Dans l’adresse à la nation de ce 22 septembre, fête de l’Indépendance du Mali, le Colonel Assimi Goïta, Président de la Transition, a annoncé plusieurs actions dans le cadre du Renforcement des capacités et d’effectifs de nos Forces armées de Défense et de Sécurité. Une école de guerre, des recrutements, d’autres infrastructures et des équipements. Serions-nous en train d’aller vers une 2ème génération de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire (LOPM) sans l’audit de la première ? Qu’en est-il de l’audit prévu ?
En février 2015, l’Assemblée nationale du Mali a voté une Loi d’Orientation et de Programmation Militaire (LOPM). Une loi de 4 articles relatifs à l’approbation des orientations, aux crédits budgétaires, son champ d’application jusqu’à la présentation annuelle de son bilan d’exécution devant l’Assemblée. Ladite loi précise le montant des crédits en ce qui concerne les préparations opérationnelles, le soutien aux opérations, les rémunérations (salaires), les équipements, les infrastructures, les études et les recherches et le fonctionnement.
Ainsi 1230 milliards de Francs CFA ont, été prévus pour lesdites dépenses relatives à l’augmentation des effectifs de l’armée, la construction d’infrastructures, l’amélioration des conditions de vie des militaires, la formation et l’achat d’équipements militaires et de matériels de guerre. Cette programmation devrait prendre fin en 2019 sur une période de 4 ans.
Selon différentes sources, les dépenses dans le cadre de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire ont donné lieu à des détournements de deniers publics et d’énormes surfacturations. Exemple : Selon l’Essor en sa parution du 18 avril 2016, 42 pick-up ont été facturés au trésor public à 2 300 000 000 de Francs CFA, soit environ 54 millions de Francs CFA l’unité. Dès lors, des doutes planent sur l’exécution des 1230 milliards alloués à la loi d’orientation et de programmation.
Aux dires de Moussa Ousmane Touré, président de l’Association malienne pour la lutte contre la corruption et la délinquance financière, le gouvernement veut une évaluation de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire plutôt que l’audit. Pour lui, quelle que soit la position par rapport à la gestion de ce projet, la LOPM doit être auditée parce que le projet est fini depuis 2019. « C’était un projet glissant 2015-2019. Il a pris fin en 2019 avec un dépassement de 102 milliards de Francs CFA sur les 1230 milliards Francs CFA prévus », souligne-t-il. A l’en croire, feu honorable Soumaïla Cissé avait saisi le président de l’Assemblée nationale d’alors aux fins de la mise en place d’une commission parlementaire pour mener toutes les investigations utiles et renvoyer en conséquence devant les juridictions compétentes toute personne impliquée. Fut-elle chef suprême des armées, Premier ministre et leurs éventuels complices. La saisine n’a pas connu de suite. Le Programme d’Actions du Gouvernement Moctar Ouane en avait fait une priorité. L’audit était en cours selon plusieurs ministres.
A ce jours, nous confie un proche du ministre de la Réconciliation, les structures choisies pour auditer la LOPM remettront aux hautes autorités leurs rapport d’audits et qui, à leur tour, le transmettront à la justice pour enquêtes. Le Colonel Assimi Goïta le confirme dans son discours en précisant que la lutte contre la corruption et l’impunité touchera tous les secteurs y compris l’Armée. « Elle serait sans Etats d’âme », martela-t-il dans un autre discours antérieur.
LOPM a subi un dépassement de 102 milliards parce qu’elle n’a pas connu de 2ème génération. C’est-à-dire une 2ème loi d’orientation après 2019. Chose qui est déjà en cours, selon Moussa Ousmane. « Les autorités actuelles veulent faire adopter la 2ème génération de la loi d’orientation et de programmation militaire », nous a-t-il rassurés.
Koureichy Cissé