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L’insécurité dans la zone de Kidal ternit les relations entre le Mali et la France

L’assassinat, le 2 novembre à Kidal, des deux envoyés spéciaux de RFI à Kidal, a provoqué un dégât collatéral à Bamako. Le concert de louanges profrançais entendu dans le sillage de l’opération militaire française « Serval », lancée au début de l’année et qui a éloigné du Mali la menace djihadiste, connaît aujourd’hui de sérieux couacs.

soldats maliens patrouille entre villes Kidal Gao nord Mali juillet 2013

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Des critiques s’élèvent à l’encontre de Paris, accusé de complaisance, au moins, à l’égard de groupes touareg dans Kidal et ses environs, maintenant la région dans un statut spécial générateur d’insécurité.

La mort de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon, tués l’un et l’autre de plusieurs balles, a démontré que les djihadistes, affaiblis, n’avaient pas rendu les armes et reposé la question des liens du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) avec les groupes liés à Al-Qaida.

OSMOSE ENTRE LES DIFFÉRENTS GROUPES

La journaliste et son preneur de son avaient été enlevés sur le pas-de-porte d’un notable du MNLA. Bayes ag-Bakabo, soupçonné d’être derrière le double meurtre, est un Touareg lié à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), voleur de voitures et trafiquant de stupéfiants, selon les indications fournies par le procureur de la République, François Molins, chargé du dossier à Paris.

Les enquêteurs soupçonnent Abdelkrim Taleb, dit « Al-Targui », (« le Touareg »), chef d’une unité combattante affiliée à AQMI, d’être le commanditaire du rapt et des meurtres.

« Bakabo a été proche du MNLA. Cela rappelle qu’il y a une osmose entre les différents groupes. Rebelles, terroristes et narcotrafiquants, ils passent du MNLA à Ansar Eddine au Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest) et à AQMI en fonction des opportunités », dénonce Cheick Oumar Diarrah, chargé du tout nouveau ministère de la réconciliation nationale et des régions du Nord.

« On a voulu singulariser certains groupes alors qu’ils appartiennent tous à la même nébuleuse terroriste », insiste-t-il.

LIENS PRÉSUMÉS ENTRE PARIS ET TOUAREG

Derrière ce propos se cache une critique à peine voilée à l’égard de la France. A Bamako, on soupçonne Paris, et notamment ses services de renseignements, d’entretenir des liens étroits avec les indépendantistes touareg du MNLA, mouvement qui a lancé l’offensive de 2012, coupant le pays en deux pendant de longs mois.

« Depuis les premiers enlèvements d’étrangers dans le Sahel , ils se présentent comme des interlocuteurs indispensables pour la libération des otages », explique Tiébilé Dramé, l’un des artisans maliens de l’accord préliminaire de paix signé en juin à Ouagadougou pour relancer le dialogue avec le Nord.

Passées les premières victoires sur une armée malienne en déroute au début de 2012, le MNLA avait pourtant été mis en déroute. « Le MNLA avait alors disparu du paysage. Jusqu’à l’opération Serval. Comment ont-ils pu revenir et prendre le contrôle de Kidal sous les yeux de l’armée française ? N’y aurait-il pas eu un accord au moins tacite ? », demande un proche du nouveau président Ibrahim Boubacar Keita, élu en août grâce à un discours de fermeté vis-à-vis du Nord.

“NEUTRALISATION” DE MEMBRES D’AL-QAIDA

Résultat, à Kidal, l’accord de Ouagadougou, qui prévoyait le casernement et le désarmement des groupes rebelles, n’est pas appliqué.

Les 200 soldats français, et autant de Maliens et de casques bleus africains, sont en nombre insuffisant pour couvrir la région administrative, grande comme la moitié de la France.

Le MNLA a donc gardé ses armes et vient seulement de quitter le siège régional de la radio publique, ainsi que le gouvernorat qu’il occupait depuis des mois. Pire, « Ansar Eddine est à nouveau menaçante et Abdelkrim n’est pas loin non plus », affirme une source sécuritaire malienne de haut rang.

Les hommes de Serval ont mené, dans la nuit du mercredi 13 au jeudi 14 novembre, une « opération spéciale » au nord de Kidal, qui a permis de « neutraliser » plusieurs membres d’Al-Qaida, selon l’état-major français.

 “RETOUR À LA CASE DÉPART”

Autre preuve que l’autorité de Bamako sur Kidal – fantomatique bien avant 2012 – demeure un rêve, le 15 septembre, trois ministres (intérieur, sécurité, réconciliation nationale) ont dû détaler de la ville sous une pluie de pierres. « Les Français n’ont pas bougé », souligne un officiel malien.

« Nous – Maliens et la communauté internationale – avons perdu du temps. Nous nous sommes précipités à organiser la présidentielle et l’on a oublié Kidal. Le MNLA avait pourtant accepté un Mali souverain, uni et laïc à Ouagadougou. Nous sommes revenus à la case départ. Les Touareg reparlent d’autonomie et les djihadistes se regroupent », s’inquiète M. Dramé.

Certes, Gao, Tombouctou, Mopti ont été « libérés » grâce à Serval, mais « le travail n’est pas fini », avertit Soumeylou Boubeye Maïga, le ministre de la défense.

« Il y a des attentats et, surtout, il reste Kidal, l’endroit d’où tout part au Mali. Les djihadistes ne sont que quelques centaines. Il faut donc consolider le processus politique de dialogue avec les populations du nord et se concentrer militairement sur les terroristes et les mafieux, avec l’aide de la France. Il y a urgence, parce que les groupes sont de retour dans leurs sanctuaires », conclut Boubeye Maïga.

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