Ça y est ! La Coordination des mouvements armés a enfin son Comité de suivi de l’Accord (CSA) dans son antre présumé de Kidal. La tenue de cette 42e session à Kidal qui est la consécration d’incroyables talents d’acrobate de la Coordination des mouvements armés (CMA), révèle les arrière-cuisines peu reluisantes de ce mouvement en quête perpétuelle de légitimité. La rhétorique développée autour de ce transfèrement du CSA à Kidal laisse très peu de place au doute : faire adhérer la population à l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger paraphé le 15 et parachevé le 20 juin 2015. C’est à croire que toutes ces missions d’information et de sensibilisation qui sont radotées n’étaient que du pipeau.
Il y a un épisode assez anecdotique de la légitimité des responsables de la CMA dont les modes de revendication ne sont pas toujours heureux pour les populations qu’ils prétendent représenter. En effet, le 1er mars, un accord de médiation est proposé par l’Algérie, le document est paraphé par le Gouvernement et les groupes loyalistes, mais les représentants de la CMA hésitent et demandent un délai avant de parapher le texte en raison de l’hostilité d’une large partie de la base des mouvements rebelles à un texte qui ne prévoit ni autonomie ni fédéralisme pour le nord du Mali.
Le porte-parole de la délégation à Alger, Mohamed Ousmanne, explique à RFI : « nous ne rejetons pas l’accord, cette cause ne constitue pas un facteur de blocage, mais c’est dans un souci de mieux expliquer. Nous devons retourner vers nos bases pour expliquer ces documents et puis revenir avec beaucoup plus de sérénité. Nous avons dit que l’accord qui nous a été proposé est un des meilleurs accords que nous avons connus par rapport à ce conflit. »
A Kidal, au nord-est, il y a eu une manifestation qui se présentait comme ayant trait au texte. Un peu plus à l’ouest, non loin de Tombouctou, on s’attendait à une plus importante qu’à Kidal, mais elle a était plutôt moyenne. En revanche, à Ménaka, il n’y a pas eu de manifestation comme prévu. Quelques jeunes ont brûlé des pneus pour exprimer leur rejet du texte.
C’est cette réaction mi-chèvre mi-chou des populations qui condamnent la CMA à des contorsions ridicules. L’on comprend aisément qu’elle a appelé à gorge chaude à la tenue de cette 42e session du CSA à Kidal, question de se remettre en selle au moment où les militaires donnent des gages de l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. L’on comprend également cette sortie de Almou Ag Mohamed, porte-parole de la Coordination des mouvements armés (CMA) : «après l’annulation de la réunion du CSA à Kidal (NDLR : 17 septembre 2019), nous demandons une réunion avec la partie gouvernementale sur un terrain neutre afin qu’on se dise nos vérités et pour décider s’il faut continuer avec cet accord de paix, ou s’il convient de le déclarer caduc ».
Cette fois-ci, la CMA a réussi à frapper un grand coup, d’autant plus qu’outre l’ultra-médiatisation de Kidal, il y a la manne financière qui a été déversée sur la ville sous forme de ‘’taxe de séjour’’, les promesses de réalisation d’infrastructures, dont celle d’un million de dollars pour rétablir le réseau d’eau potable dans la ville de Kidal faite par la Mission onusienne dans notre pays.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN