu’il n’autorise aucune détention au-delà de 18 heures en dehors des cas de flagrant délit. Puisque «Ras Bath a été arrêté après 19 heures alors qu’il n’était pas en flagrant délit», ses sympathisants exigent la levée immédiate de la mesure de contrôle judiciaire. Faute de quoi, le mouvement menace de s’exprimer dans une semaine par un sit-in devant les bureaux du ministre en charge de la justice dont ils réclament la démission.

Physiquement présent au meeting, Ras Bath, dans une brève intervention, a fait le point de sa situation en accusant le premier ministre, l’ex-ministre de la Défense, Tiéman Hubert Coulibaly, le Garde des Sceaux et la Sécurité d’état d’être les principaux responsables de son calvaire. Il était d’abord question de l’assassiner,  a-t -il confié, en déplorant par ailleurs que tout cela puisse se passer dans un pays démocratique. Une démocratie acquise au prix du sang des jeunes et des femmes et qui est bafouée, selon lui, par ceux-là même qui ont poussé la jeunesse dans les rues. Et de poursuivre en dénonçant les menaces et intimidations dont le collectif acquis à sa cause est l’objet. Pour avoir simplement demandé de remettre un confrère dans ses droits, ils sont vilipendés, par des soi-disant démocrates, avec à la tête IBK, qui se disait jadis victime, a-t-il laissé entendre. «Ils nous accusent d’avoir troublé d’ordre public, mais ils caressent à Koulouba ceux-là qui ont égorgé les militaires maliens à Aguelhok», a renchéri Ras Bath en concluant sur «un pouvoir à la merci de la tempête en  2018» comme un air de menace proférée contrer la réélection d’IBK.

Amidou Keita

Source : Le Témoin

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