La ville de Fort McMurray, dans la province canadienne de l’Alberta, a été vidée mercredi de ses 88.000 habitants fuyant un incendie géant qui a déjà ravagé 7.500 hectares de terrains et détruit 1.600 constructions.
Alors que certains quartiers ont déjà été réduits en cendres, les conditions météorologiques de forte chaleur et de vents violents ont favorisé la progression des flammes qui menacent des milliers d’habitations supplémentaires.
“Il est possible que nous perdions une large partie de cette ville”, a prévenu Scott Long, de l’agence régionale de gestion des secours.
Le feu n’a pas fait directement de victimes, mais il y a eu au moins un accident de la route mortel pendant les évacuations.
Les autorités avaient ordonné mardi l’évacuation des habitants de la ville, située non loin de sites d’exploitation de sables bitumineux. Il s’agit de la plus grosse opération de ce type dans l’histoire de la province du centre du Canada.
Le feu, qui a pris dimanche au sud-ouest de Fort McMurray, a gagné en intensité, attisé par des vents chauds. Et les pompiers mobilisés pour combattre l’incendie avec l’appui d’avions et d’hélicoptères ne parviennent pas à le maîtriser.
Mercredi soir, à mesure que le front se déplaçait vers le sud, les autorités ont ordonné l’évacuation d’Anzac, une petite ville située à une cinquantaine de kilomètres de Fort McMurray, où un centre d’hébergement avait accueilli des personnes fuyant l’incendie, et de deux autres petites bourgades du même secteur, Gregoire Lake Estates et Fort McMurray First Nation.
Le Premier ministre fédéral, Justin Trudeau, a indiqué que l’armée était prête à déployer des moyens aériens si nécessaire. La direction de l’aéroport international de Fort McMurray a suspendu tous les vols commerciaux au décollage et à l’atterrissage.
Les sites majeurs d’extraction des sables bitumineux ne se trouvent pas sur la trajectoire que l’incendie devrait suivre dans les prochains jours, pour l’activité de plusieurs compagnies a été réduite du fait des évacuations.
LA MAUVAISE FORTUNE DE L’EX-“FORT MCMONEY”
Il est naturellement trop tôt pour estimer le coût de la catastrophe. Mais les assureurs peuvent s’appuyer sur les sommes engagées il y a quatre ans après un incendie à Slave Lake, dans la même province.
La facture pour les compagnies d’assurance avait alors atteint 700 millions de dollars canadiens (environ 475 millions d’euros). Mais le feu était de moindre importance: 374 habitations de cette petite ville avaient été détruites et 52 autres endommagées. A Fort McMurray, on est déjà à 1.600 constructions détruites. “Il existe donc une possibilité pour que l’incendie en cours devienne le plus gros sinistre au Canada”, estime Stewart McIlwraith, analyste chez DBRS.
Le record lié à une catastrophe naturelle – 1,9 milliard de dollars canadiens engagés par les assureurs à la suite d’inondations dans l’Alberta – pourrait également tomber.
Pour Fort McMurray, l’incendie est un revers de fortune supplémentaire qui s’ajoute aux effets de l’explosion de la bulle des sables bitumineux dont les très lourds coûts d’exploitation n’ont pas résisté à la baisse des cours mondiaux du brut.
La ville, surnommée Fort McMoney au plus fort du boom de ce type d’exploitation pétrolière, a compté jusqu’à 120.000 habitants l’an dernier. Un tiers d’entre eux sont partis après que l’effondrement des cours du pétrole a conduit à la fermeture de sites d’extraction.
“Les magasins fermaient déjà, les petites entreprises fermaient déjà, alors qu’il y a un an ou deux, on ne pouvait même pas trouver une table libre dans les restaurants”, témoigne Ria Dickason, une Sud-Africaine établie depuis 14 ans à Fort McMurray où elle travaillait dans l’immobilier.
(avec Rod Nickel à Edmonton et Matt Scuffham à Toronto; Henri-Pierre André pour le service français)
Source: Yahoo