Nous avons vu dans notre édition précédente que le substantif islâm n’était jamais employé dans le Coran pour qualifier la religion Islam.
Si le mot islâm nous est essentiel, il n’est représenté que huit fois dans le texte coranique. L’analyse littérale des versets en question a montré que islâm selon le Coran avait à deux reprises le sens que les Arabes lui connaissaient avant la Révélation : sujétion à une autorité, en l’occurrence Muhammad.
Dans les six autres versets, islâm revêt une signification néologique construite par le Coran lui-même : se livrer entièrement à, s’assujettir à, remettre entièrement ou pleinement son être, c.-à-d. à Dieu, ce qui se comprend et que nous traduisons par : « abandonner entièrement son être à Dieu ».
Le terme islâm tel que le Coran l’a forgé ne qualifie donc pas la religion du même nom, mais caractérise systématiquement « la voie/dîn spirituelle de l’abandon plénier de soi à Dieu/al–islâm ». Selon le Coran, al–islâm est une démarche spirituelle, cheminement que nous représentons par le concept d’Islam-relation (à Dieu) et qui doit être distingué de l’Islam-religion (des hommes).
• L’Islam-religion
Du fait de l’extension permanente de son champ d’application, l’Islam connaît de nombreuses définitions plus ou moins holistiques. Cependant, la définition la plus partagée est simple et ancienne. Elle nous est donnée dans le célèbre hadîth transmis par al Bukhârî et Muslim : «l’Islam est bâti sur cinq points : l’attestation qu’il n’est d’autre divinité que Dieu et que Muhammad est son messager ; l’accomplissement de la prière ; l’acquittement de la zakat ; le pèlerinage à la Demeure sacrée ; le jeûne de Ramadan. » L’Islam s’autodéfinit ici comme étant un édifice dogmatico-religieux construit sur cinq piliers, les deux premiers relèvant de la foi, les trois autres de la pratique religieuse. Ainsi conçu, l’on est passé de l’Islam-relation indiqué par le Coran à l’Islam-religion, pour nous tous : l’Islam.
Cette définition fondamentale de l’Islam en tant que religion, l’Islam-religion, n’est pas donnée directement par le Coran, mais provient d’une source secondaire : le Hadîth. Néanmoins, cette situation est logique puisque le Coran, malgré tout ce que l’on peut prétendre, n’a pas pour objectif premier d’instituer une forme déterminée d’Islam-religion. Comme preuve littérale, l’on observe que si tel avait été les cas il aurait été obligatoire que sur 6632 versets il fût fourni a minima au moins une fois la définition de cette religion. Nous avons précédemment rappelé les significations du terme islâm dans le Coran, elles ne qualifient en rien une religion ou même une démarche religieuse, il est donc cohérent que l’Islam-religion ne soit défini que par le Hadîth.
Par ailleurs, notons que selon les termes mêmes du hadîth fondateur, l’Islam-religion est « bâti sur cinq points ». Ceci enseigne que l’Islam-religion est une construction, une élaboration à partir de notions qui, elles, sont apparemment coraniques. L’image est, elle aussi, claire : l’Islam est un édifice bâti sur cinq piliers ou colonnes ce qui lui confère une solidité certaine, mais ne nous informe pas sur ses liens avec le Coran. De toute évidence, le socle sur lequel s’élève l’édifice Islam est le Hadîth et non le Coran.
En effet, et tous les musulmans s’accordent sur ce point, le Coran ne fournit pas matière aux détails de la pratique rituelle, cultuelle et sociale de l’Islam-religion. C’est donc le Hadîth qui apporte les milliers de textes spécialement conçus pour les besoins d’élaboration de l’Islam-religion. Le Coran ne représente donc au mieux que les fondations de l’Islam-religion. Dans ce cas, force est de constater que la participation du Coran est passive, il n’est que le soubassement au-dessus duquel est posé le socle-Hadîth sur lequel s’appuient les piliers structurant l’édifice Islam-religion.
Cette image indique que ces piliers tels qu’ils sont modelés ne peuvent être directement coraniques, mais qu’ils ont été construits à partir du socle-hadîth. Cependant, les matériaux de base constitutifs de ces piliers semblent avoir une origine coranique, c’est incontestable, mais ils ont été assemblés, retaillés, adaptés selon un plan dont l’auteur n’est pas le Coran, mais l’Islam lui-même. Ceci explique sous un autre aspect que le Coran et l’Islam soient deux entités différentes.
Intéresserons-nous tout particulièrement au premier pilier : la shahâda ou profession de foi puisqu’à elle seule elle formalise le credo des musulmans et signe conséquemment l’adhésion à l’Islam-religion. Nous voulons de mettre en avant les glissements de sens ayant permis le passage de l’Islam-relation coranique à l’Islam-religion islamique.
• La profession de foi ou shahâda
La profession de foi de l’Islam, la shahâda, lui, est spécifique et, comme structurellement annoncé ci-dessus, elle ne possède seulement qu’un ancrage coranique. De fait, elle diffère indéniablement du Coran sur deux points essentiels : la présence du verbe shahida/témoigner/attester et l’attestation conjointe du statut de messager de Muhammad.
– En effet, dans le Coran, Dieu affirme à trente-sept reprises son unicité : «et votre Dieu est dieu Unique, point d’autre dieu que Lui, le Tout-miséricordieux, le Tout-miséricorde. » (S2.V163) mais, à bien lire, il n’est jamais demandé aux hommes d’en témoigner/shahida.
Sur les trente-six versets concernés, un seul fait recours au verbe shahida/attester, « Dieu témoigne qu’il n’y a d’autre dieu que Lui, et les Anges et ceux qui ont eu la Connaissance, Mainteneur de la justice ; point d’autre dieu que Lui, le Tout-puissant, l’Infiniment sage. », S3.V18. Dieu et les Anges sont effectivement des entités qui peuvent témoigner de l’Unicité divine, quant à « ceux qui ont eu la Connaissance/al–‘ilm » il ne peut s’agir que de ceux qui ont “connu” Dieu par l’expérience mystique puisqu’il s’agit de la seule voie par laquelle les êtres humains peuvent par la suite témoigner de l’unicité existentielle de Dieu. Du reste, le v19 qui y fait suite qualifie ladite voie spirituelle : «en vérité, la Voie/ad–dîn en Dieu est l’abandon de soi à Dieu/al–islâm. »
Cela se comprend aisément, puisqu’en arabe comme en français, témoigner suppose que l’on atteste d’une chose que l’on a vue ou accomplie. Or, bien évidemment, l’existence de Dieu et Son unicité ne relèvant pas des sens humains, il n’est donc pas possible d’en témoigner.
Témoigner est un acte de raison, croire est un acte de foi. Aussi, est-ce avec cohérence que le Coran appelle précisément à croire/âmana en Dieu et en Son unicité et non pas à en témoigner, ex. : « Ô croyants ! Croyez/âminû en Dieu et à Son messager et au Livre qui est révélé à Son messager…» (S4.V136)
Une observation vient confirmer cette rigueur sémantique du Coran, un verset met clairement en évidence la différence entre croire et attester : «lorsque viennent à toi les hypocrites, ils disent : nous attestons/nashhadu que tu es le messager de Dieu. Mais Dieu sait parfaitement que tu es Son messager ; et Dieu témoigne/yashhadu que les hypocrites sont assurément des menteurs. » (S63.V1)
L’hypocrisie est l’antithèse de la foi, et si le Coran met dans la bouche des hypocrites le verbe shahida/attester au lieu du verbe croire/âmana, c’est afin de mieux souligner qu’ils affirment mensongèrement une chose qu’ils ne veulent pas reconnaître, non pas du fait qu’ils ne voient ni n’entendent Muhammad, mais bien qu’ils refusent de croire en Lui.
Nous constatons donc que la première partie de la shahâda est le fruit d’un glissement de sens notable du message coranique relatif à la foi monothéiste vers les principes fondateurs de l’Islam-religion. Le verbe shahida pris pour attester a été de la sorte substitué au verbe croire.
– La deuxième partie de la shahâda est : et j’atteste/ashhadu que Muhammad est le messager de Dieu. Ce que nous venons de dire au sujet du verbe shahida/témoigner vaut ici pareillement. Car croire en la fonction de messager de Dieu de Muhammad relève de la foi, pas d’un témoignage ou d’une attestation et il en est bien ainsi dans le Coran qui n’utilise à cette fin que le verbe croire/âmana.
Relisons le verset précédemment cité : « Ô croyants ! Croyez/âminû en Dieu et à Son messager et au livre qui est révélé à Son Messager… », S4.V136. Sont donc directement associées en ce verset la foi en Dieu et la foi au Prophète Muhammad. L’on note que la foi au Coran, le « livre qui est révélé à Son messager », établit le lien entre ces deux points de croyance ; croire en Dieu et croire que Muhammad est Son Messager signifie croire à la nature révélée du Coran.
– Ce qui différencie donc la profession de foi de l’Islam et la foi selon le Coran, c’est que la première associe dans un même énoncé deux attestations là où le Coran ne décrit qu’une seule foi. Il est classique en islamologie de faire observer que la double attestation de foi : j’atteste qu’il n’est d’autre divinité que Dieu et j’atteste que Muhammad est son messager n’existe pas sous cette forme dans le Coran et que dans un premier temps seule la première partie aurait été mise en place. Ce débat n’a guère pour nous de valeur puisqu’il ne s’intéresse qu’à la chronologie supposée de la shahâda avec comme intention de montrer que la deuxième partie de cette attestation correspondrait à une fiction tardive. Ce que l’islamologie n’a pas observé, c’est le remplacement du verbe âmana dans le Coran par le verbe shahida. Or, selon le Coran, il est clairement demandé aux croyants de croire en Dieu à Ses messagers et à Ses livres, Muhammad et le Coran y compris et non de l’attester. Conséquemment, le Coran ne stipule jamais que le fait de croire en Dieu et Son messager définit l’Islam.
Pour le Coran, croire en Dieu et en Son messager est un acte de foi en conformité avec le message révélé et non le choix d’une religion. Au demeurant, seule la compréhension de ce distinguo essentiel explique avec cohérence que le Coran appelle, d’une part, les musulmans potentiels à reconnaître les anciens prophètes et leurs révélations et, d’autre part, les Gens du Livre à croire à la révélation reçue par Muhammad, sans que la religion des uns et des autres soit remise en cause. Les versets en question explicitent que croire en Dieu et Son prophète ou Ses prophètes relève de la foi, mais pas nécessairement de la religion.
Aussi, lorsqu’elle concerne la personne du Prophète fondateur, la permutation opérée par l’Islam entre le verbe coranique âmana/croire et le verbe islamique shahida/attester sous-entend directement le fait suivant : celui qui s’engage par la double attestation, la shahâda, témoigne de son adhésion à l’Islam-religion et ne peut par suite croire à la véracité des autres révélations et à la validité des autres religions. En soi, l’attestation/shahâda de l’Islam est exclusive, alors que la foi/al–îmân selon le Coran est inclusive.
– Rappelons-le, l’on atteste d’une chose réelle, quantifiable, et non de l’existence de Dieu et de la fonction prophétique de Muhammad. La profession de foi de l’Islam serait donc une locution erronée, car il ne s’agit pas à proprement parler d’une attestation de foi mais d’une attestation d’adhésion à l’Islam.
Ce faisant, cette locution traduit bien en réalité le glissement de sens institué par l’Islam : ce qui relevait de la foi pour le Coran devient pour l’Islam une déclaration d’acceptation de la religion telle qu’elle se définit elle-même. Ainsi, atteste-t-on par la shahâda de sa propre croyance globale aux préceptes de l’Islam-religion et c’est au final à l’Islam que l’on se soumet et non, en réalité, à Dieu.
L’auto-référencement est bouclé, être musulman/muslim selon l’Islam ne définit plus celui qui selon le Coran réalise l’islâm/abandon, remise de soi à Dieu en tant que cheminant en la Voie/dîn de Dieu, mais celui qui accepte les conditions de l’Islam en tant que religion/dîn et s’y conforme.
– Nous l’avons signalé, la double attestation conçue par l’Islam regroupe la déclaration de l’ Unicité divine et la mission prophétique de Muhammad, situation d’énonciation que l’on ne rencontre pas sous cette forme dans le Coran. Par contre, il est demandé à plusieurs reprises de croire en Dieu et en son Messager, et, à nouveau, notre verset référent est instructif : « Ô croyants ! Croyez/âminû en Dieu et à Son messager et au Livre qui est révélé à Son messager… », S4.V136. En dehors du fait que l’on ne peut confondre croire et attester, il est clair qu’en ce verset, comme en de nombreux autres, Muhammad est qualifié de « messager » de Dieu. Cette fonction est explicitement circonscrite : croire en Dieu et au fait que Muhammad fut Son messager impose de croire au message, le « Livre qui est révélé à Son messager », le Coran, que le « messager » a transmis de la part de son Seigneur. En vertu de quoi, cette foi est clairement limitée au fait de croire au caractère révélé du Coran professé par Muhammad. À contrario, cela signifie que Dieu n’attribue que cette fonction à Muhammad, d’autres versets confirme ce point : « …car ne t’incombe que la transmission [ du message]… » (S3.V20).
Il faut ici souligner le caractère exclusif de la formulation employée : « ne t’incombe que », ce qui implique que Muhammad n’a aucune autre fonction. Cette mission unique, Muhammad a donc comme unique charge de l’accomplir : « Ô messager ! : Transmets ce qui t’est révélé par ton Seigneur. Et, si tu ne le faisais pas, tu n’aurais pas communiqué Son message… » (S5.V67)
Ces précisions coraniques étaient nécessaires pour comprendre en quoi attester de l’unicité de Dieu et conjointement attester que Muhammad est Son messager consistait en un glissement de sens fondamental pour l’autodéfinition de l’Islam-religion.
Les versets que nous venons de mettre en exergue montre que croire au prophète Muhammad (PSL) renvoie uniquement au Coran, mais attester que Muhammad est Son prophète introduit une dimension supplémentaire. La nuance est non apparente à priori, mais lorsqu’un musulman dit : j’atteste que Muhammad est le Messager de Dieu en tant que deuxième partie de ce qui est son attestation d’adhésion à l’Islam, alors, herméneutiquement, c’est l’Islam en tant que religion qui est le référé de cette double énonciation. De la sorte, le musulman comprend par Messager de Dieu/rasûlu–llâh non pas uniquement le transmetteur du Coran, mais aussi le transmetteur de la Sunna.
Ce processus est fondé et renforcé par le fait que le Hadîth, forme oro-scripturaire de la Sunna, est le socle sur lequel repose l’Islam-religion. De la sorte, prononcer la shahâda revient à attester que l’on croit à la Sunna puisqu’elle est le support des piliers de l’édifice Islam sans lesquels il s’effondrerait. Aussi, la shahâda est-elle conforme à la représentation de l’Islam, lequel se dit à juste titre sunnite : une religion basée sur l’unicité de Dieu d’un point de vue dogmatique et sur la Sunna/Hadîth pour l’aspect cultuel, légal, sociétal, etc. Tel est le processus herméneutique à l’œuvre dans la double attestation de l’Islam qui, d’une part, substitue le fait de croire/âmana à celui d’attester/shahida, formulant ainsi l’engagement religieux vis-à-vis de l’Islam-religion et, d’autre part, introduit la Sunna comme fondement scripturaire à importance en réalité quantitativement et supérieure à celle du Coran.
Sans que nous en ayons conscience, est ainsi créé un nouveau paradigme propre à l’Islam-religion, lequel diffère radicalement du paradigme coranique en matière de foi : l’Islam-relation.
La priorisation de la Sunna sur le Coran est alors cohérente puisque le Coran n’est que le soubassement de la construction Islam et que le texte coranique ne fournit pas les matériaux permettant de construire une religion, l’Islam en tant que religion y compris bien évidemment. Autre conséquence logique, et autre glissement de sens majeur, celui qui prononce sa double attestation de “foi” s’engage ainsi au respect de l’Islam-religion dont la base est la Sunna. Ce faisant, de croyant en Dieu qu’il était originellement il devient musulman et ce qualificatif signifie sa soumission à la religion, sa soumission à Dieu n’étant alors établie que de manière indirecte, l’Islam servant d’intermédiaire.
Ainsi, selon le Coran, pour un croyant cheminant en la voie de l’Islam-relation les termes islam/islâm et musulman/muslim représentent l’étape ultime d’une relation d’ordre spirituel directe à Dieu. Pour autant, selon le paradigme généré par l’Islam–religion, ces mêmes termes n’ont pas de réalisation en Dieu, mais dans le respect orthopraxique des règles de l’Islam lui-même.
Conclusion
La présente étude de la shahâda ou double attestation de l’Islam a mis au jour plusieurs glissements de sens ayant eu lieu lors du passage historique de l’Islam-relation coranique à l’Islam-religion islamique.
Premièrement, alors que le Coran invite à croire/âmana à Dieu, en Son messager et au Coran, l’Islam appelle lui à attester/shahida de deux réalités l’autodéfinissant : le credo monothéiste unitarien de l’Islam et la prédominance de la personne du Prophète Muhammad.
Pendant longtemps, l’on qualifia en Occident les musulmans de Mahométans. Cette appellation traduisait parfaitement le fait que l’Islam est essentiellement construit à partir de la Sunna de Muhammad. Plus récemment, ce terme est remplacé dans l’usage par celui de Sunnites, ce qui renvoie tout aussi explicitement à la notion de Sunna en tant qu’élément constitutif majeur de l’Islam.
Deuxièmement, la foi/îmân en Dieu et en Muhammad en tant que transmetteur de la Révélation, le Coran, est de la sorte remplacée par la “foi” au premier pilier de l’Islam, ce qui opère un déplacement de la foi en Dieu et en Son messager vers la foi en la religion Islam. Ainsi, la shahâda ou profession de foi de l’Islam est-elle une attestation d’adhésion à l’Islam.
Troisièmement, concernant la structure réelle de l’édifice Islam, le Coran apparaît tel un soubassement peu opérant alors que la Sunna est le véritable socle à partir duquel l’Islam-religion est construit.
Quatrièmement, alors que Muhammad n’est dans le Coran que, et uniquement que, le transmetteur de la Révélation, il devient de la sorte la référence absolue de la matière religieuse de l’Islam. Ceci traduit parfaitement dans la shahâda l’accolement syntaxique de l’Entité divine et de la personne de Muhammad.
En synthèse, lors du processus historique d’édification de l’Islam, ces divers glissements de sens et de fonctions ont amené l’Islam-relation définissant selon le Coran le lien direct à Dieu à être remplacé par l’Islam-religion lequel institue en réalité du lien entre ses adhérents. Ainsi, à la dimension purement verticale de l’Islam-relation à Dieu a été substituée la dimension religieuse horizontale de l’Islam-religion. En conséquence, alors que le musulman/muslimun est selon le concept d’Islam-relation coranique le croyant étant parvenu à la réalisation spirituelle en la Voie/dîn dite islâm/abandon de son être à Dieu, ce terme une fois investi par l’Islam-religion qualifie simplement l’état de base de celui qui adhère à l’Islam.
Autre conséquence, la nécessaire distinction entre Islam-relation et Islam-religion remet en cause une essentielle séquence classique enseignée par l’Islam. En effet, selon le paradigme Islam, il est admis qu’il existe une progression représentée par trois degrés : islâm/Islam-religion—îmân/foi—iḥsân/perfection.
Or, cette conception résulte immédiatement des divers glissements de sens que nous avons signalés, car selon le paradigme coranique compris tel qu’en lui-même l’ordre est la signification sont les suivants : îmân/foi—iḥsân/perfection—islâm/abandon de soi à Dieu.
INFO-MATIN