Organisée par l’opposition, une marche, qui a mobilisé des milliers de personnes, s’est déroulée de la Place de la Liberté à la Bourse du travail, samedi dernier. Parmi les slogans, on a retenu : « A bas le président de fait ; IBK dégage ; Soumaïla Cissé président ; Libérez Bourama Diarra ; Debout les patriotes ; Sauvons la démocratie ; Non à la fraude électorale ; Respectez le vote des Maliens, non à la dictature de la fraude. »
Pour Tiéblé Dramé, président du PARENA, au moins 25.000 personnes ont répondu à l’appel de la Coalition de l’Espoir pour réclamer le respect du vote des Maliens et la souveraineté nationale du peuple. Il a demandé la libération de Bourama Diarra, un conseiller communal, toujours détenu. Il a présenté Paul Ismaël Boro et Moussa Kimbiri, à la foule, qui a exulté. Paul Ismaël Boro a fait des salutations et soutenu que la lutte va continuer. Mohamed Youssouf Bathily, dit Ras Bath, a indiqué qu’ils marchent pour sauver la démocratie en disant non à la fraude électorale. Il a expliqué qu’ils ont constaté un président de fait qu’ils ne reconnaissent pas. « Nous allons nous battre pour l’aboutissement des plaintes introduites contre les membres de la Cour Constitutionnelle », a-t-il ajouté. Ras Bath a précisé que la lutte continuera sans violence. Soumaïla Cissé a salué Chérif de Nioro et les militants du CDR pour leur mobilisation. Il a, aussi, félicité les forces de sécurité pour leur professionnalisme dans l’encadrement de la marche. Soumaïla Cissé s’est réjoui de la libération des prisonniers. Il a dénoncé l’arrestation de Bourama Diarra et félicité la jeunesse pour sa détermination.
B.D.
Réactions des marcheurs
Au cours de la marche organisée par l’opposition, samedi dernier, nous avons tendu notre micro à des manifestants. Lisez leurs réponses.
Ibrahim Dianessi, BPN URD
La marche d’aujourd’hui, c’est la suite logique du mouvement que nous avons enclenché depuis la proclamation des résultats par la Cour constitutionnelle. Nous contestons l’élection du président IBK pour la simple raison que nous avons les éléments qui prouvent qu’il n’a pas gagné ces élections. La cour constitutionnelle l’a proclamé président de fait, donc, c’est logique que des citoyens conscients de l’avenir de ce pays se lèvent pour dire que la souveraineté doit revenir au peuple et que la voix du peuple doit être respectée. Nous sommes là, uniquement, pour que le vote des Maliens soit respecté.
Mme A. Rahmatou Koné, présidente du Mouvement National des Femmes de l’URD
Nous sommes là, dans la suite logique de ce que nous avons entamé depuis quelques semaines, c’est-à-dire que nous sommes encore là pour protester ce qui a été fait, la veille de la proclamation des résultats et pour réclamer notre victoire, pour aussi la démocratie, vous savez aussi que nous sommes dans une autre phase, celle des législatives et avant d’aller à ces législatives, nous tenons d’abord à ce que nous soyons remis dans notre droit qui est de nous restituer d’abord notre victoire, c’est pourquoi nous continuons toujours la lutte pour la démocratie, pour la justice et pour la vérité. Si les choses continuent comme elles se sont passées aux présidentielles, on va aller droit dans le mur. Tout le monde a constaté que les choses ne se sont pas passées dans les règles de l’art, donc, il faut que les choses changent, qu’on mette de l’ordre dans ce qui a été fait avant qu’on ne nous embarque dans un bateau de nouvelles élections. Pour le moment, nous continuons avec ce que nous avons commencé et chaque fois, nous évaluons pour prendre de nouvelles dispositions.
Adama Sangaré, société civile
« Boua » est déjà installé, mais c’est cette désignation qui ne nous convient pas, c’est pourquoi nous sommes sortis pour que cela ne se répète plus dans notre pays. C’est vrai que la marche ne peut pas régler les problèmes à 100%, mais peut les régler à 80%, parce que, prochainement, si un autre candidat voit ce qui passe actuellement, c’est à dire, des gens en train de sortir régulièrement, il va prendre ses dispositions et faire attention.
Sadio Baradji, société civile
En 2013, nous avions, ensemble, élu IBK en pensant que c’est lui qui pouvait régler les problèmes du Mali, mais nous avons été déçus. Nous, de la société civile, nous avons nos idées et la plupart de ces idées converge avec celles de Soumaila Cissé. Nous pensons, qu’ensemble, avec son projet de société, il peut sortir le pays du gouffre. Nous nous sommes donné la main pour organiser la campagne électorale. Tout le monde sait comment les élections se sont déroulées. Soumaila Cissé a gagné partout. On nous a retiré nos droits, mais on ne va pas se battre, on ne prendra pas de couteaux, pas de fusils, on ne jettera pas de pierre, mais c’est pour montrer au monde entier qu’on a gagné les élections et qu’on doit nous restituer nos droits.
Ibrahima Kébé, Premier Commissaire principal de l’Association Faso Kanu
C’est pour davantage prouver au reste du monde que le peuple du Mali souverain s’est dressé de toute sa taille pour mettre fin à la fraude de la dictature, pour exiger le respect strict des vérités issues des urnes et exiger, également, la libération, sans conditions et sans délai de Bourama Diarra, toujours détenu et considéré comme un détenu politique. Un peuple engagé, aucune force ne peut l’arrêter.
Coumba Yaressi, enseignante à la retraite
Je marche pour que les normes démocratiques soient respectées, parce que la politique est une science. Qui parle de science, parle de norme. On interpelle l’opinion nationale et internationale sur ce qui se passe chez nous, de manière particulière et en Afrique, de manière générale… une élection organisée par l’Administration, par la Délégation générale aux élections, validée par la Cour constitutionnelle, ça pose problème, parce qu’il faudrait que ceux qui organisent les élections soient à équidistance des candidats. Ils ne doivent pas être juges et parties.
Iba N’Diaye, BPN URD
Je participe à cette marche, qui continue, mais l’objectif visé n’est pas encore atteint. Il faudrait donc poursuivre la marche pour convaincre davantage les citoyens. Parallèlement, nous menons d’autres formes de lutte : l’information, l’éducation, pour que les gens prennent conscience des dangers que court le Mali. Il s’agit des élections, mais, il ne s’agit pas que des élections. Il y a aussi tous ces aspects qui concernent la misère des Maliens, derrière ces marches, derrière cette mascarade électorale que nous refusons. Nous sommes en train d’ouvrir de nouvelles voies pour aller plus loin, pour que les Maliens, enfin, puissent trouver le chemin du vote.
Pr0pos recueillis par Baba Dembélé
Source: Canard Déchainé